Résumé sur la question de la Semaine Sainte de Pie XII

Publié le par Études Antimodernistes

En 2019, en réponse à un courriel, l'abbé Damien Dutertre avait rapidement écrit un résumé des points de l'argumentation qui pousse nombre de prêtres non una cum à revenir à l'utilisation des rubriques de Saint Pie X, et à ne pas tenir compte des réformes liturgiques introduites sous Pie XII. Cette réponse succinte eût du succès par sa brièveté, et fut bientôt partagée. En prenant récemment conscience, monsieur l'abbé a décidé de retoucher quelque peu cette réponse pour la rendre un peu plus formelle et plus complète, tout en veillant à ne pas dépasser la double-page, format d'usage facile et pratique qui lui avait valu sa popularité.

Ce résumé se veut un simple aperçu des données en jeu dans l'examen de cette question, et présuppose des études bien plus étoffées, qui approfondissent dans le détail les changements liturgiques que comportaient ces réformes, et qui explicitent les principes théologiques et canoniques, qui ne sont que brièvement mentionnés dans ce bref aperçu, qui justifient un retour aux rubriques de établies par saint Pie X.

Partager cet article

Les Réformes de Pie XII: Eclaircissements sur le Problème Légal

Publié le par Études Antimodernistes

Les Réformes de Pie XII :

Eclaircissements sur le Problème Légal

Par M l’abbé Anthony Cekada.

 

TraditionalMass.org, 2006.

EtudesAntimodernistes.fr, 2023.

 

Malgré Bugnini, pourquoi ne pas tout simplement

obéir « au dernier vrai pape » ?

En avril 2006, j’ai publié un court article sur internet qui expliquait brièvement pourquoi rejeter les réformes de la Semaine Sainte par Pie XII et adhérer à la pratique liturgique antérieure n’était en fait ni « illégal, » ni arbitraire, et en quoi cette attitude est toute différente de la pratique du tri des décisions pontificales, comme le fait la FSSPX.

J’ai démontré que, en appliquant les principes généraux d’interprétation des lois ecclésiastiques, les lois imposant les réformes ne devaient plus être considérées comme obligatoires puisque (1) Elles ne jouissent plus d’une des qualités essentielles de toute loi, à savoir la stabilité (ou perpétuité) ; et (2) Elles sont devenues nuisibles (nociva) en raison d’un changement de circonstances, et par ce fait même elles ont donc cessé d’obliger.

Pour étayer chaque partie de cette argumentation, j’ai cité abondemment un ouvrage datant de 1955, du père Annibale Bugnini, qui non seulement a été impliqué dans la rédaction des réformes de Pie XII, mais a été également la personne directement responsable de la création de la Nouvelle Messe en 1969.

Bugnini a décrit à de nombreuses reprises ces réformes comme étant provisoires, et comme constituant des étapes vers des mesures plus draconniennes encore (à savoir : la Nouvelle Messe).

Un lecteur m’a envoyé quelques questions supplémentaires auxquelles je réponds ci-dessous.

 

I. La « stabilité » et l’intention du législateur.

« Merci pour votre article sur les réformes de la Semaine Sainte de Pie XII. C’est une question avec laquelle j’ai éprouvé certaines difficultés récemment, en ce qui regarde la façon dont on pourrait justifier notre rejet de lois liturgiques promulguées par un vrai pape. »

« Dans votre premier point, au sujet de la nature transitoire des réformes, toutes les citations que vous avez données sont de Bugnini. Mais puisqu’une loi est un acte du législateur, ce qui compte n’est-il pas l’intention du législateur, et non celle de celui qui a écrit la loi ou qui a conseillé le législateur ? »

Les grandes lignes des différentes étapes de ces réformes ont été tracées auparavant (au moins de façon générale) dans un document de 340 pages appelé le Memoria sulla riforma liturgica, qui a été présenté à Pie XII en 1948.

Ce Memoria ne porte qu’une seule signature, celle du Père Ferdinando Antonelli OFM, qui tout à la fin de ce document remercie gracieusement « le Révérend Père Bugnini CM, membre de la Commission, pour l’aide qu’il m’a donnée dans la révision de ces ébauches. » Quelques vingt-et-une années plus tard, le même Père Antonelli a signé le décret du 3 avril 1968, par lequel a été promulgué le Novus Ordo Missae de Paul VI.

Le Memoria en question affirme en particulier que la « révision complète et générale » qu’il envisage « ne peut pas être mise en pratique en seulement quelques jours » et doit être établie par « phases successives » (¶334). La réforme commencera avec le Bréviaire, suivi du Missel, du Martyrologe, et du reste des livres liturgiques. (¶339). Ces réformes seront approuvées par le pape à chaque étape (¶340). Le processus va culminer en un « Code de Loi Liturgique » qui sera préparé graduellement au cours de ce travail de réforme et « devra en garantir la stabilité. » (¶341 : garantire la stabilità).

Le Memoria assigne à « la deuxième étape du travail de la Commission » (¶316) des éventualités telles que l’introduction d’un cycle de lectures de la Sainte Ecriture sur plusieurs années comme le fait le Novus Ordo (¶258), l’utilisation du vernaculaire (¶314), l’encouragement de la « participation » (¶314), l’introduction de la concélébration (¶314), ou le changement de la « structure interne de la Messe même » (¶314).

En pratique, cependant, seuls quelques points de la première étape (Bréviaire) ont été introduits. Les changements propres au Missel étaient limités pour l’instant à la nouvelle Semaine Sainte.

Le « Code de Loi Liturgique » annoncé par le Memoria pour « garantir la stabilité » des réformes proposées n’a jamais été publié, bien entendu.

Les provisions du décret de 1955 par lequel ont été promulguées les nouvelles rubriques du bréviaire soulignaient également la nature transitoire des réformes. Bien que le décret établissait de nombreux changements des rubriques, il stipulait qu’il fallait « garder les livres liturgiques tels qu'ils sont, en attendant que d'autres mesures soient prises. »1

Il ressort de tout cela, de façon absolument indéniable, que Pie XII lui-même considérait les lois liturgiques des années 1950 comme transitoires — des étapes temporaires menant à autre chose.

Et de plus, ces changements ont effectivement été transitoires dans l’ordre pratique. La dernière mouture de 1958 n’a elle-même duré que jusqu’en 1960, quand Jean XXIII a publié un nouvel ensemble de rubriques, sensé servir de dépannage jusqu’à ce que Vatican II renverse tout.

Tout ce qui précède est plus que suffisant pour montrer que les lois qui ont introduit les réformes de Pie XII n’ont pas la qualité essentielle de stabilité (ou perpétuité), et ne doivent, par conséquent, plus être considérées comme des lois en vigueur.

 

II. La « cessation » et le changement de circonstances ?

« En ce qui concerne le deuxième point, je ne comprends pas en quoi consiste le changement de circonstances. S’il s’agit des intentions des modernistes d’utiliser ces réformes comme une première étape menant à la destruction massive de l’Église, alors ces circonstances n’ont en fait pas changé. Elles existaient déjà lorsque la loi a été promulguée. Et dire que ces intentions peuvent être attribuées à la loi elle-même semblerait vouloir dire que le démon aurait été plus fort que le Saint-Esprit, et aurait utilisé l’autorité de l’Église pour introduire le mal. »

Le changement de circonstances qui rend la législation des années 1950 nuisible ne consiste pas seulement dans l’intention des modernistes, mais principalement dans le fait de la promulgation de la Nouvelle Messe — un rite que tous les traditionalistes considèrent mauvais, dangereux pour la foi catholique, sacrilège et grossièrement irrévérent, voire carrément invalide.

En effet, parmi les principes et les précédents introduits par les changements liturgiques de Pie XII, nous découvrons les éléments suivants qui ont été plus tard incorporés à tout va dans la Nouvelle Messe :

(1) La liturgie doit suivre le principe « pastoral » d’éducation des fidèles.

(2) Le vernaculaire peut faire partie intégrante de la liturgie.

(3) Le rôle du prêtre est réduit.

(4) La participation des laïcs doit idéalement être vocale.

(5) De nouveaux rôles liturgiques peuvent être introduits.

(6) Les prières et les cérémonies peuvent être changées pour s’adapter aux « besoins » modernes.

(7) Les « répétitions inutiles » doivent être éliminées.

(8) L’Ordo Missae lui-même peut changer, et certaines de ses parties peuvent être supprimées.

