articles

Une Analyse de la Nouvelle Ecclésiologie (1/5)

Publié le par Études Antimodernistes

Aperçu de la Nouvelle Ecclésiologie


Par Mgr Donald J. Sanborn


Catholique Restauration, Sept-Oct 2004

EtudesAntimodernistes.fr, Avril 2016


L'Enseignement de Vatican II sur la Nature de l’Église,

sur Ceux qui y Appartiennent, et sur le Salut en Dehors de l’Église,

est explicitement hérétique.



I. Un sujet Négligé


Les traditionalistes ont fait beaucoup de bruit, dans leur lutte contre Vatican II, à propos de la Messe, de l'œcuménisme et de la liberté religieuse. Il est vrai que dans ces domaines, Vatican II et ses effets se sont éloignés de l'essence de la Foi Catholique. Il y a, cependant, un sujet qui reçoit peu d'attention, bien qu'il comporte des hérésies flagrantes et audacieuses. Il s'agit de la nouvelle ecclésiologie.

L'ecclésiologie est la doctrine concernant la nature de l’Église. L’Église Catholique est une institution divine, fondée par le Christ, qui lui a donné une constitution ou essence spécifique. S'éloigner de cette constitution ou essence, c'est former une fausse église. Une organisation qui prétend être une église chrétienne doit prouver que sa constitution ou essence est celle voulue par le Christ pour son Église. Elle doit avoir essentiellement la doctrine, le culte, et les disciplines que le Christ a voulus pour son Église, et doit également avoir ses caractéristiques essentielles, telle qu'une hiérarchie qui remonte aux Apôtres.

Ce que je viens de décrire est la méthode classique utilisée par l’Église pour prouver qu'elle est la véritable Église du Christ. Cela appartient à la science de l'Apologétique.

Vatican II n'a reçu de critique analytique que progressivement. Quand Vatican II est arrivé, presque tous les catholiques lui ont accordé le bénéfice du doute, mais en même temps ont senti, certainement, qu'il y avait quelque chose de très profond qui n'allait pas dans l’Église pendant et après Vatican II. Par analogie, on a tendance à croire notre médecin quand il nous dit que nous n'aurons pas d'effets secondaires néfastes avec un nouveau médicament. Mais lorsque de graves effets secondaires surviennent, la réalité à laquelle on est confronté surmonte la foi que nous avions dans la parole du médecin. Ainsi, lorsque la hiérarchie qui a engendré Vatican II nous a dit que rien d'essentiel n'avait changé, nous avions tendance à la croire. Mais lorsque les changements furent progressivement appliqués, et que les indices montraient de plus en plus que Vatican II était une pilule de poison mortel, nous avons pris progressivement du recul vis-à-vis de Vatican II et de ses causes. En fait, ce travail est loin d'être terminé. Il reste encore beaucoup à écrire à propos de Vatican II, en particulier à propos de ceux qui l'ont organisé et qui sont à l'origine de son contenu et de son développement.

La Messe étant l'expression sensible de la Foi Catholique, le contraste de la Messe traditionnelle avec la nouvelle a retenu davantage d'attention au fil des ans. En fait, beaucoup sont ceux qui pensent que le maintien de la Messe traditionnelle est une solution suffisante aux problèmes de l’Église. Ils ne voient aucun problème avec Vatican II, ou bien sont prêts à l'accepter avec une interprétation traditionnelle, afin de le sauver. La Messe, disent-ils, est le seul problème et donc la seule solution.

Mais ce qui nous a donné la Nouvelle Messe est Vatican II et la théologie hérétique sous-jacente du concile. L'esprit de Vatican II, c'est l'œcuménisme, qui est l'abandon de la notion même du dogme, la notion même de vérités révélées absolues et immuables. L'œcuménisme déteste les dogmes rigides de l’Église d'avant Vatican II. Selon l’œcuménisme, ces dogmes doivent avoir des lignes floues, et cohabiter, au moins dans leur sens et leur interprétation, avec les doctrines contradictoires des fausses religions.

