Une Analyse de la Nouvelle Ecclésiologie (1/5)

Publié le par Études Antimodernistes

Aperçu de la Nouvelle Ecclésiologie


Par Mgr Donald J. Sanborn


Catholique Restauration, Sept-Oct 2004

EtudesAntimodernistes.fr, Avril 2016


L'Enseignement de Vatican II sur la Nature de l’Église,

sur Ceux qui y Appartiennent, et sur le Salut en Dehors de l’Église,

est explicitement hérétique.



I. Un sujet Négligé


Les traditionalistes ont fait beaucoup de bruit, dans leur lutte contre Vatican II, à propos de la Messe, de l'œcuménisme et de la liberté religieuse. Il est vrai que dans ces domaines, Vatican II et ses effets se sont éloignés de l'essence de la Foi Catholique. Il y a, cependant, un sujet qui reçoit peu d'attention, bien qu'il comporte des hérésies flagrantes et audacieuses. Il s'agit de la nouvelle ecclésiologie.

L'ecclésiologie est la doctrine concernant la nature de l’Église. L’Église Catholique est une institution divine, fondée par le Christ, qui lui a donné une constitution ou essence spécifique. S'éloigner de cette constitution ou essence, c'est former une fausse église. Une organisation qui prétend être une église chrétienne doit prouver que sa constitution ou essence est celle voulue par le Christ pour son Église. Elle doit avoir essentiellement la doctrine, le culte, et les disciplines que le Christ a voulus pour son Église, et doit également avoir ses caractéristiques essentielles, telle qu'une hiérarchie qui remonte aux Apôtres.

Ce que je viens de décrire est la méthode classique utilisée par l’Église pour prouver qu'elle est la véritable Église du Christ. Cela appartient à la science de l'Apologétique.

Vatican II n'a reçu de critique analytique que progressivement. Quand Vatican II est arrivé, presque tous les catholiques lui ont accordé le bénéfice du doute, mais en même temps ont senti, certainement, qu'il y avait quelque chose de très profond qui n'allait pas dans l’Église pendant et après Vatican II. Par analogie, on a tendance à croire notre médecin quand il nous dit que nous n'aurons pas d'effets secondaires néfastes avec un nouveau médicament. Mais lorsque de graves effets secondaires surviennent, la réalité à laquelle on est confronté surmonte la foi que nous avions dans la parole du médecin. Ainsi, lorsque la hiérarchie qui a engendré Vatican II nous a dit que rien d'essentiel n'avait changé, nous avions tendance à la croire. Mais lorsque les changements furent progressivement appliqués, et que les indices montraient de plus en plus que Vatican II était une pilule de poison mortel, nous avons pris progressivement du recul vis-à-vis de Vatican II et de ses causes. En fait, ce travail est loin d'être terminé. Il reste encore beaucoup à écrire à propos de Vatican II, en particulier à propos de ceux qui l'ont organisé et qui sont à l'origine de son contenu et de son développement.

La Messe étant l'expression sensible de la Foi Catholique, le contraste de la Messe traditionnelle avec la nouvelle a retenu davantage d'attention au fil des ans. En fait, beaucoup sont ceux qui pensent que le maintien de la Messe traditionnelle est une solution suffisante aux problèmes de l’Église. Ils ne voient aucun problème avec Vatican II, ou bien sont prêts à l'accepter avec une interprétation traditionnelle, afin de le sauver. La Messe, disent-ils, est le seul problème et donc la seule solution.

Mais ce qui nous a donné la Nouvelle Messe est Vatican II et la théologie hérétique sous-jacente du concile. L'esprit de Vatican II, c'est l'œcuménisme, qui est l'abandon de la notion même du dogme, la notion même de vérités révélées absolues et immuables. L'œcuménisme déteste les dogmes rigides de l’Église d'avant Vatican II. Selon l’œcuménisme, ces dogmes doivent avoir des lignes floues, et cohabiter, au moins dans leur sens et leur interprétation, avec les doctrines contradictoires des fausses religions.

L’œcuménisme est à la racine de tous les problèmes d'après Vatican II. L’œcuménisme ne pouvait tolérer une Église qui se dit la seule véritable Église du Christ, en dehors de laquelle il n'y a pas de salut. Il demandait une nouvelle ecclésiologie, selon laquelle l’Église serait considérée comme une « communion » à laquelle vous pouvez partiellement appartenir et partiellement ne pas appartenir. Le salut ne pouvait plus se limiter à l'Église catholique ; puisque vous ne pouvez pas faire d’œcuménisme avec ceux dont les religions conduisent en enfer. Au contraire, toutes les religions mènent à Dieu plus ou moins directement. Toutes les religions ont une valeur.

Puisque la papauté est le plus grand obstacle à l’œcuménisme, comme l'a dit Montini (Paul VI) lui-même, il était clair qu'elle aussi devait disparaître. En conséquence, la collégialité fut enseignée par Vatican II, à savoir la doctrine selon laquelle l'autorité suprême de l'Église se trouve dans le collège ou corps épiscopal.

De même dans le domaine moral, l'œcuménisme ne pouvait pas tolérer une Église qui insistait à ce que la société civile la reconnaisse comme la seule véritable Église du Christ, à l'exclusion des autres. L’œcuménisme ne pouvait pas tolérer que l’État dise à ceux qui professent de fausses religions qu'ils n'ont pas le droit de professer ou de pratiquer ces fausses religions, puisque le faire serait une insulte à Dieu. Par conséquent, le concile a enseigné la doctrine de la liberté religieuse.

Nous disons donc qu'il y a quatre hérésies majeures dans Vatican II : (1) l’œcuménisme lui-même, qui est la racine des suivantes ; (2) la nouvelle ecclésiologie ; (3) la collégialité ; (4) la liberté religieuse.

La Nouvelle Messe n'est qu'une conséquence de l'œcuménisme dans le domaine de la liturgie. Il n'y aurait pas de Nouvelle Messe si l'œcuménisme n'avait pas été triomphant dans l'esprit du clergé de Vatican II.

Après l'hérésie même de l'œcuménisme - je pense qu'apostasie serait un terme plus approprié - la liberté religieuse est celle qui a retenu le plus d'attention, comme étant le point sur lequel Vatican II s'écarte de la tradition. Il est vrai que cela constitue une rupture, et ceci par une contradiction frappante avec les enseignements de papes récents sur cette question.

L'implication est, cependant, qu'il n'y aurait pas de problème avec Vatican II, en dehors de l'œcuménisme et de la liberté religieuse. Or il y a deux autres hérésies très importantes, hérésies qui ouvrent la porte aux abominations œcuméniques : la nouvelle ecclésiologie et la collégialité.

Ici , nous nous intéresserons seulement à la nouvelle ecclésiologie.


II. L'Ecclésiologie Traditionnelle


Il n'y a qu'une seule Église du Christ, et c'est l'Église Catholique Romaine. C'est la seule vraie Église en dehors de laquelle il n'y a pas de salut.

Sont membres de l’Église catholique romaine ceux qui sont validement baptisés, et qui ne l'ont pas quittée par (a) le péché d'hérésie, (2) le péché de schisme, (3) la censure d'excommunication. Ceux qui sont validement baptisés dans des sectes non-catholiques sont présumés par la loi de l’Église participer et consentir aux péchés d'hérésie et / ou de schisme de leurs sectes respectives. En privé, cependant, ils peuvent être non coupables de ces péchés, à cause de l'ignorance invincible de la vraie Foi, auquel cas ils peuvent appartenir à l’Église catholique par désir, à condition qu'ils remplissent d'autres conditions. Dans ce cas, leur adhésion à l'Église catholique romaine par désir est suffisante pour le salut.

L’Église catholique romaine est absolument et exclusivement identifiée avec le Corps Mystique du Christ. Ils sont une seule et même chose. Il n'y a pas de distinction à faire. Le Corps Mystique est l'Église catholique romaine considérée par comparaison avec le corps physique du Christ, dans lequel Il est la Tête et nous les membres.

Les choses suivantes sont absolument requises pour appartenir à l’Église catholique romaine et au Corps mystique du Christ : (1) professer toutes les vérités qui sont enseignées par l'Église comme appartenant à la foi, et (2) être soumis au Pape comme chef visible de l'Église. Si l' une de ces conditions est manquante, on ne peut pas être membre de l’Église catholique romaine.