(9) Le Credo n’a pas besoin d’être récité aux occasions plus solennelles.

(10) Le prêtre « préside » passivement à la banquette quand la Sainte Ecriture est lue.

(11) Certaines cérémonies liturgiques doivent être accomplies « face au peuple ».

(12) L’importance des saints doit être diminuée.

(13) Les pratiques liturgiques qui offensent les hérétiques, les schismatiques, et les juifs, doivent être modifiées.

(14) Les expressions liturgiques de révérence pour le Saint Sacrement peuvent être « simplifiées » ou réduites.

La législation liturgique des années 1950 a introduit ces changements ici et là, de façon limitée. Pris individuellement, aucun d’eux n’était mauvais en soi.

Mais cinquante ans plus tard, nous voyons bien que ces principes et ces précédents ont été, de fait, le premier pas vers la destruction finale de la Messe. Dans le document même de promulgation de la Nouvelle Messe, en effet, Paul VI lui-même a reconnu que la législation de Pie XII a été le début du processus de réforme.

Continuer à observer ces pratiques renforce le mensonge moderniste selon lequel la Nouvelle Messe ne serait qu’un développement organique de la vraie liturgie catholique. Il est difficile de critiquer la Nouvelle Messe pour son usage du vernaculaire, sa présidence passive du prêtre, et ses cérémonies face au peuple si vous pratiquez vous-mêmes ces choses à chaque Semaine Sainte.

 

III. Et l’indéfectibilité de l’Eglise ?

« Qu’en est-il de l’indéfectibilité de l’Église et de l’assistance du Saint-Esprit si nous affirmons qu’un hérétique a utilisé l’autorité d’un vrai pape pour promulguer une liturgie nuisible pour l’Église ? »

L’application des lois par lesquelles ont été promulguées ces changements liturgiques est devenue nuisible après le passage du temps, en raison du changement de circonstances, comme nous avons expliqué dans la deuxième partie.

Les canonistes et les théologiens moralistes (par exemple, Cocchi, Michels, Noldin, Wernz-Vidal, Vermeersch, Regatillo, Zalba) enseignent communément qu’une loi humaine peut devenir nuisible (nociva, noxia) en raison d’un changement de circonstances après le passage du temps. Dans ce cas elle cesse automatiquement d’obliger.

Par conséquent on ne peut pas dire que l’application de ce principe contredit l’enseignement de la théologie dogmatique qui dit que l’Église est infaillible quand elle promulgue des lois disciplinaires universelles.

 

IV. N’êtes-vous pas en train de trier les décisions pontificales ?

« En quoi cela est-il différent de l’attitude de la FSSPX qui passe au crible les décisions pontificales ? Si l’on ne trace pas la ligne entre les vrais et les faux papes, alors où la trace-t-on ? Il me semble qu’on ne pourrait alors plus vraiment critiquer la FSSPX pour son attitude qui consiste à choisir ce qu’elle veut parmi les décisions pontificales de leur « pape ». Ne devrait-on pas craindre davantage encore que l’on en vienne à porter des jugements semblables sur des papes antérieurs ? Qu’en est-il des lois liturgiques de saint Pie X ? de saint Pie V ? »

L’expression de « trier » les décisions du pape trouve son origine dans l’affirmation de l’abbé Franz Schmidberger qu’il faudrait cribler les enseignements de Vatican II et des papes d’après Vatican II afin de séparer ce qui est catholique de ce qui ne l’est pas.

L’essence de ce « criblage-du-pape » consiste dans un acte continuel de jugement privé exercé sur chaque enseignement et chaque loi qui émane d’un Pontife Romain vivant, couplé avec un refus de soumission à son égard. La FSSPX en a fait le mode opératoire principal de son apostolat.

Pour ceux qui n’observent pas les lois liturgiques de Pie XII, cependant, il n’existe pas de pape vivant à « passer au crible », ou auquel on pourrait refuser de se soumettre. Nous ne faisons qu’appliquer à ces lois les mêmes principes généraux que nous appliquons à toutes les autres lois ecclésiastiques. Si, en raison de la crise qui a suivi Vatican II, l’application d’une loi particulière (telle que les restrictions des délégations pour l’administrations des sacrements, les lettres dimissoriales pour les ordinations, les permissions pour édifier des églises, les facultés pour prêcher, les obligations d’obtenir un Imprimatur, etc) aurait désormais un effet dangereux, nous considérons que la loi n’oblige plus.

Dit autrement : Si comme la FSSPX vous reconnaissez quelqu’un comme un pape vivant, alors c’est lui votre législateur vivant ; vous êtes tenus de lui demander quelles lois s’appliquent, et comment les interpréter. Si vous êtes « sédévacantiste, » par contre, vous n’avez pas de législateur vivant à consulter ; quand vous avez une question sur l’application ou la non-application d’une loi, ou son interprétation, votre seul recours est de suivre les principes généraux établis par les canonistes.

 

V. Obéissance à l’Autorité Légitime ?

« Comment réconcilier cela avec le devoir d’obéir à l’autorité légitime ? Il me semble que l’on remet en question la sagesse de la législation au lieu d’accepter le jugement de l’Église sur ce point. »

Les principes énoncés aux points 1 (sur la stabilité) et 2 (sur la cessation des lois devenues nuisibles) se trouvent dans les commentaires approuvés du Code de Droit Canonique.

Si l’application de ces principes était vraiment incompatible avec la vertu d’obéissance due à l’autorité légitime, ces commentaires n’auraient jamais reçu l’approbation ecclésiastique.

* * * * *

Ceci étant dit, toutes les questions ci-dessus supposent que l’unique principe qui détermine ce que les prêtres traditionnels doivent faire en matière de liturgie est celui de la législation liturgique du « dernier vrai pape. »

Mais ceci n’est pas si simple qu’il paraisse, puisqu’avant qu’un prêtre puisse soutenir que seule la législation de Pie XII est obligeante, il doit d’abord démontrer avec certitude absolue que Jean XXIII et Paul VI (au moins avant fin 1964) n’étaient pas de vrais papes.

Sinon, il devrait logiquement se considérer obligé par tous les changements de Jean XXIII — « l’obligation légale » est votre principe directeur, en effet, n’oubliez pas — ainsi que tous les premiers changements introduits par Paul VI.2

(Parmi ces premiers changements de Paul VI on trouve ce qui suit : le prêtre ne récite jamais à la Messe ce qui est chanté par le choeur, certaines parties de l’Ordinaire sont chantées ou récitées en vernaculaire, la Secrète est dite à haute voix, la prière du « Per Ipsum » à la fin du Canon est récitée à haute voix, le « Libera Nos » est lui aussi récité à haute voix, la formule « Corpus Christi / Amen » est utilisée pour la communion des fidèles, le dernier évangile est supprimé, les lectures de la Sainte Ecriture ne sont lues qu’en vernaculaire et face au peuple, des lecteurs ou commentateurs laïcs assistent le prêtre, le « Pater Noster » est récité en vernaculaire, etc.)

Dans le cas de Roncalli et des premières années de Montini, il y avait un législateur putatif « en possession » du siège de Pierre. Si la règle d’or du culte catholique traditionnel est sensée être l’observation des lois liturgiques du « dernier vrai pape », le prêtre ne devrait-il pas alors suivre « ce qui est plus sûr » en émondant la Messe, et en recrutant des lecteurs, au cas où ?3

Puisque le principe du « dernier vrai pape » mène à d’autres problèmes, que devons-nous donc faire ?

La réponse est simple : il faut suivre les rites liturgiques qui existaient avant que les modernistes aient commencé à les altérer.

Nous autres traditionalistes répétons sans cesse notre détermination à préserver la Messe Latine traditionnelle et la tradition liturgique de l’Église. Il me semble personnellement que cette idée n’a aucun sens si par cela on s’efforce de préserver la « tradition » liturgique de cérémonies de la Semaine Sainte inventées en 1955, de rubriques du bréviaire prévues comme étant transitoires et d’ailleurs déjà dépassées, et de « réformes » qui ne durèrent pas plus de cinq ans.

La liturgie catholique que nous cherchons à restaurer devrait être celle qui nous frappe par son antiquité majestueuse, et non celle qui nous fait penser sans cesse à Bugnini.