L’œcuménisme est à la racine de tous les problèmes d'après Vatican II. L’œcuménisme ne pouvait tolérer une Église qui se dit la seule véritable Église du Christ, en dehors de laquelle il n'y a pas de salut. Il demandait une nouvelle ecclésiologie, selon laquelle l’Église serait considérée comme une « communion » à laquelle vous pouvez partiellement appartenir et partiellement ne pas appartenir. Le salut ne pouvait plus se limiter à l'Église catholique ; puisque vous ne pouvez pas faire d’œcuménisme avec ceux dont les religions conduisent en enfer. Au contraire, toutes les religions mènent à Dieu plus ou moins directement. Toutes les religions ont une valeur.

Puisque la papauté est le plus grand obstacle à l’œcuménisme, comme l'a dit Montini (Paul VI) lui-même, il était clair qu'elle aussi devait disparaître. En conséquence, la collégialité fut enseignée par Vatican II, à savoir la doctrine selon laquelle l'autorité suprême de l'Église se trouve dans le collège ou corps épiscopal.

De même dans le domaine moral, l'œcuménisme ne pouvait pas tolérer une Église qui insistait à ce que la société civile la reconnaisse comme la seule véritable Église du Christ, à l'exclusion des autres. L’œcuménisme ne pouvait pas tolérer que l’État dise à ceux qui professent de fausses religions qu'ils n'ont pas le droit de professer ou de pratiquer ces fausses religions, puisque le faire serait une insulte à Dieu. Par conséquent, le concile a enseigné la doctrine de la liberté religieuse.

Nous disons donc qu'il y a quatre hérésies majeures dans Vatican II : (1) l’œcuménisme lui-même, qui est la racine des suivantes ; (2) la nouvelle ecclésiologie ; (3) la collégialité ; (4) la liberté religieuse.

La Nouvelle Messe n'est qu'une conséquence de l'œcuménisme dans le domaine de la liturgie. Il n'y aurait pas de Nouvelle Messe si l'œcuménisme n'avait pas été triomphant dans l'esprit du clergé de Vatican II.

Après l'hérésie même de l'œcuménisme - je pense qu'apostasie serait un terme plus approprié - la liberté religieuse est celle qui a retenu le plus d'attention, comme étant le point sur lequel Vatican II s'écarte de la tradition. Il est vrai que cela constitue une rupture, et ceci par une contradiction frappante avec les enseignements de papes récents sur cette question.

L'implication est, cependant, qu'il n'y aurait pas de problème avec Vatican II, en dehors de l'œcuménisme et de la liberté religieuse. Or il y a deux autres hérésies très importantes, hérésies qui ouvrent la porte aux abominations œcuméniques : la nouvelle ecclésiologie et la collégialité.

Ici , nous nous intéresserons seulement à la nouvelle ecclésiologie.


II. L'Ecclésiologie Traditionnelle


Il n'y a qu'une seule Église du Christ, et c'est l'Église Catholique Romaine. C'est la seule vraie Église en dehors de laquelle il n'y a pas de salut.

Sont membres de l’Église catholique romaine ceux qui sont validement baptisés, et qui ne l'ont pas quittée par (a) le péché d'hérésie, (2) le péché de schisme, (3) la censure d'excommunication. Ceux qui sont validement baptisés dans des sectes non-catholiques sont présumés par la loi de l’Église participer et consentir aux péchés d'hérésie et / ou de schisme de leurs sectes respectives. En privé, cependant, ils peuvent être non coupables de ces péchés, à cause de l'ignorance invincible de la vraie Foi, auquel cas ils peuvent appartenir à l’Église catholique par désir, à condition qu'ils remplissent d'autres conditions. Dans ce cas, leur adhésion à l'Église catholique romaine par désir est suffisante pour le salut.

L’Église catholique romaine est absolument et exclusivement identifiée avec le Corps Mystique du Christ. Ils sont une seule et même chose. Il n'y a pas de distinction à faire. Le Corps Mystique est l'Église catholique romaine considérée par comparaison avec le corps physique du Christ, dans lequel Il est la Tête et nous les membres.

Les choses suivantes sont absolument requises pour appartenir à l’Église catholique romaine et au Corps mystique du Christ : (1) professer toutes les vérités qui sont enseignées par l'Église comme appartenant à la foi, et (2) être soumis au Pape comme chef visible de l'Église. Si l' une de ces conditions est manquante, on ne peut pas être membre de l’Église catholique romaine.