L’Église catholique romaine étant l'unique Église du Christ, elle est le moyen unique du salut. Aucune autre église n'a les moyens de mener les gens vers le ciel. Bien qu'il soit vrai que les fausses églises puissent avoir certains éléments de vérité naturelle et surnaturelle, et dans certains cas des sacrements valides, ces éléments sont insuffisants pour mener les gens au ciel. Ils sont en effet mélangés avec de fausses doctrines empoisonnées qui, si elles sont crues avec orgueil et obstination, conduiront nécessairement en enfer. Tous les « éléments de vérité » du monde ne font pas une vraie religion, ni un moyen de salut. Par analogie, avoir de nombreux éléments d'une automobile ne fait pas un véhicule viable qui vous amènera à votre destination. Un avion qui a seulement certains « éléments » de ce qu'un avion doit avoir nécessairement va s'écraser et brûler à la fin de la piste, ainsi que toutes les personnes qui s'y trouvent. La seule façon dont les gens qui adhèrent à ces fausses religions peuvent éviter le résultat inévitable d'être sur un bateau qui coule, est si elles adhèrent à la vraie foi par désir, au moins implicite, et adhèrent à la fausse religion sans aucune faute de leur part. Mais ils doivent remplir de nombreuses autres conditions afin d'obtenir la justification de leurs âmes et persévérer dans la grâce.


III. La Nouvelle Ecclésiologie


En contraste à cette doctrine simple et logique concernant la nature de l’Église catholique, et l'obligation d'y appartenir, les Modernistes ont concocté une nouvelle doctrine, une nouveauté, une hérésie.

La nouvelle ecclésiologie est, comme je l'ai dit, un produit de l'œcuménisme. L'œcuménisme est incompatible avec l'ecclésiologie que je viens de décrire, selon laquelle toutes les religions non-catholiques sont perçues comme des épaves, des Titanics destinés à la vase sous-marine. La manie de l'œcuménisme a conduit les théologiens progressistes, dès les années 1930, vers une théologie selon laquelle toutes les religions ont une certaine valeur, dans la mesure où elles possèdent toutes quelques vérités religieuses.

Dom Beauduin, bénédictin, était un des pionniers de cette idée. Mais le plus important était Henri de Lubac, dont la théologie a été condamnée sous Pie XII, mais qui est devenue plus tard l'enseignement même du Concile sous Montini/Paul VI. De Lubac a ensuite été fait « cardinal » par Wojtyla/Jean-Paul II. Yves Congar, dominicain, était aussi influent. Ratzinger (plus tard « Benoît XVI ») est devenu le plus célèbre de tous les promoteurs de la nouvelle ecclésiologie, en écrivant deux documents majeurs qui la décrivent : Lettre aux Évêques de l'Église Catholique sur Certains Aspects de l'Église Comprise comme Communion, en 1992 ; et Dominus Jesus, en l'an 2000. Les deux documents ont été approuvés et signés par Wojtyla/Jean-Paul II. Ils contiennent tous les deux des hérésies explicites concernant l’Église.


Qu'est-ce que la nouvelle ecclésiologie? En voilà un résumé :

    • L’Église du Christ et l’Église Catholique Romaine ne sont pas une seule et même chose, puisque les églises non-catholiques appartiennent à l'Église du Christ, mais pas à l’Église Catholique.

    • L’Église du Christ « subsiste dans » l’Église Catholique Romaine, dans la mesure où l’Église Catholique Romaine a la « plénitude » de tous les éléments de l’Église du Christ.

    • L’Église du Christ, bien qu'elle ne subsiste pas dans les églises non-catholiques, parce que celles-ci n'ont pas la « plénitude », se trouve néanmoins dans ces églises non-catholiques d'une manière imparfaite.

    • Les églises non-catholiques sont donc vraiment des « églises particulières » qui forment, ensemble avec l'Église Catholique Romaine, l'unique Église du Christ.

    • L’Église Catholique Romaine est en « communion partielle » avec ces églises non-catholiques, dans la mesure où elles ont des éléments de l’Église du Christ, tels que des sacrements valides et quelques vraies doctrines.

    • Les églises non-catholiques sont des « moyens de salut » dans la mesure où elles préservent les éléments authentiques de l’Église du Christ.

    • Dans ces églises non-catholiques qui ont une Eucharistie valide (par exemple, chez les grecs orthodoxes), l’Église une, sainte, catholique et apostolique devient présente à chaque fois qu'ils offrent une Eucharistie valide.

    • Les églises non-catholiques qui ne sont pas soumises au Pontife Romain (c'est-à-dire toutes) sont « blessées » en raison de ce manque de soumission. Elles continuent, cependant, malgré leur répudiation de la primauté romaine, d'être des « églises particulières » c'est-à-dire des églises membres de la grande Église du Christ.



IV. Analyse et Critique


La nouvelle ecclésiologie réduit l’Église du Christ à un amalgame de nombreuses églises différentes ayant des doctrines, disciplines et hiérarchies différentes et opposées. L'appartenance à cette grande et vaste Église du Christ se fait par degrés. Plus vous avez d'éléments, mieux c'est, et plus vous êtes proche de la « plénitude » qui se trouve dans l’Église catholique romaine.

C'est comme le loto. Si votre carte a tous les numéros, vous avez la « plénitude » - vous avez carton plein. Mais même si vous manquez le carton plein, vous pouvez avoir deux lignes pleines, ou une ligne. Bien que vous n'ayez pas carton plein, votre carte a néanmoins quelque valeur, puisque vous avez une collection imparfaite de ce qui fait un carton plein.

Tout dans cette nouvelle ecclésiologie est une affaire de « partiel » et « complet ». Vous êtes partiellement Église du Christ si vous êtes non-catholique, mais pleinement si vous êtes catholique. Les catholiques sont en « communion partielle » avec les non-catholiques, mais seront sans doute un jour en « pleine communion, » à savoir, le jour où le modernisme aura suffisamment détruit la foi pour que les gens ne se soucient plus de savoir s'ils sont protestants, orthodoxes ou catholiques. De même ces églises non-catholiques sont des moyens de salut dans la mesure où elles possèdent des sacrements valides et de vraies doctrines. Ceci est aussi stupide que de dire qu'un avion a la capacité de vous emmener en Europe dans la mesure où il a un demi-réservoir de carburant. Le fait qu'il manque l'autre moitié du carburant signifie que vous et vos compagnons de voyage allez être la nourriture d'animaux aquatiques aveugles qui habitent les sombres profondeurs de l'Océan Atlantique.

En d'autres termes, la véritable Église du Christ n'est pas une collection d'éléments vrais, comme un tas de pierres, mais est une essence unie, une seule chose, tout comme le Christ, sa tête, est une Personne. Ce qui est en dehors du Christ ne peut pas être « partiellement le Christ. » Vous ne pouvez pas être un membre du Christ partiellement, et partiellement ne pas l'être, pas plus que vous ne pourriez être partiellement le fils de quelqu'un, et partiellement non. L'essence n'admet pas de degrés ou de parties séparables. Soit toute l'essence (nature) est là, soit rien du tout. Imaginez une boulangerie qui annoncerait qu'elle vend un produit « avec des éléments de vrai pain. » Imaginez une compagnie aérienne qui se vanterait d'une flotte d'avions qui possèdent des « éléments de vrais avions, » ou fanfaronnerait que ses pilotes aient « des éléments d'une véritable formation de pilotes. » Imaginez qu'un serveur mette un steak devant vous, et dise qu'il provient d'un animal qui avait des « éléments de vraie vache. » Je pense que c'est assez clair.

Des « éléments » de la véritable Église du Christ ne font pas d'une fausse secte un membre partiel de l’Église du Christ. Les « éléments » sont volés, comme un butin, à l'Église catholique. Ce sont de fausses églises, des sectes, et leur utilisation de la doctrine catholique et des sacrements catholiques est sous faux prétexte et est sacrilège. Elles mentent grossièrement quand elles se présentent comme le vrai Christianisme, et leur mensonge doit être exposé et condamné.

Mais laissons les Papes parler. J'ai préparé une comparaison en trois colonnes entre la nouvelle ecclésiologie et l'ecclésiologie traditionnelle. Dans la troisième colonne, je tire la conclusion de la comparaison.

J'ai réduit la comparaison des deux systèmes à quatre questions :

  • Les églises schismatiques et / ou hérétiques font-elles partie de l’Église du Christ ?

  • Est-il possible de faire partie de l’Église du Christ sans être soumis au Pape ?

  • Est-il vrai qu'à chaque célébration valide de l'Eucharistie, l’Église une, sainte, catholique et apostolique devient présente ?

  • Le Saint-Esprit utilise-t-il les sectes schismatiques et / ou hérétiques comme moyen de salut ?

Lisez-le document, et voyez si vous pouvez honnêtement dire que Vatican II n'est pas coupable d'hérésie.