 

[Note finale du traducteur. Il nous semble utile d’ajouter ici que depuis la parution de cet article, et en partie grâce aux recherches érudites de l’abbé Anthony Cekada sur ces questions, nombre de groupes « conservateurs », dont la FSSP, attachés à la liturgie traditionnelle de l’Église, sous les auspices des chefs modernistes, ont eux-mêmes compris que les réformes de le Semaine Sainte de 1955 ont été en effet une étape préalable aux changements qui ont conduit à la nouvelle messe. Dans leur effort de préserver et de retourner à la liturgie traditionnelles, ces groupes ont désiré retourner à la Semaine Sainte traditionnelle abolie par ces réformes. Cette demande leur a même été accordée, malgré quelques accomodations imposées. Si des personnes inspirées par l’amour de la liturgie authentique de l’Église ont été amenées à retourner à l’ancienne Semaine Sainte, et si ce retour a même été accordé par des liturgistes conservateurs du « saint-siège » actuel, malgré certaines compromissions doctrinales, il nous semble évident qu’un vrai pape aurait lui aussi non seulement permis et encouragé, mais même ordonné ce retour à la liturgie authentique de l’Église, afin de s’éloigner le plus possible de toute connotation moderniste, pratiquement inévitable dans le contexte actuel où prévaut partout le modernisme liturgique.]

1 [Note du traducteur : le sens de ce document de la Sacrée Congrégation des Rites est que seules de simples réformes qui ne demandent pas d’imprimer de nouveaux missels ont été faites, puisqu’il y aura sous peu de nouvelles révisions des rubriques. Par conséquent, on ne doit pas imprimer de nouvelles éditions de bréviaires et de missels avec les nouvelles rubriques. Le décret même qui publie ces réformes indique ainsi clairement que ces nouvelles rubriques étaient transitoires, et ne devaient pas servir plus que quelques années. Elles cesseraient d’obliger dès la promulgation de l’étape suivante des réformes (à savoir les réformes du brévaire et du missel publiées sous Jean XXIII). Retourner aujourd’hui à ces rubriques « de transition » est donc contraire au décret même qui les a publiées. Cf. Cum hac nostra aetate, du 23 mars 1955.]

2 [Note du traducteur : Quelques rares prêtres, affirmant qu’on ne peut pas fournir de preuves apodictiques de la non-papauté de Jean XXIII, et suivant cette attitude légaliste, appliquent, logiquement, ces réformes liturgiques de Jean XXIII. On voit donc bien qu’une attitude légaliste sur cette question serait loin de créer « l’union » et la « paix » des fidèles, comme il est parfois dit, sous prétexte qu’on aurait un « critère objectif ». En effet, on se retrouve dans ce cas à devoir imposer aux catholiques comme un absolu incontestable la date exacte du début de la vacance du siège, et à entièrement ignorer les principes de suppléance que les théologiens approuvés appliquent au cas hypothétique d’un pape putatif. Ces difficultés sont bien plus insurmontables que les objections levées contre le retour aux rubriques de Saint Pie X. Le retour aux rubriques de Saint Pie X se justifie par un critère qui ne se fonde pas sur des opinions théologiques de tout un chacun, mais qui au contraire fait appel à des faits avérés et universellement reconnus aujourd’hui, couplés au recours à des principes canoniques incontestables.]

3 [Note du traducteur : les théologiens établissent en effet des principes de suppléance pour les commandements d’un pape putatif. Il est par ailleurs indéniable que les réformes de Jean XXIII et les premières réformes de Paul VI ont été acceptées de tous, et sont devenues, de fait, la loi liturgique dans l’Église. Logiquement, par conséquent, le principe de la dernière loi liturgique en vigueur avant la nouvelle messe ne nous ramène pas à Pie XII, dont les réformes n’avaient d’ailleurs été introduites qu’avec la provision expresse qu’elles cesseraient dès qu’une réforme plus complète et prochaine paraîtrait. L’idée que l’on doive suivre aujourd’hui les réformes de Pie XII n’est donc (1) ni conforme au principe lui-même de « la dernière loi en vigueur » ; (2) ni conforme au décret de réforme du calendrier en 1955, qui stipulait que son obligation cesserait dès l’apparition de la prochaine réforme (ce qui est d’ailleurs arrivé). Il est donc faux de dire qu’obéir aux lois de l’Église c’est suivre les réformes de Pie XII, et ne consiste qu’à continuer ce qui se faisait avant Vatican II et la nouvelle messe. Il n’y a en effet pas de continuité, car les réformes de Pie XII avaient déjà été supplantées par des réformes ultérieures, dont elles en étaient la préparation. Ceci doit être considéré en plus de tout le contexte actuel, qui nous garantie qu’un vrai pape, aujourd’hui, ferait évidemment marche arrière, et enlèverait de ces réformes tout ce qui de près ou de loin servirait à corroborer des interprétations modernistes.]

Publié dans Articles

Partager cet article

MHTS Newsletter - Septembre 2022

Publié le par Études Antimodernistes

Par Mgr Donald J. Sanborn.

 

Most Holy Trinity Seminary Newsletter, Septembre 2022.

EtudesAntimodernistes.fr, Octobre 2022.

 

Mgr. Sanborn explique avec sa logique habituelle comment le retard dans l’installation du séminaire est dû au communisme en Chine (si, si!). Il nous montre surtout la décadence du monde moderne et comment le modernisme conduit à l’acceptation progressive des péchés contre-nature. Bien sûr nous ne voulons rien avoir à faire avec les loups, cachés sous leur soutane blanche qui leur sert de peau de brebis, qui remplacent le catholicisme par la religion de l’homme. La foi nous impose de ne pas leur donner le nom de Pape. Ce n’est pas là question d’opinion!

MHTS Newsletter - Septembre 2022

Décadence du monde moderne et refus total de Vatican II.

 

Bien chers fidèles,

     J'aurais souhaité écrire cette newsletter depuis notre nouvel établissement à Reading en Pennsylvanie. Malheureusement, nous sommes toujours en Floride. Je dis malheureusement, car notre présence ici pose un sérieux problème pour l'école que nous dirigeons ici, à Brooksville.

Comme je l'ai indiqué dans mon dernier bulletin, le nombre d'élèves dans notre école locale a augmenté considérablement. Le nombre d'étudiants en ligne a aussi augmenté de façon importante. Pour cette raison, il était impératif que notre école locale s’installe dans les locaux du séminaire, non seulement pour avoir plus de place pour les élèves, mais également plus d'espace pour les équipements électroniques que nous utilisons pour l'école en ligne.

Une des classes dans les nouveaux locaux.
Une chambre de séminariste.

Notre bâtiment en Pennsylvanie n'est pas prêt pour de nombreuses raisons. L'une d'elles, je pense, est l'optimisme excessif de l'entrepreneur général. Quand j'ai inspecté le bâtiment en mai, je lui ai demandé: « Pensez-vous vraiment que ça sera prêt dans un mois ? » (Ils avaient, à l’origine, estimé que le bâtiment serait fin prêt au milieu du mois de juin). Il m'a répondu: « Eh bien, peut-être au milieu du mois de juillet ». J'étais encore très sceptique, mais étant donné mon peu d’expérience dans ce genre d'affaire, je l'ai pris au mot. Maintenant, nous sommes milieu septembre et le remodelage touche seulement à sa fin.

L'autre problème ce sont les pénuries. Tout le monde connaît des pénuries en ce moment. Malgré ce que les médias peuvent vous dire, l'économie marche du tonnerre et l'industrie de la construction est très occupée. Les gens prennent des vols à une fréquence sans précédent et achètent leur billet extrêmement cher. Le problème de pénurie est dû, non seulement à la hausse de la demande, mais aussi au fait que beaucoup de composants sont importés de la Chine Communiste. Pour une raison ou une autre, la Chine est en retard dans la production certains éléments nécessaires. Et l'absence d’une simple puce électronique peut retarder la livraison d’un équipement nécessaire pour un projet immobilier.

C’est ce que nous avons expérimenté au mois d'août quand nous manquions d'une puce made-in-China pour une de nos alarmes incendie [exigées par la législation]. Nous avons résolu le problème en utilisant des alarmes montées au plafond pour les pièces qui, normalement, ont des alarmes montées au mur. Au moment d'écrire ces lignes, cependant, le retard occasionné est dû à un panneau électrique en commande depuis janvier, mais dont la livraison a été ajournée plusieurs fois,  livraison maintenant ‘promise’ pour novembre. Cette livraison sera-t-elle encore repoussée ? Personne ne le sait. Il vient du Texas, mais peut-être que nous subissons ce retard à cause des communistes d’une façon ou d’une autre.