L’Église catholique romaine étant l'unique Église du Christ, elle est le moyen unique du salut. Aucune autre église n'a les moyens de mener les gens vers le ciel. Bien qu'il soit vrai que les fausses églises puissent avoir certains éléments de vérité naturelle et surnaturelle, et dans certains cas des sacrements valides, ces éléments sont insuffisants pour mener les gens au ciel. Ils sont en effet mélangés avec de fausses doctrines empoisonnées qui, si elles sont crues avec orgueil et obstination, conduiront nécessairement en enfer. Tous les « éléments de vérité » du monde ne font pas une vraie religion, ni un moyen de salut. Par analogie, avoir de nombreux éléments d'une automobile ne fait pas un véhicule viable qui vous amènera à votre destination. Un avion qui a seulement certains « éléments » de ce qu'un avion doit avoir nécessairement va s'écraser et brûler à la fin de la piste, ainsi que toutes les personnes qui s'y trouvent. La seule façon dont les gens qui adhèrent à ces fausses religions peuvent éviter le résultat inévitable d'être sur un bateau qui coule, est si elles adhèrent à la vraie foi par désir, au moins implicite, et adhèrent à la fausse religion sans aucune faute de leur part. Mais ils doivent remplir de nombreuses autres conditions afin d'obtenir la justification de leurs âmes et persévérer dans la grâce.


III. La Nouvelle Ecclésiologie


En contraste à cette doctrine simple et logique concernant la nature de l’Église catholique, et l'obligation d'y appartenir, les Modernistes ont concocté une nouvelle doctrine, une nouveauté, une hérésie.

La nouvelle ecclésiologie est, comme je l'ai dit, un produit de l'œcuménisme. L'œcuménisme est incompatible avec l'ecclésiologie que je viens de décrire, selon laquelle toutes les religions non-catholiques sont perçues comme des épaves, des Titanics destinés à la vase sous-marine. La manie de l'œcuménisme a conduit les théologiens progressistes, dès les années 1930, vers une théologie selon laquelle toutes les religions ont une certaine valeur, dans la mesure où elles possèdent toutes quelques vérités religieuses.

Dom Beauduin, bénédictin, était un des pionniers de cette idée. Mais le plus important était Henri de Lubac, dont la théologie a été condamnée sous Pie XII, mais qui est devenue plus tard l'enseignement même du Concile sous Montini/Paul VI. De Lubac a ensuite été fait « cardinal » par Wojtyla/Jean-Paul II. Yves Congar, dominicain, était aussi influent. Ratzinger (plus tard « Benoît XVI ») est devenu le plus célèbre de tous les promoteurs de la nouvelle ecclésiologie, en écrivant deux documents majeurs qui la décrivent : Lettre aux Évêques de l'Église Catholique sur Certains Aspects de l'Église Comprise comme Communion, en 1992 ; et Dominus Jesus, en l'an 2000. Les deux documents ont été approuvés et signés par Wojtyla/Jean-Paul II. Ils contiennent tous les deux des hérésies explicites concernant l’Église.


Qu'est-ce que la nouvelle ecclésiologie? En voilà un résumé :

    • L’Église du Christ et l’Église Catholique Romaine ne sont pas une seule et même chose, puisque les églises non-catholiques appartiennent à l'Église du Christ, mais pas à l’Église Catholique.

    • L’Église du Christ « subsiste dans » l’Église Catholique Romaine, dans la mesure où l’Église Catholique Romaine a la « plénitude » de tous les éléments de l’Église du Christ.

    • L’Église du Christ, bien qu'elle ne subsiste pas dans les églises non-catholiques, parce que celles-ci n'ont pas la « plénitude », se trouve néanmoins dans ces églises non-catholiques d'une manière imparfaite.

    • Les églises non-catholiques sont donc vraiment des « églises particulières » qui forment, ensemble avec l'Église Catholique Romaine, l'unique Église du Christ.

    • L’Église Catholique Romaine est en « communion partielle » avec ces églises non-catholiques, dans la mesure où elles ont des éléments de l’Église du Christ, tels que des sacrements valides et quelques vraies doctrines.