[Note d'EtudesAntimodernistes.fr : Le document dont il est ici question est une étude comparative de l'enseignement de Vatican II avec le Magistère de l’Église. Elle est divisée en quatre questions. Nous publierons chacune de ces questions une par une dans les semaines qui suivent. Puis nous mettrons en ligne un document complet reprenant toutes ces questions, sous la forme d'un tableau semblable à l'original anglais.]

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Une Messe Sans Consécration Approuvée par JP II

Publié le par Études Antimodernistes

Par Monseigneur Donald J. Sanborn

 

MHT Seminary Letter to Benefactors, Février 2002.

EtudesAntimodernistes.fr, Mai 2016.

 

Jean Paul II Approuve une Messe

qui Ne Comporte Pas de Consécration

 

Le 20 Juillet 2001, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le remplacement du Saint-Office dans le Novus Ordo, a publié un document qui dévaste toute la doctrine sacramentelle catholique. Le document n'a été rendu public qu'en Octobre 2001.

 

Le document s'intitule Guidelines for Admission to the Eucharist between the Chaldean Church and the Assyrian Church of the East (Lignes Directrices pour l'Admission à l'Eucharistie entre l’Église Chaldéenne et l’Église Assyrienne d'Orient). Le texte original du Vatican est en anglais.

 

L'Église Assyrienne d'Orient à laquelle le document se réfère est un groupe du Moyen-Orient, qui était à l'origine catholique, mais qui a adopté l'hérésie du nestorianisme, à la fin du cinquième siècle. Elle est plus communément appelée l’Église Nestorienne. L'hérésie Nestorienne, du nom de son fondateur Nestorius, soutient que dans le Christ il y a deux personnes, l'une humaine et l'autre divine. Les Nestoriens sont particulièrement connus pour le fait de nier que Notre-Dame est la Mère de Dieu. Cette doctrine et son auteur furent condamnés au concile d’Éphèse en l'an 431. Au XVIIIe siècle, une partie d'entre eux firent scission et voulurent retourner à Rome. Ils furent acceptés, et sont connus sous le nom de Catholiques Chaldéens.

 

Jean-Paul II, dans son empressement maniaque à faire de l’œcuménisme, a signé une Déclaration Christologique Commune avec cette Église Nestorienne hérétique et schismatique en 1994. Cette déclaration est sensée avoir effacé les différences doctrinales entre le nestorianisme et le catholicisme. Rappelez-vous la Déclaration Commune similaire avec les luthériens, qui, selon Wojtyla, accomplit l'unité sur la question de la justification, mais qui revient en fait à mettre le Concile de Trente à la poubelle.

 

Ainsi, maintenant que les fidèles du Novus Ordo et les Nestoriens sont d'accord en ce qui concerne le Christ et Sa mère, rien ne s'oppose plus à une intercommunion entre eux.

 

Le document, qui a été explicitement approuvé par Wojtyla, permet aux catholiques chaldéens d'assister aux messes des Nestoriens, et d'y recevoir la communion.

 

Cela n'a cependant rien de nouveau. Vatican II a permis un tel comportement hérétique et sacrilège pour les catholiques, et le Code de droit canonique de 1983 autorise expressément cette pratique dans certains cas.

 

Il y a, néanmoins, un détail étonnant à propos de cet acte œcuménique. De l'aveu même du Vatican, les Nestoriens n'ont pas de formule de consécration dans leur anaphore (canon) de la messe. Leur prêtre ne récite jamais les paroles de la consécration, « Ceci est mon Corps, » « Ceci est le calice de Mon sang... » ni les mots suivants. Et il ne récite rien non plus d'équivalent.

 

Le texte du Vatican affirme :

La principale difficulté pour l’Église catholique d'accepter cette demande, était liée à la question de la validité de l'Eucharistie célébrée avec l'anaphore d'Addai et Mari, l'une des trois anaphores traditionnellement utilisées par l’Église Assyrienne d'Orient. L'anaphore d'Addai et Mari est remarquable parce que, depuis des temps immémoriaux, elle a été utilisée sans récitation du Récit de l'Institution.

 

Par « Récit de l'Institution, » ils entendent ce que les catholiques appellent communément la formule de consécration, c'est-à-dire les mots essentiels qui sont la forme du sacrement. Dans l'Église Catholique, par l'institution du Christ lui-même, la formule est « Car ceci est Mon Corps » pour la consécration du pain, et « Ceci est le calice de Mon Sang, de la nouvelle et éternelle alliance, le mystère de foi, qui pour vous et pour beaucoup sera répandu pour la rémission des péchés » pour la consécration du vin.

 

Ni ces mots, ni rien de semblable, ne se trouvent dans la liturgie nestorienne. Dans leurs liturgies, l'un des canons ou « anaphore » qu'ils utilisent est la très ancienne Anaphore d'Addai et Mari1. Dans cette anaphore, on ne trouve pas les paroles de la consécration que Notre Seigneur a utilisé à la dernière Cène. Il n'y a même rien d'équivalent. Mais les mots suivant prennent la place de la consécration :

O Seigneur, que votre saint Esprit vienne et repose sur cette offrande de vos serviteurs, et la bénisse et la sanctifie : afin qu'elle soit pour nous, ô Seigneur, la propitiation des fautes et la rémission des péchés et la grande espérance de la résurrection d'entre les morts et une nouvelle vie dans le royaume des cieux avec tous ceux qui sont agréables à Vos yeux.

 

Belles paroles, certes, mais malheureusement, qui ne produisent pas le sacrement. Ces mots sont une formule présente dans toutes les liturgies de rite oriental connu sous le nom d'épiclèse, qui est une invocation au Saint-Esprit pour bénir et sanctifier le pain et le vin. Les grecs orthodoxes soutiennent que sans l'épiclèse il n'y a pas sacrement valide.

 

 

La Substance des Sacrements

 

Il est de foi que le Christ a institué les sacrements. Nous devons y croire par la foi surnaturelle. Cela signifie qu'il a donné aux sacrements leur nature, leur substance. Il a fait cela en assignant l'utilisation d'un certain élément physique en conjonction avec certains mots. Dans certains cas, il a spécifié à la fois l'élément et les mots, comme pour le Baptême et l'Eucharistie. Dans d'autres cas, il a expliqué aux Apôtres la nature du Sacrement, a déterminé en général l'élément et les mots, et a laissé à l’Église la détermination des éléments et des mots spécifiques.

 

L’Église enseigne qu'Elle n'a pas le pouvoir de changer ce qui se rapporte à la substance des sacrements2.

 

Il est communément admis par les théologiens que dans les sacrements dans lesquels notre Seigneur n'a pas déterminé précisément l'élément et les mots, l’Église est libre de modifier ces choses, à condition que la substance, c'est-à-dire la nature ou l'essence, du sacrement reste la même.

 

Les premiers Pères de l’Église parlent toujours d'un élément physique et de certains mots utilisés avec celui-ci pour la confection des sacrements.

 

Au cours des siècles, les théologiens commencèrent à appeler l'élément physique la matière du sacrement, et les mots la forme du sacrement. Bien que les termes matière et forme ne sont pas de foi, ils sont directement déduits de la foi, qui est que le Christ a déterminé la substance des sacrements. Pour que le sacrement ait une substance, une nature, une essence, elle doit être spécifiée d'une manière ou d'une autre, et cette spécification résulte d'une matière et d'une forme déterminées.

 

Par exemple, l’Église ne peut pas approuver l'utilisation du lait ou du vin comme la matière pour le baptême. Elle ne peut pas approuver l'utilisation des cendres comme la matière pour la confirmation. Pourquoi ? Parce que ces éléments ne signifieraient pas ce que le Christ a déterminé comme substance de ces sacrements.

 

De même, l’Église ne peut pas modifier les paroles du sacrement d'une manière telle qu'ils ne transmettraient plus le sens voulu par le Christ. Le pape Léon XIII a raisonné ainsi quand il a déclaré que la forme anglicane de l'Ordre était défectueuse et invalide, car insuffisamment spécifique. En d'autres termes, elle n'exprimait pas la substance du sacrement3.

 

Supposons un instant, pour les besoins du raisonnement, que Jean-Paul II soit un vrai pape. Étant donné qu'il a abandonné les paroles de la consécration, la forme du sacrement de l'Eucharistie, il nous faudrait conclure une de ces deux choses :

  • Les paroles du Christ à la dernière Cène n'appartiennent pas à la substance de la Sainte Eucharistie, ou

  • Les paroles du Christ à la dernière Cène appartiennent à la substance de la Sainte Eucharistie, mais l’Église a le droit de modifier la substance des sacrements.