Je me souviens d'un temps où les États-Unis ne reconnaissaient même pas diplomatiquement la Chine Communiste. Il n'y avait même pas d’échanges commerciaux. La Chine était un désert économique. Ses produits étaient de mauvaise facture. Puis ce fut la fin des années 1970, le disgracieux Nixon se rendit en Chine afin de « l'ouvrir au monde ». L'idée était de faire en sorte que les entrepreneurs américains puissent profiter du travail d'esclave ou de semi-esclave de l'état communiste, et par là enlever à notre pays la capacité de produire ce dont il avait besoin. Il y eut une réduction considérable de la manufacture aux États-Unis.

À l'époque, je pensais que c'était un choix très imprudent de la part du gouvernement. Car le commerce qui en naîtrait alors ferait de la Chine une économie mondiale, pensai-je alors, avec pour résultat que la Chine deviendrait en définitive notre ennemi commercial, et nos capacités de manufactures seraient entre les mains de nos ennemis.

C'est précisément ce qui est arrivé maintenant, quelques décennies plus tard. Il est très probable, à mon avis, que nous connaîtrons une guerre contre la Chine dans le futur. Pouvez-vous imaginer, la quantité de pénuries qu'il y aura quand cette guerre surviendra ? Aussi cette « ouverture » de la Chine a amené un nombre incalculable d'espions dans notre pays, et également des individus corrompus dans notre gouvernement, recevant de généreux pots-de-vin de la part des communistes. Je pense que vous voyez de qui je veux parler. Ces ennemis communistes rachètent toutes nos terres agricoles, et personne dans le gouvernement ne semble s'en soucier. Imaginez la panique quand nos rayons de supermarché seront vides.

Notre retard, par conséquent, à occuper les nouveaux bâtiments du séminaire est donc largement dû aux communistes en Chine, et à combien le gouvernement est devenu mauvais ces dernières décennies.

Les prêtres irlandais se lamentent au sujet des vocations qu'ils reçoivent. Dr. Taylor Marshall a mis en ligne une vidéo, il y a quelques semaines, d'un vieux prêtre assis à son bureau dans une chemise de sport à carreaux et gilet cardigan. C'était le cliché parfait du prêtre Novus Ordo. Un produit des années soixante, sa grande priorité n'était pas l'Irlande à court de vocation, (seulement quatre nouveaux séminaristes cette année dans toute l'Irlande qui n'as plus qu'un séminaire maintenant) mais plutôt que ces séminaristes étaient de la mauvaise catégorie. « Ils voulaient porter la soutane », et « parler du péché » disait-il. Puis vint la plus terrible des accusations: « Ils voulaient célébrer la messe en latin ».

J'ai reçu aussi un appel téléphonique d'un homme en Irlande qui m'a dit que les clercs Novus Ordo de son pays disaient que « les sédévacantistes crieront au fond de l’enfer ». Ironiquement, le monsieur en question ne croit pas à l'enfer, mais il y a des exceptions, je suppose.

Pourquoi y a-t-il autant de haine envers les sédévacantistes de la part des modernistes ? Parce que les sédévacantistes tirent une flèche dans le cœur de Vatican II. Aucune autre position dans le mouvement traditionnaliste ne fait cela. La réussite des modernistes dans leur subversion de la foi catholique à l'échelle mondiales relève de deux causes : (1) le fait que les doctrines modernistes ont été ratifiées et promulguées par un concile général, connu sous le nom de Vatican II ; (2) le fait que des « papes » ont été élus et ont enseigné universellement ces doctrines et ont insisté pour que tous les adoptent. Toutes les autres convictions, tel que la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, les différents groupes Ecclesia Dei telle que la Fraternité Sacerdotale Saint Pierre et ceux qui promeuvent les messes de l’Indult acceptent Vatican II et reconnaissent la hiérarchie Novus Ordo comme ayant le pouvoir d'enseigner, gouverner, et sanctifier au nom du Christ.

Soit ils sont en communion avec le Novus Ordo, soit ils aspirent à s'unir au Novus Ordo, ce qui est le cas de la Fraternité Saint Pie X. Ce qui les caractérise tous, c'est cette volonté d'accepter la légitimité de Vatican II, peu importe les erreurs qu'ils puissent y percevoir, la légitimité des « papes » qui l'ont promulguée, et les réformes désastreuses qui ont détruit l'Église Catholique.

Pour cette raison, la hiérarchie Novus Ordo ne vomit pas ses fulminations vitrioliques sur eux, puisqu'ils font, dans une plus ou moins grande mesure, « parti du club ». Le Novus Ordo sait que, tant qu'ils reconnaissent la légitimité de Vatican II et l'autorité de sa hiérarchie, la guerre est déjà gagnée sur le long terme. Ces groupes deviendront éventuellement la « High Church » du Novus Ordo, sous son contrôle le plus total.

Vatican II doit être condamné. Il ne peut pas survivre de quelques manières que ce soit en tant que concile Catholique. Il y a eu des exemples précédents dans le passé. Le Pape Saint Léon I (Saint Léon le Grand, 440-461), condamna le second Concile d'Ephèse comme un « concile de voleur » parce qu'il était infesté par l'hérésie Nestorienne. Ce fut un concile d'ecclésiastiques criminels, en d'autres termes. Une part du Concile de Constance fut rejetée pour ses attitudes et ses doctrines conciliaristes (anti-papales). Le Concile de Bâle fut aussi rejeté.

Toute l'autorité du concile vient de son approbation et de sa promulgation par le Pape. Tous les évêques du monde entier pourraient être réunis en concile, leurs enseignements et promulgations vaudraient zéro tant qu'elles ne seraient pas acceptées, approuvées, et promulguées par le Pontife Romain. Les conciles d'évêques (sans Papes) ne sont en aucune manière protégés par l'infaillibilité dans leurs doctrines. Les sédévacantistes tiennent pour vrai que les « papes » de Vatican II n'ont jamais reçu l'autorité pour régner sur l'Église dans le but d'accomplir le dessein qu'ils prévoyaient, c'est-à-dire, précisément, d'user de cette supposée autorité pour imposer le modernisme à toute l’Église. Par exemple, si le capitaine d'un bateau à l'intention de le faire couler, par ce simple fait, il n'a pas le droit de commander ce bateau. C'est du bon sens. Une fois son intention découverte, l'équipage l'enfermerait dans la cale.

Considérons ce cas d'il y a quelques années, quand le pilote d'un avion commercial allemand décida d’écraser son avion sur une montagne, tout ça parce qu'il s'était disputé avec sa petite amie. Si la compagnie aérienne avait eu connaissance de son intention, elle ne l'aurait pas laissé prendre les commandes. La raison sous-jacente de ce pourquoi une mauvaise intention est incompatible avec l'autorité, est que l'autorité, en sa véritable nature, trouve son but dans l'accomplissement du bien commun de la société à la tête de laquelle elle est placée. En conséquence, avoir une intention contraire au bien essentiel d'une société, c'est contrecarrer le vrai but de l'autorité, et la rendre donc non-existante.

Puisque le modernisme, selon saint Pie X, est le pire ennemi que l’Église n’ait jamais affronté, nous estimons que l’intention de promouvoir le modernisme dans L’Église est une trahison de la pire espèce, l’œuvre des ennemis de l’Église, et du diable lui-même. Il est donc impossible que Vatican II fasse autorité, et impossible que les « papes » de Vatican II aient autorité de gouverner l’Église. Car l’Église est à la fois infaillible et indéfectible. Si nous accordons une autorité quelconque à Vatican II et à sa hiérarchie, nous sommes tenus logiquement de dire que L’Église n’est ni infaillible ni indéfectible. Or, cela est une hérésie. Par conséquent, nous sommes obligés par la foi de conclure qu’il est impossible que Vatican II soit un vrai concile, ou que la hiérarchie de Vatican II ai le pouvoir du Christ pour gouverner l’Église.

Nous ne pouvons donc pas nous en tenir à « l’opinionisme », comme beaucoup le font, c’est-à-dire à affirmer que la question de savoir si les « papes » de Vatican II sont de vrais papes ou non est une  simple question d’opinion. Parce que notre foi dans l’infaillibilité et l’indéfectibilité de l’Église exige la conclusion que ces hommes ne peuvent pas être vrais papes. Cela ne peut pas être une question d’opinion de savoir si l’Église a fait défection ou non. Même en appeler au doute quant à l’indéfectibilité de l’Église est, en soi, une hérésie.