    • Les églises non-catholiques sont des « moyens de salut » dans la mesure où elles préservent les éléments authentiques de l’Église du Christ.

    • Dans ces églises non-catholiques qui ont une Eucharistie valide (par exemple, chez les grecs orthodoxes), l’Église une, sainte, catholique et apostolique devient présente à chaque fois qu'ils offrent une Eucharistie valide.

    • Les églises non-catholiques qui ne sont pas soumises au Pontife Romain (c'est-à-dire toutes) sont « blessées » en raison de ce manque de soumission. Elles continuent, cependant, malgré leur répudiation de la primauté romaine, d'être des « églises particulières » c'est-à-dire des églises membres de la grande Église du Christ.



IV. Analyse et Critique


La nouvelle ecclésiologie réduit l’Église du Christ à un amalgame de nombreuses églises différentes ayant des doctrines, disciplines et hiérarchies différentes et opposées. L'appartenance à cette grande et vaste Église du Christ se fait par degrés. Plus vous avez d'éléments, mieux c'est, et plus vous êtes proche de la « plénitude » qui se trouve dans l’Église catholique romaine.

C'est comme le loto. Si votre carte a tous les numéros, vous avez la « plénitude » - vous avez carton plein. Mais même si vous manquez le carton plein, vous pouvez avoir deux lignes pleines, ou une ligne. Bien que vous n'ayez pas carton plein, votre carte a néanmoins quelque valeur, puisque vous avez une collection imparfaite de ce qui fait un carton plein.

Tout dans cette nouvelle ecclésiologie est une affaire de « partiel » et « complet ». Vous êtes partiellement Église du Christ si vous êtes non-catholique, mais pleinement si vous êtes catholique. Les catholiques sont en « communion partielle » avec les non-catholiques, mais seront sans doute un jour en « pleine communion, » à savoir, le jour où le modernisme aura suffisamment détruit la foi pour que les gens ne se soucient plus de savoir s'ils sont protestants, orthodoxes ou catholiques. De même ces églises non-catholiques sont des moyens de salut dans la mesure où elles possèdent des sacrements valides et de vraies doctrines. Ceci est aussi stupide que de dire qu'un avion a la capacité de vous emmener en Europe dans la mesure où il a un demi-réservoir de carburant. Le fait qu'il manque l'autre moitié du carburant signifie que vous et vos compagnons de voyage allez être la nourriture d'animaux aquatiques aveugles qui habitent les sombres profondeurs de l'Océan Atlantique.

En d'autres termes, la véritable Église du Christ n'est pas une collection d'éléments vrais, comme un tas de pierres, mais est une essence unie, une seule chose, tout comme le Christ, sa tête, est une Personne. Ce qui est en dehors du Christ ne peut pas être « partiellement le Christ. » Vous ne pouvez pas être un membre du Christ partiellement, et partiellement ne pas l'être, pas plus que vous ne pourriez être partiellement le fils de quelqu'un, et partiellement non. L'essence n'admet pas de degrés ou de parties séparables. Soit toute l'essence (nature) est là, soit rien du tout. Imaginez une boulangerie qui annoncerait qu'elle vend un produit « avec des éléments de vrai pain. » Imaginez une compagnie aérienne qui se vanterait d'une flotte d'avions qui possèdent des « éléments de vrais avions, » ou fanfaronnerait que ses pilotes aient « des éléments d'une véritable formation de pilotes. » Imaginez qu'un serveur mette un steak devant vous, et dise qu'il provient d'un animal qui avait des « éléments de vraie vache. » Je pense que c'est assez clair.

Des « éléments » de la véritable Église du Christ ne font pas d'une fausse secte un membre partiel de l’Église du Christ. Les « éléments » sont volés, comme un butin, à l'Église catholique. Ce sont de fausses églises, des sectes, et leur utilisation de la doctrine catholique et des sacrements catholiques est sous faux prétexte et est sacrilège. Elles mentent grossièrement quand elles se présentent comme le vrai Christianisme, et leur mensonge doit être exposé et condamné.