Il n'y a pas de troisième possibilité. Or chacune de ces deux conclusions est contraire à l'enseignement et à la pratique immémoriale de l’Église catholique, et contre le consentement unanime des Docteurs et des théologiens de l’Église, ainsi que contre toute la tradition liturgique de l'Église catholique.

 

La première conclusion, que les paroles du Christ n'appartiennent pas à la substance du sacrement, est contraire au Concile de Florence, qui a déclaré :

Les paroles du Sauveur, par lesquelles il a institué ce sacrement, sont la forme de ce sacrement ; car le prêtre parlant en la personne du Christ effectue ce sacrement. Car, par la puissance des mots mêmes la substance du pain est changée en corps du Christ, et la substance du vin en sang ; cependant d'une manière telle que le Christ est contenu entier sous l'espèce du pain, et entier sous l'espèce du vin4.

 

Elle est en outre contraire à l'enseignement du Pape Pie XII dans Mediator Dei :

L'immolation non sanglante aux paroles de la consécration, quand le Christ est rendu présent sur l'autel dans l'état d'une victime, est effectuée par le prêtre et par lui seul, en tant que représentant du Christ et non en tant que représentant des fidèles.

 

La deuxième conclusion, que l'Église puisse changer la substance d'un sacrement, est contraire au concile de Trente :

Il [le Concile] déclare en outre que cette puissance a toujours été dans l'Église, que, dans l'administration des sacrements, à l'exception de leur substance, elle peut déterminer ou modifier tout ce qu'elle peut juger être plus opportun pour le bénéfice de ceux qui les reçoivent ou pour la vénération des sacrements, selon la diversité des circonstances, des temps et des lieux5. [italiques ajoutés]

 

Elle est également contraire à l'enseignement du pape Pie XII contenue dans Sacramentum Ordinis :

Et à la place de ces sacrements institués par le Christ Seigneur l’Église au cours des siècles n'a pas, et ne pourrait pas substituer d'autres sacrements, puisque, comme le Concile de Trente l'enseigne, les sept sacrements de la nouvelle loi ont été tous institués par Jésus-Christ, notre Seigneur, et l'Église n'a aucun pouvoir sur la « substance des sacrements, » c'est-à-dire sur ces choses que, selon le témoignage des sources de la révélation divine, le Christ Seigneur a lui-même décrétées comme devant être conservées dans un signe sacramentel…

 

En ce qui concerne la forme de la Sainte Eucharistie, le Catéchisme du Concile de Trente, promulgué par saint Pie V, déclare :

Nous sommes alors enseignés par les saints Évangélistes, Matthieu et Luc, et aussi par l'Apôtre, que la forme consiste en ces mots : Ceci est mon corps ; car il est écrit : Alors qu'ils étaient à souper, Jésus prit du pain, le bénit, et le rompit, et le donna à ses disciples, et dit : Prenez et mangez, Ceci est mon corps.

Cette forme de consécration ayant été observée par le Christ Seigneur a toujours été utilisée par l’Église catholique. Les témoignages des Pères, dont l'énumération serait sans fin, ainsi que le décret du Concile de Florence, qui est bien connu comme accessible à tous, doivent être ici omis, d'autant plus que la connaissance qu'ils véhiculent peut être obtenue à partir de ces paroles du Sauveur : Faites ceci en mémoire de moi. [Italiques dans l' original].

 

Maintenant, je le demande, comment peut-on dire que les paroles du Christ n'appartiennent pas à la substance de la forme de la Sainte Eucharistie ?

 

Concernant la forme sacramentelle, le pape Léon XIII a déclaré dans Apostolicae Curae, au sujet de l'invalidité des ordres anglicans :

En outre, il est bien connu que les sacrements de la Loi Nouvelle, étant des signes sensibles qui causent une grâce invisible, doivent à la fois signifier la grâce qu'ils causent et causer la grâce qu'ils signifient. Mais, cette signification, si elle doit se trouver dans le rite essentiel dans son ensemble, c'est-à-dire, dans la matière et la forme ensemble, appartient principalement à la forme ; car cette matière est par elle-même la partie indéterminée, qui devient déterminée par la forme.

 

Où, dans la « forme » utilisée par l'Anaphore d'Addai et Mari, le Corps et le Sang du Christ sont-ils signifiés ? Elle ne mentionne même pas le Corps et le Sang du Christ !

 

 

Conséquences Désastreuses

 

Du point de vue théologique, déclarer que ce rite nestorien est valide aura des conséquences désastreuses de longue portée. Dans l'ordre pratique, cela ruine l'enseignement de l’Église sur la nécessité de la matière et de la forme pour les sacrements. Cela attribue en outre à « l’Église », aux yeux de millions de personnes qui considèrent Jean Paul II comme pape, le pouvoir de modifier la substance des sacrements.

 

Cette catastrophe est confirmée par la prétendue justification qu'ils présentent pour la déclarer valide. Ils donnent trois arguments. Je cite leur texte et commente.

 

Premier argument : « En premier lieu, l'anaphore d'Addai et Mari est l'une des anaphores les plus anciennes, remontant à l'époque de l'Église primitive même ; elle fut composée et utilisée avec l'intention claire de célébrer l'Eucharistie en pleine continuité avec la Dernière Cène et selon l'intention de l’Église ; sa validité n'a jamais été officiellement contestée, ni dans l'Orient chrétien, ni dans l'Occident chrétien. »

 

Commentaire : Il est faux de dire que cette anaphore date de l'Église primitive. Le Dictionnaire d'Archéologie Chrétienne et de Liturgie dit que la tradition nestorienne attribue au patriarche Jesuyab III, autour du début du septième siècle, la détermination finale de la liturgie que nous connaissons comme l'anaphore d'Addai et Mari6. Il est vrai de dire que le christianisme (le catholicisme) fut implanté en Mésopotamie (Irak actuel) très tôt. Si cette anaphore, cependant, date du septième siècle, elle date d'environ deux cents ans après la chute de cette région dans l'hérésie nestorienne. En outre, il est tout simplement faux de dire que la validité n'a pas été officiellement contestée. Lorsque certains Nestoriens voulurent retourner à Rome, on leur permit de conserver cette anaphore, mais on leur demanda d'y insérer les paroles de la consécration. La même chose fut faite dans le cas de ceux qui revinrent de la secte Syro-Malabare en Inde, qui avait été évangélisée par l’Église Nestorienne, et qui utilisait cette « Messe » sans consécration.

 

Deuxième argument : « En second lieu, l’Église Catholique reconnaît l’Église Assyrienne d'Orient comme une véritable Église particulière, construite sur la foi orthodoxe et la succession apostolique. L’Église Assyrienne de l'Est a également préservé la foi eucharistique complète en la présence de Notre Seigneur sous les espèces du pain et du vin et dans le caractère sacrificiel de l'Eucharistie. »

 

Commentaire : Cette affirmation est presque entièrement fausse. La reconnaissance d'une secte hérétique et schismatique comme une Église particulière est une application de l'hérésie de Vatican II concernant l'Église, au sujet de laquelle j'ai déjà parlé en beaucoup d'autres endroits. La vérité est que l’Église catholique, contrairement aux occupants modernistes du Vatican, considère l’Église Nestorienne comme une secte hérétique et schismatique. Les nestoriens n'ont pas la foi orthodoxe. Nous avons déjà signalé qu'ils adhèrent à une hérésie blasphématoire condamnée en 431. Ils n'abandonnèrent ni ne répudièrent pas cette hérésie dans leur soi-disant Déclaration Christologique Commune. Ce document consiste simplement en une série de déclarations ambiguës qui forment un long charabia théologique. En outre, ils disent qu'il n'y a que cinq sacrements, l'extrême-onction et le mariage ne figurant pas sur leur liste. Ils rejettent l'autorité du Pontife Romain et croient au divorce et remariage. De plus, ils n'ont pas conservé la foi catholique en la Sainte Eucharistie, puisqu'ils croient, comme les luthériens, que la Sainte Eucharistie est à la fois du pain et le Corps du Christ. En d'autres termes, ils ne croient pas à la Transsubstantiation. Ils croient, cependant, en la nature sacrificielle de l'Eucharistie. Ils n'ont pas non plus de succession apostolique, puisqu'ils sont séparés de Rome. Ils n'ont même pas ce qui est connu comme la succession apostolique matérielle, puisque cela ne s'applique qu'aux schismatiques orientaux qui ont conservé une ligne de successeurs sur des sièges fondés par les apôtres, comme Antioche et Alexandrie.