La sodomie est maintenant approuvée. Les évêques allemands ont récemment dit que les actes sodomites n'étaient pas peccamineux. Un Brésilien élevé récemment au cardinalat a fait une déclaration plus modérée, à savoir que les actes sodomites sont immoraux seulement pour les chrétiens. Donc c'est sans problème pour les païens. La conclusion qui résulte de ces affirmations est que Dieu a eu tort de punir les sodomites pour leur sodomie, puisqu’ils étaient païens, et n’avaient pas eu la révélation divine. C'est réduire le péché à une simple offense contre la loi divine positive, c’est-à-dire contre quelque chose que Dieu commande ou interdit, non pas parce que cela fait partie de la loi naturelle, mais parce que Dieu le veut ainsi. Par exemple, le vol est contraire à la loi naturelle, à savoir contre la justice. Mais le fait que nous ne pouvons pas nous adonner au travail servile non-nécessaire le dimanche n’est pas basé sur la loi naturelle, mais purement sur la volonté de Dieu. Tous les péchés de la chair sont des péchés parce qu’ils sont contraires à la loi naturelle [et non seulement parce que Dieu a voulu interdire ces choses.] La loi naturelle dit que toute utilisation des facultés génératrices doit servir à la reproduction des êtres humains. Toute exclusion délibérée de cette fin est un péché contraire à la nature. Pour cette raison, la contraception, les péchés solitaires, la sodomie et la bestialité sont tous des péchés contre nature. C’est la doctrine Catholique.

Un article intéressant de 1983. Alors que je préparais notre déménagement à Reading, je suis tombé sur un article qui m’a été donné il y a des années. Il est apparu dans The Humanist, numéro de janvier/février 1983. Il est intitulé « Une religion pour un nouvel âge ». Il est écrit par un certain John J. Dunphy, alors âgé de vingt ans, qui semble être un catholique baptisé, à la fois de par son nom et de par ses remarques sarcastiques constantes au sujet de la Foi Catholique. Il ressort toutes les calomnies anticatholiques habituelles, Galilée, etc., accusations, qui ont depuis longtemps été répondues et réfutées.

Son thème est essentiellement que le christianisme, et particulièrement le catholicisme romain, doit être éliminé comme quelque chose de vétuste et nuisible aux droits des individus, surtout ceux des femmes, des sodomites, et les personnes pratiquant la contraception artificielle. Bien sûr, il rejette le créationnisme, l’idée que Dieu a créé l'univers à partir de rien, mais étrangement n’offre aucune alternative au problème évident de comment quelque chose puisse venir de rien, ce qui est l'épine dorsale ou principe sur lequel repose la mythologie évolutionniste démente et ridicule.

Il appelle à une nouvelle religion, une religion de l’humanité. « Si Dieu a échoué dans son rôle de policier cosmique, dit-il, et, si le christianisme n’a pas su protéger la dignité de l’humanité et les droits inaliénables de tous — et qui peut contester l’une ou l’autre hypothèse — alors une alternative viable aux deux doit être recherchée. Cette alternative est l’humanisme. »

Rien de nouveau sous le soleil. Ces idées sont vieilles comme le monde. Elles ont été rendues populaires au dix-neuvième siècle par Karl Marx et ses collègues communistes, Nietzsche et plusieurs autres. « L'humanité est Dieu » est un slogan qui n’est pas neuf. Woodrow Wilson a dit : « Le christianisme n’a pas réussi à unir les peuples. Nous réussirons, je l’espère, par la Société des Nations. » La Société des Nations a fait un excellent travail pour unifier les peuples, n’est-ce pas ? Presque aussi bien que les Nations Unies!

Cette idée que l’humanité peut se perfectionner, et faire de la terre un endroit parfait où vivre, implique la négation de la doctrine du péché originel et de ses effets dévastateurs, aussi bien que la négation du besoin d'un Sauveur pour l'humanité, un Rédempteur, et des dons subséquents, la grâce actuelle et la grâce sanctifiante. On en revient au paradis terrestre : « Vous serez comme des dieux. » En d’autres termes, l’homme, en se rendant un culte à lui-même, peut faire de la terre un paradis sans Dieu. Nous voyons cette idée dans les différentes déclarations de Bergoglio, qui, à mon avis, ne croit pas en Dieu, mais en l’humanité. Il ne dit presque rien qui ne prêche la déification de l’humanité et de la terre.

Ce qui fait froid dans le dos dans cet article, toutefois, est que l'auteur appelle à répandre sa nouvelle religion par le moyen des écoles publiques :

Je suis convaincu que la bataille pour le futur du genre humain doit être menée et gagnée dans les classes des écoles publiques par des enseignants qui perçoivent correctement leur rôle de prosélytes d’une nouvelle foi : une religion de l’humanité qui reconnaît et respecte l’étincelle de ce que les théologiens appellent la divinité, dans chaque être humain. Ces enseignants doivent incarner le même dévouement désintéressé des prédicateurs fondamentalistes les plus enragés, car ils seront ministres d’une autre sorte, en utilisant la salle de classe au lieu de la chaire pour transmettre des valeurs humanistes quelle que soit la matière qu’ils enseignent, peu importe le niveau d’éducation… La salle de classe doit être et sera une arène de conflit entre l’ancien et le nouveau — le cadavre en décomposition du Christianisme, avec tous ses maux adjacents et sa misère, et la nouvelle foi de l’humanisme, resplendissante dans sa promesse d’un monde dans lequel le jamais réalisé idéal chrétien d'« aime ton prochain » sera finalement atteint.

Ces mots ont été écrits il y a trente-neuf ans, et comme ils se sont réalisés à notre époque ! Les enseignants des écoles publiques se voient non seulement comme des transmetteurs de compétences académiques, mais comme des grands-prêtres d’une nouvelle religion de l’humanisme, auto-consacrée, qui conduit l’humanité vers le chemin prometteur de la paix et de la fraternité. La récente recrudescence du transactivisme, enseigné maintenant aux petits, en est un exemple parfait. Car il nie la nature, et en niant la nature, il nie l’auteur de la nature. En d’autres mots, vous pouvez être ce que vous voulez être, indépendamment de comment Dieu vous a fait. Vous serez comme des dieux, ayant la connaissance du bien et du mal. Autrement dit : vous déciderez de ce qui est bon et mauvais, pas Dieu.


 

Sincèrement vôtre dans le Christ,

Mgr. Donald Sanborn

Recteur

(1) Au moment où nous publions cette traduction le déménagement est terminé et les cours viennent de reprendre.

Publié dans MHTS Newsletter

Partager cet article

MHTS Newsletter - Août 2022

Publié le par Études Antimodernistes

Dans sa lettre aux amis et bienfaiteurs Monseigneur Sanborn explique le choix de la consécration d'un nouvel évêque. Il donne ensuite quelques nouvelles de l'installation du séminaire en Pennsylvanie, puis, comme à son habitude, il détaille quelques points d'application de la vie chrétienne dans le monde moderne.

MHTS Newsletter - Août 2022

Bulletin du Séminaire de la Très Sainte Trinité

- Août 2022 –

 

Par Mgr Donald J. Sanborn

 

Most Holy Trinity Seminary Newsletter, Août 2022.

EtudesAntimodernistes.fr, Septembre 2022.

 

Annonce d’une consécration épiscopale.

 

Bien chers fidèles,

 

Nous avons cette fois le plaisir de vous annoncer la prochaine consécration épiscopale de l’abbé Germán Fliess, prévue pour le 30 novembre de cette année à Brooksville en Floride. Nous avons décidé de procéder à cette consécration pour être certains que l’Institut Catholique Romain, ses séminaristes et ses fidèles ne soient jamais privés des services d’un évêque, particulièrement en ce qui concerne la continuation d’un sacerdoce et d’un épiscopat valide.