Mais laissons les Papes parler. J'ai préparé une comparaison en trois colonnes entre la nouvelle ecclésiologie et l'ecclésiologie traditionnelle. Dans la troisième colonne, je tire la conclusion de la comparaison.

J'ai réduit la comparaison des deux systèmes à quatre questions :

  • Les églises schismatiques et / ou hérétiques font-elles partie de l’Église du Christ ?

  • Est-il possible de faire partie de l’Église du Christ sans être soumis au Pape ?

  • Est-il vrai qu'à chaque célébration valide de l'Eucharistie, l’Église une, sainte, catholique et apostolique devient présente ?

  • Le Saint-Esprit utilise-t-il les sectes schismatiques et / ou hérétiques comme moyen de salut ?

Lisez-le document, et voyez si vous pouvez honnêtement dire que Vatican II n'est pas coupable d'hérésie.


[Note d'EtudesAntimodernistes.fr : Le document dont il est ici question est une étude comparative de l'enseignement de Vatican II avec le Magistère de l’Église. Elle est divisée en quatre questions. Nous publierons chacune de ces questions une par une dans les semaines qui suivent. Puis nous mettrons en ligne un document complet reprenant toutes ces questions, sous la forme d'un tableau semblable à l'original anglais.]

Publié dans Articles

Partager cet article

Une Messe Sans Consécration Approuvée par JP II

Publié le par Études Antimodernistes

Par Monseigneur Donald J. Sanborn

 

MHT Seminary Letter to Benefactors, Février 2002.

EtudesAntimodernistes.fr, Mai 2016.

 

Jean Paul II Approuve une Messe

qui Ne Comporte Pas de Consécration

 

Le 20 Juillet 2001, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le remplacement du Saint-Office dans le Novus Ordo, a publié un document qui dévaste toute la doctrine sacramentelle catholique. Le document n'a été rendu public qu'en Octobre 2001.

 

Le document s'intitule Guidelines for Admission to the Eucharist between the Chaldean Church and the Assyrian Church of the East (Lignes Directrices pour l'Admission à l'Eucharistie entre l’Église Chaldéenne et l’Église Assyrienne d'Orient). Le texte original du Vatican est en anglais.

 

L'Église Assyrienne d'Orient à laquelle le document se réfère est un groupe du Moyen-Orient, qui était à l'origine catholique, mais qui a adopté l'hérésie du nestorianisme, à la fin du cinquième siècle. Elle est plus communément appelée l’Église Nestorienne. L'hérésie Nestorienne, du nom de son fondateur Nestorius, soutient que dans le Christ il y a deux personnes, l'une humaine et l'autre divine. Les Nestoriens sont particulièrement connus pour le fait de nier que Notre-Dame est la Mère de Dieu. Cette doctrine et son auteur furent condamnés au concile d’Éphèse en l'an 431. Au XVIIIe siècle, une partie d'entre eux firent scission et voulurent retourner à Rome. Ils furent acceptés, et sont connus sous le nom de Catholiques Chaldéens.

 

Jean-Paul II, dans son empressement maniaque à faire de l’œcuménisme, a signé une Déclaration Christologique Commune avec cette Église Nestorienne hérétique et schismatique en 1994. Cette déclaration est sensée avoir effacé les différences doctrinales entre le nestorianisme et le catholicisme. Rappelez-vous la Déclaration Commune similaire avec les luthériens, qui, selon Wojtyla, accomplit l'unité sur la question de la justification, mais qui revient en fait à mettre le Concile de Trente à la poubelle.

 

Ainsi, maintenant que les fidèles du Novus Ordo et les Nestoriens sont d'accord en ce qui concerne le Christ et Sa mère, rien ne s'oppose plus à une intercommunion entre eux.

 

Le document, qui a été explicitement approuvé par Wojtyla, permet aux catholiques chaldéens d'assister aux messes des Nestoriens, et d'y recevoir la communion.

 

Cela n'a cependant rien de nouveau. Vatican II a permis un tel comportement hérétique et sacrilège pour les catholiques, et le Code de droit canonique de 1983 autorise expressément cette pratique dans certains cas.