 

Troisième Argument : « Enfin, les paroles de l'Institution Eucharistique sont bien présentes dans l'anaphore d'Addai et Mari, non d'une manière narrative cohérente et ad litteram, mais plutôt d'une manière euchologique dispersée, c'est-à-dire qui est intégrée dans les prières successives d'actions de grâces, de louange et d'intercession. »

 

Commentaire : N'importe quoi. Il est vrai que l'anaphore fait référence au Corps et au Sang du Christ, et même dit que nous offrons à Dieu le Corps et le Sang du Christ, mais on ne trouve nulle part rien qui ne fasse qu'approcher de ce que les modernistes appellent le « Récit de l'Institution » et de ce que les catholiques appellent les paroles de la consécration. En fait, l'épiclèse de l'anaphore, l'invocation du Saint-Esprit, demande simplement la bénédiction et la sanctification de l'offrande, et non la transformation de l'offrande en Corps et Sang du Christ. Toutes les autres épiclèses dans les rites de l'Est, même parmi les schismatiques, demandent la transformation. Cet appel à la transformation est certainement insuffisant pour la validité, mais il est à noter que cette Anaphore d'Addai et Mari, que les modernistes ont déclarée valide, se distingue par le fait qu'elle ne mentionne même pas la transformation des éléments. La Dernière Cène n'est même pas évoquée dans cette anaphore, sauf peut-être par quelque référence obscure à une oblation offerte par les apôtres au Cénacle, juste après l'évocation de la veuve offrant son obole dans le Temple (Luc XXI: 3).

 

 

Rire Assuré

 

La cerise sur le gâteau pour cet horrible document est un commentaire final qui me fit éclater de rire quand je l'ai lu :

Lorsque des fidèles chaldéens participent à une célébration assyrienne de la Sainte Eucharistie, le ministre assyrien est chaleureusement invité à insérer les mots de l'Institution dans l'anaphore d'Addai et Mari, comme autorisé par le Saint-Synode de l'Église Assyrienne d'Orient.

 

Chaleureusement invité ! Cela revient à dire à quelqu'un : « Vous êtes cordialement invité à utiliser les paroles que le Christ a commandé dans l'administration du baptême. » Pensent-ils vraiment que quelqu'un prendra une telle déclaration au sérieux ? C'est un signe que les modernistes savent que ce qu'ils ont dit dans le document est un non-sens absolu, et qu'ils espèrent que les Nestoriens diront malgré tout une Messe valide.

 

 

Lourdes Conséquences Théologiques

 

Ce document ouvre la porte à toutes sortes de possibilités pour les modernistes. Il détruit, comme nous l'avons vu, toute la théologie catholique concernant les sacrements en général et la Sainte Eucharistie en particulier.

 

Si nous appliquons leurs critères concernant la validité des sacrements, au lieu des critères de l’Église catholique, la porte s'ouvre à la validité des ordres anglicans, des ordres luthériens, et même des femmes prêtres. Tout ce dont vous avez besoin est d'avoir utilisé le rite pendant une longue période, et d'avoir ce que les modernistes appellent une « foi orthodoxe. » Afin de parvenir à la « foi orthodoxe, » vous n'avez pas besoin d'abandonner votre hérésie, mais il suffit simplement de signer quelque document insignifiant et vague qui sert d'instrument d'approbation de votre hérésie comme orthodoxe. Ensuite, vous devenez une « Église particulière, » c'est-à-dire, une partie de l’Église du Christ, la Super-Église œcuménique. Votre Eucharistie est déclarée valide, et comme le dit Ratzinger, « l’Église une, sainte, catholique et apostolique est vraiment présente dans toute célébration valide de l'Eucharistie7. » Que pourriez-vous demander de plus ? C'est avoir le beurre et l'argent du beurre.

 

Les modernistes n'ont pas manqué de voir l'importance de cet acte par ailleurs guère remarqué des hérétiques prétendant être pape et cardinaux dans les bâtiments du Vatican. Un article paru dans le National Catholic Reporter (16 Novembre 2001) cite un jésuite, le Père Robert Taft, un expert du christianisme oriental, qui dit que la sentence est « peut-être la décision la plus importante venue du Saint-Siège depuis un demi-siècle. » Il ajoute : « Cela nous emmène au-delà d'une théologie médiévale de mots magiques. »

 

L'article cite aussi un bénédictin, le Père Ephrem Carr, de l'Institut pontifical pour la liturgie : « Cela s'éloigne certainement de la théologie scolastique classique de la Prière Eucharistique, l'insistance que les mots exacts de la consécration doivent être présents. » Il ajoute que la décision fut particulièrement frappante puisqu'en de précédentes occasions, lorsque des catholiques Chaldéens et Syro-Malabares (qui utilisent également cette anaphore) voulurent se réconcilier avec Rome, ils furent obligés par Rome d'ajouter les paroles de la consécration.

 

 

La Défection, un Signe de Fausse Religion

 

L’Église catholique est indéfectible. Cela signifie que par la protection spéciale de son Chef Invisible, Notre Seigneur Jésus-Christ, elle ne peut jamais renoncer à son véritable but et objectif, ne peut jamais enseigner une fausse doctrine, ni donner à ses enfants de mauvaises disciplines ou des sacrements invalides. C'est cette aide du Christ qui donne à l’Église son autorité même.

 

En dépit de défaillances humaines regrettables de la part de ses prélats dans le passé, l’Église catholique n'a jamais fait défection. Elle n'a jamais enseigné l'erreur. Elle n'a jamais approuvé une mauvaise discipline ou un sacrement invalide. Jamais.

 

En effet on peut se demander si la chute de quelques-uns de ses prélats n'a pas été autorisée par Dieu afin de prouver qu'elle n'est pas soumise aux vicissitudes et fautes humaines, mais est guidée par l'assistance de Son Divin Fondateur, qui est avec elle tous les jours jusqu'à la fin du monde.

 

Depuis Vatican II, cependant, nous avons vu défection après défection. En seulement trente-cinq ans, nous voyons les signes évidents d'une fausse religion : l'enseignement d'une fausse doctrine, la promulgation de mauvaises disciplines, la légalisation universelle et l'usage de faux rites, et maintenant l'approbation d'un sacrement incontestablement invalide, et la destruction de l'enseignement sacramentel de l'Église.

 

Cette triste réalité devrait nous apprendre deux choses :

(1) estimer le témoignage de deux mille ans de vérité indéfectible et de droiture dans la discipline comme un signe de l'assistance du Christ à Son Église ;

(2) reconnaître immédiatement que la défection qui a caractérisé ainsi la religion de Vatican II est un signe infaillible de sa fausseté et de sa misère, et que malgré toutes les apparences qu'ils peuvent avoir, les auteurs de cette défection, Wojtyla et ses sbires, sont de faux pasteurs.

 

 

Que peut-il faire de plus ?

 

Maintenant que Wojtyla a abandonné l'enseignement immémorial de l’Église concernant les sacrements, tel qu'il est présenté par les Pères de l’Église ; par le consentement unanime des Docteurs de l’Église et de tous les théologiens ; par l'enseignement du Concile de Florence et du Concile de Trente, du Catéchisme du Concile de Trente ; par l'enseignement du Pape Pie XII, et de toute la tradition liturgique et la discipline des sacrements ; je le demande, que doit-il faire d'autre pour que les traditionalistes reconnaissent que cet homme n'est pas Catholique ?

 

Imaginez-vous : il a approuvé comme valide une Messe qui ne contient même pas les paroles de la consécration !

 

Ceci est en fait plus radical que l'approbation de femmes prêtres. C'est la même chose que d'approuver comme valide un Baptême sans les mots du Baptême ou d'approuver comme valide l'utilisation d'une pizza et d'un Soda pour l'Eucharistie. C'est, en bref, modifier les sacrements d'une manière substantielle.

 

Alors que doit-il faire d'autre ?

 

 

1Elle tire son nom de deux saints de l’Église primitive qui évangélisèrent la Perse. Quoiqu'elle porte leurs noms, elle ne fut pas écrite par eux, mais est plus tardive.

2Concile de Trente, Sess. XXI, chapitre 2. Denz. 931.

3Apostolicae Curae. q.v.

4Concile de Florence, Décret pour les Arméniens. Denz. 698.

5Denz. 931

6Volume 1, col. 520.

7Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Lettre aux Evêques de l’Église Catholique sur Certains Aspects de l’Église Comprise comme Communion. (1992)

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Le Reniement de Saint Pierre

Publié le par Études Antimodernistes

Par le R. P. Dom Prosper Guéranger, Abbé de Solesmes


 

Extrait de De la Monarchie Pontificale, 2è édition, 1870, pp. 113-114

EtudesAntimodernistes.fr, Avril 2016.