Cependant, ce n’est pas seulement la validité des ordres qui est concernée. Nous désirons aussi ordonner et consacrer un clergé qui soit bien formé, à la fois spirituellement et académiquement et qui jouit d’une bonne réputation. Le sacerdoce et l’épiscopat catholique peuvent être comparé à de l’or vingt-quatre carats en ce qu’ils sont des cadeaux qui nous viennent directement du Saint-Esprit. Que ce soient de grands saints ou les pêcheurs les dépravés qui en soient revêtus, cela ne change rien à leur dignité spirituelle suprême. Tout comme l’or, le sacerdoce et l'épiscopat ne change pas, ne se ternissent pas, ne rouillent pas ou ne perdent pas leur excellence intrinsèque, quoi qu'il en soit de celui qui les possède. Puisque ces dons sont si grands par leur nature, explique le Droit Canon, il convient que celui qui les possède soit de mœurs irréprochables et de la plus grande piété, et suffisamment instruit en philosophie et en théologie. C’est pour cette raison que notre séminaire fonctionne selon des normes élevées, au mieux que nous pouvons, nous améliorant toujours dès que nous le pouvons.

Un bon prêtre bien instruit peut attirer les non-catholiques et les modernistes à la foi catholique seulement par sa piété, sa dignité, sa connaissance, ses bonnes mœurs et sa recherche de la perfection. À l’opposé, bien qu’un catholique convaincu puisse fermer les yeux sur les fautes, même sérieuses, d’un prêtre, ne voyant en lui que le sacerdoce, les plus faibles peuvent facilement être déroutés par de tels abus. C’est pour cela que nous nous efforçons de faire sortir de notre séminaire des prêtres et des évêques ayant toutes les qualités que j’ai mentionnées.

L’abbé Fliess est un tel prêtre. Tous ceux qui le connaissent peuvent en témoigner. C’est un prêtre zélé dans le ministère, humble, obéissant, discret, très intelligent, absolument ferme et abhorrant le modernisme sans compromission. Il est profondément instruit en théologie et enseigne l’Écriture Sainte, le Latin, le Grec et l’Hébreu au séminaire. En fait, il est si humble que lorsque nous lui avons demandé d’être consacré évêque, sa première réaction fut de dire qu’il ne pouvait accepter aucune position d’autorité ou de gestion. Nous l’avons assuré que nous le préserverions de ces positons et qu’il ne ferait que donner les sacrements.

MHTS Newsletter - Août 2022

S’il-vous-plaît, gardez l’abbé Fliess dans vos prières, car l’épiscopat est un lourd fardeau. La vie même de l’Église - la prêtrise, la messe, la Sainte Eucharistie et l’épiscopat lui-même - est entre les mains d’un évêque consacré et les comptes qu’il devra rendre à Dieu sont mille fois plus grand. L’Église s’élève ou s’abaisse en fonction de comment ses prêtres s’élèvent ou s’abaissent, et ce sont les évêques qui choisissent et ordonnent les prêtres.

 

Avancée de la restauration du nouveau séminaire à Reading (Pensylvanie). La rénovation a continué avec rapidité pour faire en sorte que notre rentrée des classes le 15 septembre dans ces locaux devienne réalité. Nous avons fait transporter à Reading toute notre bibliothèque d’environ quinze mille livres. Nous attendons l’arrivée des étagères qui sont en train d’être  construite par Mike Gough, un paroissien du Michigan. Pour s’adapter à un plafond bas, il va aussi raccourcir les étagères de huit pieds de haut que nous avions en Floride et que lui-même avait fabriquées. Nous devrons répartir les livres dans tout le bâtiment, car il n’y a pas de pièce suffisamment grande pour tous les contenir. Mais cela n’est pas un problème.

Cartons contenants quelques-uns des milliers de livres attendant d’être rangés dans nos étagères

Cartons contenants quelques-uns des milliers de livres attendant d’être rangés dans nos étagères

Comme dans tout projet immobilier, notre remodelage des bâtiments a subi des retards, mais rien d’insurmontable. Occasionnellement, il y avait des manques de stock de matériels. Par exemple, nous avons été en manque de panneaux électriques, parce que quand il y a des rumeurs de pénuries, les gros entrepreneurs du bâtiment achètent toutes les réserves pour ne pas être en manque dans leurs énormes projets.

Pourquoi, y a-t-il des pénuries dans notre pays? Je pensais que ce n’était que l’Union Soviétique qui en subissait. Pendant mes soixante-douze ans de vie aux États-Unis, je ne pensais jamais que je verrais le jour où nous manquerions de quelque chose.

 

Encore le printemps de l’Église. Je suis sarcastique en disant cela, bien sûr. Dans une étude récente, il a été déterminé que l’âge moyen des sœurs modernistes est de quatre-vingt ans. Comme plusieurs ont moins de quatre-vingt ans, il nous faut conclure que beaucoup sont plus âgés. On peut en conclure que les congrégations féminines modernistes disparaîtrons d'ici une dizaine d’années ou guère plus, au moins aux États-Unis.

C’est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne nouvelle est qu’elles ne pourront plus corrompre l’âme des plus jeunes par leur modernisme. La mauvaise nouvelle est que cela représente la mort de la vie religieuse. La vie religieuse féminine est morte il y a longtemps, quand Vatican II en a retiré toute la foi catholique. Car pendant ces soixante ans depuis Vatican II, la  vie religieuse des sœurs n’est plus qu’une institution mourante dans laquelle on fait mémoire du passé. Idem pour les congrégations masculines. Il y a quelques vocations à la « prêtrise » chez les modernistes mais en forte diminution. Cette année, trente-huit diocèses de ce pays [sur 195] n’ont pas ordonné de prêtres.

Il ne reste plus de vie dans les institutions Novus Ordo. Le Novus Ordo est comme un cadavre dans un cercueil. Ce qu’il en reste date du temps où il avait la vie, mais même sa vigueur institutionnelle va progressivement s’estomper, tout comme un cadavre se décompose dans la tombe. Le Novus Ordo a essayé de placer l’âme du modernisme dans le corps de l’Église Catholique. Ce sont deux choses qui sont radicalement opposées et qui ne formeront jamais un corps vivant, une entité morale. C’est comme placer l’âme d’un gorille dans le corps d’un homme. L’Église catholique, comme institution, n’a été faite que pour une chose : la foi catholique. Alors seulement, elle pourrait fonctionner correctement et alors seulement, elle pourrait produire la richesse des vocations et de la vie religieuse.

 

 

MHTS Newsletter - Août 2022

Peut-on se sauver seulement en étant pieuxTout le monde a entendu l’enseignement hérétique de Luther résumé ainsi : le salut par la foi seule. Cela revient à dire que le seul acte nécessaire pour accomplir son salut est un acte de foi, ce qui pour Luther et les protestants en général est à prendre dans le sens de confiance en Dieu. Pour les catholiques, la foi est l’assentiment de l’intellect, au moyen d’une vertu surnaturelle infuse par Dieu, à des vérités révélées par Dieu et proposées comme telles par l’autorité enseignante de l’Église catholique romaine. Pour Luther donc et pour ceux qui le suivent, les péchés ne sont pas un obstacle salut. Il n’y a pas besoin de se mortifier. Pas besoin de faire pénitence. Luther a dit : « Soit pécheur et pèche audacieusement, mais croit et réjouis-toi dans le Christ plus audacieusement encore… Aucun péché ne nous séparera de l’agneau, quand bien même nous commettrions fornication et meurtre un millier de fois par jour. »

Aucun Catholique n’accepterait jamais à cela. Tout Catholique sait qu’il sera jugé sur ses actions quand il mourra, et pas seulement sur sa confiance en Dieu. Néanmoins, il y a différentes sortes de catholiques, et je veux parler de ceux qui ont rejeté Vatican II et adhérent à la Foi Traditionnelle, qui tiennent pour vrai un adage similaire: le salut par la piété seule. Cet adage caractérise une manière très courante de pratiquer le catholicisme. Un catholique de cet acabit croit tout ce qu’enseigne l’Église, récite dévotement son Rosaire fréquemment, chaque jour même, assiste à la Messe chaque dimanche, assiste peut-être aux pratiques de dévotions durant la semaine, va se confesser souvent, et a plein d’images de Notre Seigneur, de Notre Dame, et des saints dans sa maison. Peut-être même qu'il préside le chapelet familial chaque soir à la maison.