 

Mgr de Sura ne se borne pas à prétendre vainement que la souveraineté de Pierre a été étendue à ses frères ; il poursuit ce Prince des apôtres, en cherchant à montrer que la prière du Sauveur n'a pas été efficace pour lui. Elle devait le protéger dans sa foi, et nonobstant cette prière divine, Pierre n'en a pas moins fait une chute profonde en reniant son Maître. Mgr de Sura part de là pour infirmer le droit que Pierre a reçu de confirmer ses frères1. La réponse n'est pas difficile à donner. L'office de Pierre ne devait commencer qu'après le départ du Sauveur. Le Vicaire n'est pas nécessaire, lorsque celui qu'il doit représenter est présent encore. Ainsi Notre-Seigneur parle d'abord au futur, comme il a fait pour l'Eucharistie : « Le pain que je donnerai, est ma chair pour la vie du monde ; » puis à la dernière Cène : « Prenez et mangez : ceci est mon corps. » Il dit donc à Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; » elle n'était donc pas bâtie encore. « Je te donnerai les clefs du royaume des cieux ; » il ne les lui donne donc pas encore. « Lorsque tu seras converti, confirme tes frères ; » ce privilège ne devait donc s'exercer qu'à une époque postérieure à la chute et à la conversion de Pierre. Le don merveilleux de cette foi qui ne doit jamais manquer, était donc réservé pour le temps où la parole du Verbe incarné cesserait de se faire entendre d'une manière sensible. Aussi est-ce seulement après sa .résurrection, que le Sauveur, ayant par une triple interrogation constaté devant les apôtres la conversion de Pierre, le met enfin en possession du pouvoir promis, en lui disant, non point au futur mais au présent : « Pais mes agneaux, pais mes brebis. » Le Pontificat suprême va commencer ; jusque-là il n'a encore existé qu'en promesse. Mgr de Sura n'a donc pas raison de voir la chute du Pontife dans la chute de Pierre avant la passion de son Maître.

1Tome II, page 92.

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Droit Canon et Bon Sens

Publié le par Études Antimodernistes

Par l'Abbé Anthony Cekada

 

Sacerdotium n°7, Printemps 1993.

EtudesAntimodernistes.fr, Avril 2016.

Pourquoi les catholiques traditionalistes ne sont pas « hors-la-loi ».

 

Le diocèse typique, de nos jours, est le théâtre de toutes sortes de folie dangereuse. Les prêtres attaquent des enseignements Catholiques définis concernant la foi et la morale. Des sœurs font pression pour obtenir l'ordination des femmes. Des messes sont célébrées avec des marionnettes, des ballons, des clowns et de la danse. Le séminaire quasi-vide et l'université nominalement Catholique sont des foyers de subversion religieuse.

De temps en temps, cependant, les hommes responsables de cet état de choses s'arrêtent un peu. L'évêque diocésain ou un fonctionnaire suppose un air sérieux et émet un avertissement solennel : Il y a une chapelle dans notre diocèse, dit-il, où un prêtre offre la messe traditionnelle en latin. C'est illicite et cela viole le droit canon, alors méfiez-vous !

Sur le revers de la même médaille, il y a toujours eu quelques personnes dans le mouvement traditionnel qui s'opposent avec véhémence à la Nouvelle Messe et à Vatican II, mais qui condamnent néanmoins tous (ou la plupart) des prêtres catholiques ou chapelles traditionalistes comme « illicites » ou « contre le droit canon. »

Typiquement, quelque laïc avec une hache à moudre va mettre la main sur une paraphrase anglaise [ou française, note du traducteur] du Code de droit canonique (le texte officiel n'existe qu'en latin), et, comme un protestant tenant une bible, traitera sa découverte comme une source pratique pour des « textes preuves » qu'il peut utiliser pour rejeter tout le monde dans le mouvement traditionnel comme « non-catholique. » Il n'a pas idée que, comme avec la Sainte Écriture, il y a des principes et des règles autoritaires qui doivent être suivies pour appliquer les indications du Code. Et tandis que le soi-disant canoniste répand ses articles condamnant tout le monde de ne pas adhérer littéralement aux canons, il ne se rend jamais compte que son propre projet est également « illicite » - puisque ses écrits ne portent pas l'imprimatur officiel requis par le Canon 1385.

Dans les deux cas - déclarations de l'établissement moderniste ou polémiques de soi-disant canonistes laïcs – les catholiques qui vont à la messe traditionnelle trouvent parfois ces accusations troublantes. Les bons catholiques, nous le savons, doivent s'efforcer de respecter la loi. Ce que nous faisons va-t-il vraiment contre le droit canon, ou est-ce illicite de quelque manière, et donc est-ce mauvais ?

Le bon sens nous dit que la réponse est non. Le sacrilège et l'erreur doctrinale abondent. Il ne semble guère raisonnable que les milliers de règles destinées pour des temps ordinaires dans l'Église s'appliqueraient encore toutes face à une telle situation extraordinaire.

La plupart des laïcs dans le mouvement traditionnel adoptent instinctivement cette approche du bon sens. Sans s'en rendre compte, ils ont mis en pratique un principe de bon sens que les canonistes catholiques (experts en droit canon) ont toujours utilisé dans l'application du droit canon : le principe de l'épikie.

L'épikie (on pourrait aussi l'appeler « l'équité ») reconnaît que suivre la lettre de la loi de l'Église peut, dans certaines situations exceptionnelles, être à la fois dangereux et erroné. Les Catholiques traditionalistes qui comprennent comment l'épikie est appliquée seront bien préparés pour expliquer pourquoi leur plan d'action est bon.

Ici, nous allons examiner:

(1) Le but de la loi de l'église, et le principe d'épikie.

(2) Comment l'épikie s'applique à la situation des prêtres et des chapelles Catholiques traditionalistes.

 

I. But et Principes

 

Pour appliquer les lois de l'église intelligemment, il faut d'abord comprendre les principes fondamentaux. Voici quelques considérations importantes.

 

A. Le bien commun

Les manuels de droit canon commencent généralement par la définition générale classique de saint Thomas d'Aquin de la loi : « une ordonnance de la raison pour le bien commun promulguée par la personne qui a la garde de la communauté. »

Les théologiens divisent la loi en deux grandes catégories :

(1) La loi divine. Celle-ci est à son tour divisée en loi éternelle (intelligence et la volonté de Dieu), loi naturelle (connaissance du bien et du mal écrite dans le cœur de chaque homme), et loi positive divine (Ancien et Nouveau Testament).

(2) La loi humaine, qui est divisé en loi ecclésiastique et loi civile.

La loi de l’Église, par conséquent, tombe dans la catégorie de la loi humaine.

Par définition toute loi est dirigée vers le bien commun. Dans le cas de la loi ecclésiastique, dit le théologien Merkelbach, le « bien commun » spécifique que l'Église recherche est « le culte de Dieu et la sanctification surnaturelle des hommes. »1 C'est l'objectif ou le but général de toutes les lois de l'Église.

Lors de l'examen des principes généraux du droit de l’Église, d'ailleurs, tous les grands théologiens moraux et canonistes Catholiques soulignent que les lois spécifiques sont censées procurer la justice - pas seulement la justice légale (stricte conformité à la lettre de la loi), mais la justice naturelle (ce à quoi nous avons vraiment un droit moral).

Le grand canoniste Cicognani (plus tard Cardinal) dit que par conséquent l'application de la loi est « l'art de tout ce qui est bon et équitable. » Cet art, dit-il, « doit consister en une correction de la lettre stricte de la loi qui engendre un préjudice, soit quand une loi humaine positive n'est pas en harmonie avec les principes de la justice naturelle, soit encore quand elle est en elle-même si déficiente que ce qui est légalement correct devient moralement incorrect. »2

Comme d'autres auteurs, Cicognani souligne un problème: « Un législateur humain ne peut jamais prévoir tous les cas particuliers auxquels une loi sera appliquée. Par conséquent, une loi, quoique juste en général, peut, prise à la lettre, conduire dans certains cas à des résultats imprévus qui ne correspondent ni à l'intention du législateur ni à la justice naturelle, mais plutôt s'y oppose. Dans de tels cas, la loi doit être exposée non pas selon son libellé, mais selon l'intention du législateur et selon les principes de justice naturelle. »3

 

B. Épikie : Sa Nécessité

Cela nous amène à un principe d'une importance singulière pour l'application du droit canon de nos jours : l'épikie.