D’autre part, ce même catholique mènera une vie tout à fait mondaine en plein accord avec la culture moderne. Il regardera des films impurs à la télévision, au cinéma ou sur internet. Il écoute du Rock. Il élève ses enfants en accord avec toutes les idées modernes, c'est-à-dire, leur permettant de suivre leur instinct sans discipline, ou par une discipline inefficace. Si c’est un homme, il ne se donne pas la peine d’imposer son autorité de chef de famille. Si c’est une femme, elle est lourdement influencée par le féminisme, et ne comprend son rôle dans la maison. De tels catholiques s’habillent au gré des modes modernes, sans tenir compte de leur immodestie. Ils vont sur les plages très fréquentée où les gens sont habillés de façon immodeste. Ils visitent des endroits comme Disneyland, ce qui se passe de commentaire. Ils acceptent de recevoir les membres de leurs familles divorcés ou remariés, ou vivant en  concubinage. Ils envoient leurs enfants dans des lycées et universités conçues pour détruire la Foi Catholique et sa morale chez les écoliers. Ils applaudissent leur succès quand ceux-ci obtiennent des diplômes, sans se soucier de la destruction spirituelle de leurs enfants. Ils consentent à leur mariages avec des hérétiques,  des sans-dieux et/ou des gens sans morale.

Et en fin de compte, lorsque leurs enfants ont grandi et sont devenus athées et gauchistes, ces mêmes Catholiques viendront voir le prêtre et lui demander : « Qu’est-ce que j’ai fait de mal pour que mon enfant tourne ainsi? ». Ils se sont trompés de la même manière que Luther s’est trompé. Ils ont pensé que la piété seulement feraient de leurs enfants des catholiques, et les protégeraient des mauvaises influences du monde moderne. Pour Luther, c’était la foi seule ; pour ces Catholiques, c’est la piété seule.

 

Contempler la Sainte Croix. Il y a deux grandes leçons dans la Croix du Christ : (1) L’amour de Jésus pour Son Père ; (2) la mort du vieil homme pécheur. Notre Seigneur  a obtenu notre rédemption en donnant à son Père au nom de l’humanité, dont il s’était lui-même revêtu, l’obéissance à sa volonté, jusqu’à mourir sur la Croix. L’obéissance du Christ était le remède à la désobéissance d’Adam, et par la même, de chaque être humain commettant le péché. Le doux parfum de l’obéissance de son fils pesa bien plus dans la balance que la puanteur du péché des  hommes. C’est un aspect de la Rédemption du genre humain.

L’autre aspect est la mortification de l’homme pécheur. Il y avait une peine de mort à payer pour les péchés des hommes, et Notre Seigneur l’a payé.

MHTS Newsletter - Août 2022

La vie spirituelle Catholique est basée sur ces deux aspects de la Croix. D’un côté, il y a l’amour de Dieu, qui inclut l’obéissance aux commandements de Dieu et la piété qui englobe tous les actes d’adoration et de prière que nous offrons à Dieu. De l’autre côté, il y a la mortification, c'est-à-dire la destruction, dans nos âmes, des effets du péché, le péché originel et le péché actuel. Une partie de cette mortification consiste en la suppression des occasions de péché. La culture du monde moderne est un produit du démon, et constitue en elle-même une énorme occasion de péché. La piété ne plaira pas à Dieu et ne produira pas de bons fruits si les Catholiques sont imbibés chaque jour de cette coupe empoisonnée qu’est la culture moderne. Si les parents Catholiques veulent élever des enfants catholiques et non des enfants païens, et s'ils veulent des petits enfants catholiques, il est nécessaire qu’ils se coupent du monde moderne. Cela requiert un grand sacrifice. Ils ne peuvent ni fréquenter ni jouïr d’un tas de choses que les autres fréquentent et dont ils jouïssent. Les enfants doivent comprendre la nécessité de cette mortification et de ce sacrifice.

Je suis sûr que les Catholiques qui vivaient dans l’Empire Romain aux premiers temps de l’Église faisaient face aux mêmes problèmes. Rome était un lieu de débauche sans fin, de jeux cruels, d’immodestie répugnante et de superstition. L’Église s’épanouit, toutefois, en ces premiers âges, et ce fut parce que les Catholiques se gardaient de cette culture païenne de leur temps.

Sincèrement vôtre dans le Christ,

 

Mgr. Donald Sanborn

Recteur

Publié dans MHTS Newsletter

Partager cet article

MHTS Newsletter - Décembre 2021

Publié le par Études Antimodernistes

Bulletin du Séminaire de la Très Sainte Trinité

— Décembre 2021 —

 

 

Par Mgr Donald J. Sanborn.

 

Most Holy Trinity Seminary Newsletter, Décembre 2021.

EtudesAntimodernistes.fr, Février 2022

 

Alors qu’il y a quelques mois débutait une controverse entre Mgr. Dolan et Mgr. Sanborn au sujet de la thèse de Cassiciacum, le directeur du séminaire de la Très Sainte Trinité aborde ici le sujet des controverses doctrinales en général dans le mouvement traditionaliste. Il montre l’attitude qui doit être adoptée par les laïcs devant ces débats et rappelle le rôle du pape comme arbitre de toute controverse religieuse. L’absence d’un Pontife Romain, en possession de l’autorité du Christ, fait cruellement défaut pour trancher les questions disputées. Elle nous fait penser à la barque de saint Pierre secouée dans la tempête : et Jésus dormait!

 

 

[L’unité de la foi dans la réaction à Vatican II]

 

 

Mes chers fidèles,

 

Recevez une nouvelle fois s’il vous plait nos remerciements pour vos nombreux sacrifices pour le séminaire. Le séminaire est la plus importante de toutes les activités apostoliques des prêtres traditionalistes, tout comme le coeur est l’organe le plus important du corps. Car c’est du coeur que dépend le bon fonctionnement des autres organes. Si le cerveau reste plus de trois minutes sans oxygène il commence à se détériorer. L’oxygène qui alimente le cerveau vient du sang qui est pompé par le coeur.

Semblablement, le séminaire envoie du sang frais dans l’apostolat des différents prêtres répartis dans le monde. Alors que l’âge prélève sa taxe sur le clergé, les jeunes doivent être présents pour prendre la barre en main.

J’ai dit de nombreuses fois que les séminaristes doivent être bien mieux formés aujourd’hui qu’en temps normal. En un certain sens, ils doivent tout savoir car il n’y pas d’expert ou de chancellerie pouvant être consulté comme dans le passé. Certes, les jeunes prêtres consultent les plus âgés, mais il n’y a pas de substitut à l’organisation pré-Vatican II où il y avait dans chaque diocèse des prêtres experts, chacun en son domaine propre, que ce soit le droit canon, la sainte liturgie, la théologie dogmatique ou la théologie morale.

Les jeunes prêtres doivent aussi continuer le combat contre le modernisme, et contre les erreurs qui se trouvent même dans le camp traditionaliste. Être prêtre aujourd’hui n’est pas une tâche aisée. C’est pour cette raison que nous prenons leur formation très au sérieux.

 

Disputes d’évêques. Certains d’entre-vous on pu suivre le bras-de-fer que j’ai avec Monseigneur Dolan. Cela est très regrettable ; j’espère et je prie que nous puissions revenir à la  même entente que nous avions dans le passé.

Le principal point de contention est la thèse de Mgr. Guérard des Lauriers. Comme je l’ai dit dans une vidéo, le problème théologique criant auquel font face les sédévacantistes est de pouvoir expliquer l’apostolicité de l’Église - qui est un dogme - tout en affirmant que Bergoglio et ses évêques n’ont pas la juridiction pour enseigner, gouverner et sanctifier l’Église et sont donc un faux pape et de faux évêques.

Tandis que la vacance du siège de Rome ou d’un siège de diocèse ne porte pas atteinte à l’apostolicité, puisque ces vacances ont lieu de tout temps, il est cependant nécessaire à l’apostolicité de l’Église qu’il y ait un moyen légal pour élire un pape et nommer des évêques. En d’autres termes, il doit y avoir des personnes qui ont un droit légitime de voter et de nommer. Si cela disparaît, l’Église catholique disparaît. On serait alors obligé de nier l’indéfectibilité de l’Église, ce qui est hérétique.

Bien évidemment, la réponse à cette question est de suprême importance. C’est pour cette raison que chacun se campe fortement sur ses positions.