L'épikie (parfois aussi appelé équité) est généralement définie comme suit : « L'application bénigne de la loi en fonction de ce qui est bon et équitable, qui décide que le législateur n'a pas l'intention que, en raison de circonstances exceptionnelles, certains cas particuliers soient inclus sous sa loi générale. »4 D'autres, comme le Dominicain canoniste et théologien moral Prümmer, ajoutent que l'épikie est une interprétation de l'esprit du législateur, « qui est présumé ne pas vouloir obliger ses sujets dans des cas exceptionnels où l'observation de sa loi causerait un préjudice ou imposerait un fardeau trop sévère. »5

La raison pour laquelle les théologiens permettent que l'épikie soit utilisée nous renvoie à notre définition de la loi : une ordonnance de la raison pour le bien commun. En effet, les théologiens disent que négliger d'appliquer l'épikie quand le bien commun est en jeu est moralement répréhensible. Une personne soumise à la loi peut, dans certains cas, dit Merkelbach, « agir en dehors de la lettre de la loi, à savoir, quand la lettre de la loi serait préjudiciable au bien commun .... Par conséquent, dans un cas où l'observation de la loi serait nuisible au bien commun, on ne doit pas y obéir. »6 C'est aussi l'enseignement de saint Thomas, qui dit : « Dans certains cas, suivre [une loi] est contre l'égalité de la justice et contre le bien commun que la loi recherche... Dans de tels cas, il est mauvais de suivre la loi ; il est bon de mettre de côté sa lettre et de suivre les exigences de la justice et du bien commun. »7

Et celui qui applique l'épikie ne viole pas la loi. Au contraire, il « agit de manière licite. »8 Une telle application de la loi « est légale, est légitime, même si elle est en désaccord avec la lettre stricte de la loi. »9

Cicognani observe : « Si l'équité entre les païens n'était pas sans importance... à plus forte raison l'épikie doit-elle intervenir dans la discipline ecclésiastique, en droit canonique, et dans l'Église. Car l’Église, en dehors du fait qu'elle est une mère, miséricordieuse, sainte, et indulgente, a pour sa fin le salut des âmes, la loi suprême, qui nécessite souvent la correction de certaines autres lois. »10

Cicognani a fait ici allusion à un vieil adage en droit ecclésiastique : Salus animarum suprema lex - le salut des âmes est la loi suprême. Il est de droit divin - volonté et objectif de Dieu pour nous - que les âmes soient sauvées.

Que faire si un type inférieur de loi est parfois en conflit avec une loi divine ? « La plus grande obligation l'emporte », disent les moralistes McHugh et Callan, « et l'obligation moindre disparaît. »11

L'épikie, enfin, n'est pas la licence à mettre de côté toutes les lois de l’Église. Alors qu'elle cherche à servir la justice, elle est également liée à la prudence - en sélectionnant et mettant en pratique des moyens appropriés pour réaliser quelque fin bonne, ou pour éviter un mal. Plus précisément, elle est reliée à une partie potentielle de prudence appelé le sens de l'exception (ou gnomé) qui contrôle notre application correcte des règles et notre appel à des principes plus élevés, s'il devenait nécessaire de mettre une règle de côté.12

 

C. Résumé des Principes

Nous allons résumer les principes évoqués jusqu'ici:

Le but de toute loi est de promouvoir le bien commun.

Le droit canon fait partie du droit humain.

Le bien commun que l'Église recherche dans le droit canon est « le culte de Dieu et la sanctification surnaturelle des hommes. »

Une loi humaine spécifique peut être juste en général, mais, prise à la lettre dans des circonstances imprévisibles pour le législateur, peut en fait enfreindre ou la justice naturelle ou ce que le législateur vise.

Dans un tel cas, on peut appliquer l'épikie - décidant que, en raison du tort qui résulterait, le législateur n'a pas voulu inclure un cas particulier dans sa loi générale.

Dans certains cas où un préjudice au bien commun résulterait d'une application littérale de la loi, il est mauvais de suivre la loi.

Appliquer l'épikie est licite ou légitime.

Le salut des âmes est la loi suprême.

Quand une loi inférieure est en conflit avec la loi divine, l'obligation d'observer la loi inférieure disparaît.

L'application de l'épikie à une loi doit être contrôlée par la prudence.

 

 

II. Application Pratique

 

Nous allons maintenant appliquer ces principes à la situation des Catholiques traditionalistes vis-à-vis du Code de Droit Canonique.

Notre Seigneur veut que nous soyons sauvés, et Il a institué les sept sacrements comme le principal moyen pour nous de nous sanctifier et obtenir le salut. En vertu de la loi divine, donc, les Catholiques ont un droit aux sacrements.

La loi humaine de l'Église (droit canon) protège ce droit fondamental, et en même temps impose certaines restrictions à la façon dont il peut être exercé. (Pour conférer les sacrements légalement dans un diocèse, par exemple, le Code exige qu'un prêtre obtienne des facultés de l'Évêque.) Le législateur a promulgué toutes ces restrictions, et en effet tout le Code, en supposant une situation normale dans l'Église.

La situation pour les Catholiques depuis le Concile Vatican II ne peut guère être qualifiée de normale. Par décret du Vatican, une nouvelle messe, protestantisée et dépouillée de caractère sacré, a été introduite dans nos églises paroissiales, avec la pratique officiellement sanctionnée et tout à fait sacrilège de la communion dans la main. Les évêques et les pasteurs - les hommes qui, sous le Code auraient possédé le pouvoir d'accorder aux autres prêtres des facultés de conférer les sacrements - excusent tacitement ou promeuvent explicitement des doctrines qui contredisent la foi Catholique.

Si face à cette catastrophe vous insistez que l'épikie ne s'applique pas et que toutes les dispositions du Code sur les facultés sacramentelles obligent encore, vous arrivez à l'une des deux alternatives pratiques :

(A) les Catholiques Traditionalistes doivent approcher l'institution du Novus Ordo pour obtenir des facultés pour les sacrements ; ou

(B) Parce que les Catholiques traditionalistes ne peuvent pas obtenir les facultés et les autorisations requises par le droit canon, ils doivent désormais renoncer à recevoir tout sacrement, à l'exception du baptême conféré en danger prochain de mort.

 

A. Facultés des Modernistes

En ce qui concerne la première solution, il n'est pas raisonnable d'imaginer que nous, Catholiques, qui avons un droit, par droit divin, aux sacrements Catholiques et à l'enseignement Catholique, aurions une obligation par le droit canonique de demander la permission de ces choses aux hommes-mêmes qui les ont supprimés en premier lieu.

Le même Code de Droit Canonique qui fixe des exigences pour l'octroi de facultés protège également les Catholiques de ces loups en vêtements de brebis. Les responsables de l’Église qui ont manifestement défailli de la foi Catholique perdent non seulement toute juridiction dans l'Église Catholique (c. 188,4), mais même leur appartenance à celle-ci.

Ces points ont été amplement discutés dans d'autres articles et n'ont pas besoin de nous arrêter ici. Un autre vieil adage, cependant, s'applique : Nemo dat quod non habet - Personne ne donne ce que lui-même ne possède pas.

 

B. Aucun Sacrement du Tout

Les canonistes laïcs autoproclamés, d'autre part, exposent le principe général que conférer les sacrements sans les conditions requises et les facultés prévues par le Code est « illicite » et toujours inacceptable. Mais celui qui applique ce principe avec une cohérence complète se retrouve sans aucun sacrement.

Les écrivains laïcs ne réalisent pas cela, bien sûr, parce qu'ils ne connaissent pas assez les détails des canons qui traitent des sacrements. Ils croient que le Baptême, et (peut-être) le Mariage seraient encore « licites » d'une manière ou d'une autre dans leur interprétation du Code. Ils ont tort.

Prenez le baptême, par exemple. Pour l'administrer validement (c'est à dire, pour qu'il « ait lieu »), tout ce dont vous avez besoin, c'est quelqu'un pour verser de l'eau et réciter la forme essentielle. Mais si vous insistez sur la satisfaction de toutes les exigences juridiques du Code pour un sacrement, voici ce qui vous confronte :

• le Canon 755.1 prévoit que, sauf en danger de mort, le baptême doit toujours être conféré solennellement (c'est à dire avec les onctions et autres rites prescrits).

• Le Code réserve le droit d'effectuer le baptême solennel au pasteur canonique, son délégué ou l'Ordinaire (c. 738,1), bien que, en cas de nécessité, l'autorisation de l'Ordinaire puisse être présumée.

• Le prêtre, en tout cas, doit utiliser de l'eau baptismale solennellement bénie (contenant les huiles bénies le Jeudi Saint par l'Ordinaire) pour un baptême solennel (c. 757,1).

• Il est « autorisé » de conférer un baptême privé (c'est à dire en utilisant seulement l'eau et la forme essentielle), mais seulement en danger de mort (c. 759,1).