 

Les fidèles doivent comprendre qu’il y a unité de foi parmi les traditionalistes. Ce qui qui nous place tous dans le camp anti-Vatican II est l’adhésion à la foi catholique à laquelle Vatican II et ses réformes s’opposent. Donc tous les opposants à Vatican II ont en commun la profession de la foi catholique. Cela n’est pas vrai chez les modernistes. La seule unité à laquelle le Novus Ordo puisse prétendre est une unité d’organisation à laquelle peuvent prétendre n’importe quelle firme ou même les plus petites sociétés. L’unité de foi n’existe pas chez eux. Non seulement le dogme est libre pour tous dans la religion de Vatican II mais, pis encore, ils ont brisé le lien d’unité avec la foi du passé, se rendant incapables d’être réellement les papes ou les évêques de l’Eglise catholique. Malheureusement, ils prétendent toujours être catholiques et pis encore, ils n’ont jamais été retranchés de l’Église catholique par une excommunication. Et cela est précisément le problème, car s’ils avaient formé leur propre église comme les Luthériens, ils ne pourraient pas tromper ainsi les catholiques sur leur véritable identité.

Mais l’unité de la foi catholique continue chez les catholiques opposés à Vatican II de toute tendances et groupes pourvu qu’ils rejettent les erreurs de Vatican II et ses réformes.

 

Les fidèles ne doivent pas s’attendre à voir la même unité parmi les catholiques qu'avant le Concile. Bien que tous les catholiques anti-Vatican II aient la même foi, ils diffèrent cependant sur de nombreux points qui ne constituent pas la foi mais qui restent très importants dans le combat contre le modernisme. L’un de ces points de dissensions est l’explication de l’apostolicité comme je l’ai mentionné, mais il y en a d’autres.

Le problème est qu’il n’y a pas d’autorité pour régler ces disputes, ce qui nous amène à la réflexion suivante.

 

Il n’y a pas de substitut pour le Pontife Romain. « Frappe le pasteur, et que le troupeau soit dispersé » (Zacharie XII, 7). L’Église catholique fonctionne avec une autorité qui est l’autorité du Christ dont le Pape est revêtu. Tous les catholiques, précisément parce qu’ils sont catholiques, écoutent le Pape. Un de ses devoirs est justement de régler les disputes théologiques. Depuis plusieurs décennies nous n’avons pas entendu la voix du pasteur, et par conséquent les catholiques ont beaucoup de sujets sur lesquels ils ne sont pas d’accord. Monseigneur Kelly faisait justement  remarquer que les désaccords entre catholiques traditionalistes sont en fait un signe de leur catholicisme en ce que les catholiques n’écoutent que le Pape et personne d’autre. En l’absence de pape, ils commencent à se quereller.

 

Ces disputes n’interrompent pas la vie catholique au quotidien. Bien que les laïcs en particulier souhaitent voir tout le clergé d’accord, ils doivent admettre cependant que malgré ces disputes la vie continue. La messe continue, l'administration des sacrements continue, les prédications continuent, les écoles continuent et d’autres aspects de l’apostolat continuent également. Les laïcs doivent donc accepter ces disputes sans s’offusquer et ne pas se décourager. Parfois le temps soigne ces dissensions. Les laïcs doivent cependant s’efforcer de savoir qui a raison dans la discussion, mais il est souvent impossible pour eux de le discerner.

MHTS Newsletter - Décembre 2021

Par ailleurs, les laïcs ne doivent pas mettre de côté ces disputes théologiques comme de simples chicanes, ou comme autant de conflits personnels parmi le clergé, ou comme des disputes de politiciens. Ces disputes concernent des sujets importants. Beaucoup de vérités sont découvertes par des débats ouverts.

 

Quel est le but du mouvement traditionnel? Quand je lis les différents sites ou blogues de nombreux commentateurs traditionalistes de tout bord, je suis troublé par le fait que la majorité de ceux qui ont réagi aux changements de Vatican II désirent en fait coexister avec les modernistes. Nous devons mettre de ce nombre en premier lieu la Fraternité Saint Pierre et autres groupes semblables qui fonctionnent sous « l’autorité » de la hiérarchie Novus Ordo. Vient ensuite la Fraternité Saint Pie X avec la Résistance qui aspire à être un jour incorporée au Novus Ordo pourvu que les conditions soient satisfaisantes. Il y a aussi les nombreux prêtres qui jusqu’à récemment ont célébré la messe traditionnelle avec la permission que leur donnait le document Summorum Pontificum maintenant aboli.

J’ai lu récemment sur Rorate Caeli, un blogue moderniste conservateur, le texte d’un prêtre en Allemagne qui remerciait le « Saint-Père » de sa « clémence » à ne pas supprimer absolument tous les rites traditionalistes.

Ce que j’ai ainsi décrit constitue peut-être 90% du mouvement traditionaliste. Les sédévacantistes sont une petite minorité en comparaison. Seuls eux ne souhaitent pas de place dans le panthéon du Novus Ordo. Seuls eux insistent pour dire que Vatican II doit être anéanti et la fausse hiérarchie démasquée.

La plupart des tenants de blogues sur internet, particulièrement les modernistes conservateurs, ne font rien d’autre que de se plaindre. Ils sont enthousiastes à montrer les horreurs du Novus Ordo. Ils me rappellent les magazines « sensationnels » à la sortie des supermarchés. Un de ces sites s’occupe principalement de ressortir au grand jour les histoires de moeurs des modernistes et des traditionalistes.

Je trouve tout cela déprimant. C’est déprimant parce que ces gens qui ont eu la grâce et le bon sens de réagir à Vatican II regardent toujours ces prélats et ce clergé comme représentant d’une façon ou d’une autre l’Église catholique. Ils les considèrent comme ayant le pouvoir d’enseigner, de gouverner et de sanctifier l’Église en tant que représentant le Christ sur terre. Ils aspirent à leur être assujettis et à être reconnus par eux s’ils ne le sont déjà.

Ces gens voient comme la solution à nos problèmes le fait de confier la protection et la préservation de la foi catholique à ces hérétiques modernistes.

Même l’Archevêque Novus Ordo, Monseigneur Viganò, qui a des analyses très claires quant aux problèmes de Vatican II, n’offre pas de solution si ce n’est de « reconnaître et de résister ». Cependant, tout autant que vous voulez résister, le fait de résister implique que vous voyiez la  religion Novus Ordo comme un catholicisme alternatif, peut-être un catholicisme imparfait mais pas quelque chose qui soit un changement substantiel avec le passé. Autrement, si on reconnaît qu’il y a rupture avec le passé, il est impossible de reconnaitre la hiérarchie Novus Ordo comme ayant l’autorité.

L’autorité par sa nature propre demande l’obéissance. C’est le corrélatif de l’autorité, tout comme une vis est le corrélatif d’un tournevis. Le Pape est la plus haute et l’ultime autorité sur terre. Il est impossible de tenir cet homme pour le Pape et en même temps de ne pas être poussé à lui obéir.

Un satellite peut tourner autour de la terre et rester dans l’espace pendant longtemps, mais il subit l’attraction constante de la terre et il finira par ralentir et retournera fatalement vers la terre. La même chose est vraie de ceux qui reconnaissent la hiérarchie Novus Ordo comme ayant autorité. Ils ne peuvent pas regarder comme illégitimes les réformes de Vatican II et en même temps accepter ces hommes comme ayant le pouvoir du Christ pour gouverner l’Église. Le centre de gravité du « pape » les fera revenir vers le panthéon du Novus Ordo.

De plus, est-ce que ces traditionalistes qui reconnaissent Bergoglio réalisent ce qu’ils font ? En aspirant à faire partie du panthéon Novus Ordo, ils sont prêts à confier à ces monstres modernistes la préservation de la foi catholique, ainsi que ses disciplines et sa liturgie. Je comparerai cette attitude à confier la garde de votre enfant à un pervers connu comme tel.

N’est-il pas temps pour tous les traditionalistes de regarder en face la réalité des soixante ans de Vatican II? Le récent Traditionis Custodes (haha!) n’a-t-il pas montré combien les modernistes haïssent la foi catholique et ses traditions ? Allons-nous confier cette foi sacrée qui fut attestée et préservée par le sang d’innombrables martyrs aux mains de ces hérétiques prisonniers du Vatican?  Allons-nous laisser la préservation de la foi et de la liturgie être sujette aux caprices changeants de tel ou tel « pape » Novus Ordo ?

Le faire serait un crime. Ce serait confier l’Enfant Jésus au roi Hérode.

 

Sincèrement vôtre dans le Christ,

 

Monseigneur Donald J. Sanborn

Partager cet article

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 > >>