• Sauf dans le cas d'adultes convertis étant baptisés sous condition, l'Ordinaire est interdit de permettre le baptême privé en dehors du danger de mort (c. 759,2).

Maintenant suivant ce qui précède, appliquons le principe que les « experts » laïcs veulent que nous suivions dans notre situation actuelle (« rien d'illicite! »), et voyez le sacrement de Baptême disparaître :

• Il est illicite de conférer un baptême solennel, car il n'y a pas de pasteur canonique pour le conférer, et pas d'Ordinaire duquel un prêtre itinérant pourrait présumer la permission - même si l'on supposait qu'un prêtre n'ayant pas été suspendu de l'accomplissement des rites sacrés par quelque disposition du Code puisse être trouvé.

• l'eau Baptismale serait illicite à moins qu'elle n'ait été préalablement consacrée à l'aide de saintes huiles – qui à leur tour ne peuvent être obtenues, car il n'y aurait aucun Ordinaire capable de les bénir licitement.

• On pourrait baptiser quelqu'un en privé, bien sûr - mais ceci serait illicite aussi, à moins que la personne ne soit en danger de mort.

Insistez sur l'application littérale de chaque article du Code, donc, et vos enfants traverseront la vie sans Baptême. Et ne pensez même pas à leur donner des scapulaires ou des chapelets en espérant pour le mieux - parce que, selon la lettre de la loi, seul un prêtre avec des facultés spéciales de l'Ordinaire pourrait bénir ces articles licitement. Tout ce que vous pouvez faire est de prier pour que lorsque vos enfants seront vieux et prêts à mourir, quelqu'un se souviendra de les baptiser - mais seulement si cela peut être fait « licitement », bien sûr, selon votre interprétation stricte du Canon 759.

 

C. Épikie et Prudence

Appliquer l'épikie permet aux Catholiques d'éviter les maux positifs et les absurdités pharisaïques des deux positions décrites ci-dessus, dont l'une pourrait nous obliger à traiter avec les modernistes, et l'autre, logiquement, à vivre sans les sacrements. Dans des cas exceptionnels, disent les moralistes McHugh et Callan, « le légalisme insiste sur l'obéissance aveugle aux livres de droit, mais la justice supérieure de l'épikie ou équité appelle à l'obéissance au législateur lui-même en tant que recherchant le bien commun et le traitement équitable des droits de chaque personne. »13

Comme nous l'avons vu ci-dessus, le bien commun que l'Église recherche par le droit canon est « le culte de Dieu et la sanctification surnaturelle des hommes. » Les sacrements sont le principal moyen que l'Église possède pour parvenir à cette fin. Il est donc tout à fait approprié d'appliquer l'épikie à ces dispositions du Code qui, si elles étaient suivies littéralement dans nos circonstances extraordinaires, iraient à l'encontre de l'intention du législateur en empêchant effectivement les Catholiques de recevoir les sacrements alors qu'ils y ont droit.

Cela ne signifie pas que toutes les dispositions du Code soient négociables. L'épikie, les canonistes et théologiens moralistes le soulignent, doit être contrôlée par la prudence et un sens propre de l'exception. Elle nous permet de faire l'essentiel, mais aussi nous empêche de fabriquer nos propres règles au fur et à mesure. Voici quelques exemples.

Baptême. Une bonne application de l'épikie permet à un prêtre traditionnel de conférer le baptême solennel, même si une délégation serait normalement nécessaire. L'épikie exige, cependant, qu'il observe les autres règles concernant le baptême établies par le Code sur des questions telles que la tenue de registres, les parrains et les exigences des rubriques.

Pénitence. L'épikie (en plus d'autres dispositions plus spécifiques dans le Code14) permet à un prêtre traditionnel d'accorder l'absolution à un pénitent, même si dans des circonstances normales les facultés de l'Ordinaire seraient requises pour la validité. Le prêtre peut le faire au nom d'une juridiction suppléée (plutôt qu'ordinaire), en raison du principe du canoniste Cappello que « l’Église, en raison de son but même, doit toujours prendre en compte le salut des âmes, et est donc obligée de procurer tout ce qui dépend de son pouvoir. »15 Mais on doit continuer à observer les autres dispositions du Code (concernant le secret, la place convenable, etc).

Messe. L'épikie permet l'ouverture d'une chapelle publique où les Catholiques peuvent avoir accès à la messe, même si la loi exige l'autorisation de l'Ordinaire. Une bonne compréhension de l'épikie exige que les dispositions du Code concernant les objets physiques nécessaires pour célébrer la Messe soient toujours suivies.

Saints Ordres. Les Catholiques ont besoin des sacrements pour sauver leurs âmes, et les prêtres donnent les sacrements. L'épikie autorise donc un évêque Catholique traditionaliste à ordonner des prêtres sans lettres dimissoriales (autorisation canonique d'un Ordinaire), et à considérer la suspension technique qui en résulterait autrement comme nulle et non avenue. Par contre, il serait tout à fait imprudent et totalement contraire à l'épikie pour un évêque d'ordonner quelqu'un qui n'a pas reçu la longue formation scolastique et spirituelle que le Code de droit canonique prévoit.

L'épikie, donc, n'est pas la licence. Elle garde un œil sur le bien commun que recherche le droit canon - « le culte de Dieu et la sanctification surnaturelle des hommes » - et l'autre œil sur les détails des lois individuelles façonnées par la sagesse de l'Église. L'épikie cherche prudemment à suivre autant que possible le droit canon, tout en veillant à ce que le but de la loi soit rempli.

 

 

Conclusion

 

« SCRUTEZ LES ÉCRITURES ; car ce sont elles qui rendent témoignage de moi. » Scrutez les Écritures non pas pour chercher des « textes-preuves », bien sûr, mais pour chercher le Sauveur. Une image claire de Notre Seigneur émerge, plein de miséricorde et de bon sens, et brûlant de zèle pour le bien des âmes.

Combien il est étrange que certains Catholiques défigurent le Christ - ou Son Corps Mystique – en faisant de Lui un pharisien, « attachant des fardeaux pesants et qu'on ne peut porter ; et les mettant sur les épaules des hommes. » Mais non, c'est le Sauveur qui a guéri le jour du Sabbat, qui a parlé à la Samaritaine, et qui a permis à Ses disciples de glaner du blé le jour du repos, car « le Sabbat a été fait pour l'homme, et non l'homme pour le sabbat. »

Comme l'étude de l'Écriture, l'étude de la loi de l'Église Catholique, fidèle aux commentaires et aux sources authentiques, indique le vrai visage adorable de Jésus-Christ. Le même Christ vivant, raisonnable, sage et miséricordieux émerge des deux textes.

L'épikie - équité dans l'application de la loi - permet au Catholique de ne jamais perdre de vue Notre-Seigneur, ne cédant ni aux légalistes de la gauche, ni aux Pharisiens de la droite. Notre Seigneur est Jésus-Christ, le même « hier, aujourd'hui, et le même pour toujours » - dans les pages de l’Écriture ou la lettre de la loi, sur les lèvres du prêtre ou sur votre langue dans la Sainte Communion, le « plus honnête des enfants des hommes. » (Saint Cyrille d'Alexandrie).

1 B. Merkelbach, Summa Theologiæ Moralis (Paris: Desclée 1946), 1:325.

2A. Cicognani, Canon Law (Westminster Md.: Newman 1934), 13.

3Canon Law, 15.

4Cicognani, 15.

5D. Prümmer, Manuale Theologiae Moralis (Barcelona: Herder 1949) 1:231.

6Summa Theol. Mor., 1:296. My emphasis.

7Summa Theol. II–II.120.1.

8Merkelbach, 1:296.

9Cicognani, 15.

10Canon Law, 17.

11J. McHugh & C. Callan, Moral Theology (New York: Wagner 1929), 1:140–1.

12See P. Palazzini, ed., Dictionary of Moral Theology (Westminster MD: Newman 1962), 981–83.

13McHugh & Callan, 1:411.

14E.g., Canon 209 (juridiction supléée en cas d'erreur commune ou de doute positif et probable de loi ou de fait).

15F. Cappello, Tract. de Sacramentis (Rome: Marietti 1944), 2:349.

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Principes qui Devraient Diriger la Réaction au Modernisme

Publié le par Études Antimodernistes

Par Mgr Donald J. Sanborn

Mars 2016


Toute la réaction à Vatican II ne peut être bien dirigée que par des principes cohérents, se basant sur la réponse à une question fondamentale : Vatican II est-il un changement substantiel de religion ? Vatican II est-il catholique ? Une fois que l'on a répondu à cette question, l'attitude que doivent suivre les catholiques se déduit logiquement.


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