 

Il y a, néanmoins, un détail étonnant à propos de cet acte œcuménique. De l'aveu même du Vatican, les Nestoriens n'ont pas de formule de consécration dans leur anaphore (canon) de la messe. Leur prêtre ne récite jamais les paroles de la consécration, « Ceci est mon Corps, » « Ceci est le calice de Mon sang... » ni les mots suivants. Et il ne récite rien non plus d'équivalent.

 

Le texte du Vatican affirme :

La principale difficulté pour l’Église catholique d'accepter cette demande, était liée à la question de la validité de l'Eucharistie célébrée avec l'anaphore d'Addai et Mari, l'une des trois anaphores traditionnellement utilisées par l’Église Assyrienne d'Orient. L'anaphore d'Addai et Mari est remarquable parce que, depuis des temps immémoriaux, elle a été utilisée sans récitation du Récit de l'Institution.

 

Par « Récit de l'Institution, » ils entendent ce que les catholiques appellent communément la formule de consécration, c'est-à-dire les mots essentiels qui sont la forme du sacrement. Dans l'Église Catholique, par l'institution du Christ lui-même, la formule est « Car ceci est Mon Corps » pour la consécration du pain, et « Ceci est le calice de Mon Sang, de la nouvelle et éternelle alliance, le mystère de foi, qui pour vous et pour beaucoup sera répandu pour la rémission des péchés » pour la consécration du vin.

 

Ni ces mots, ni rien de semblable, ne se trouvent dans la liturgie nestorienne. Dans leurs liturgies, l'un des canons ou « anaphore » qu'ils utilisent est la très ancienne Anaphore d'Addai et Mari1. Dans cette anaphore, on ne trouve pas les paroles de la consécration que Notre Seigneur a utilisé à la dernière Cène. Il n'y a même rien d'équivalent. Mais les mots suivant prennent la place de la consécration :

O Seigneur, que votre saint Esprit vienne et repose sur cette offrande de vos serviteurs, et la bénisse et la sanctifie : afin qu'elle soit pour nous, ô Seigneur, la propitiation des fautes et la rémission des péchés et la grande espérance de la résurrection d'entre les morts et une nouvelle vie dans le royaume des cieux avec tous ceux qui sont agréables à Vos yeux.

 

Belles paroles, certes, mais malheureusement, qui ne produisent pas le sacrement. Ces mots sont une formule présente dans toutes les liturgies de rite oriental connu sous le nom d'épiclèse, qui est une invocation au Saint-Esprit pour bénir et sanctifier le pain et le vin. Les grecs orthodoxes soutiennent que sans l'épiclèse il n'y a pas sacrement valide.

 

 

La Substance des Sacrements

 

Il est de foi que le Christ a institué les sacrements. Nous devons y croire par la foi surnaturelle. Cela signifie qu'il a donné aux sacrements leur nature, leur substance. Il a fait cela en assignant l'utilisation d'un certain élément physique en conjonction avec certains mots. Dans certains cas, il a spécifié à la fois l'élément et les mots, comme pour le Baptême et l'Eucharistie. Dans d'autres cas, il a expliqué aux Apôtres la nature du Sacrement, a déterminé en général l'élément et les mots, et a laissé à l’Église la détermination des éléments et des mots spécifiques.

 

L’Église enseigne qu'Elle n'a pas le pouvoir de changer ce qui se rapporte à la substance des sacrements2.

 

Il est communément admis par les théologiens que dans les sacrements dans lesquels notre Seigneur n'a pas déterminé précisément l'élément et les mots, l’Église est libre de modifier ces choses, à condition que la substance, c'est-à-dire la nature ou l'essence, du sacrement reste la même.

 

Les premiers Pères de l’Église parlent toujours d'un élément physique et de certains mots utilisés avec celui-ci pour la confection des sacrements.

 

Au cours des siècles, les théologiens commencèrent à appeler l'élément physique la matière du sacrement, et les mots la forme du sacrement. Bien que les termes matière et forme ne sont pas de foi, ils sont directement déduits de la foi, qui est que le Christ a déterminé la substance des sacrements. Pour que le sacrement ait une substance, une nature, une essence, elle doit être spécifiée d'une manière ou d'une autre, et cette spécification résulte d'une matière et d'une forme déterminées.

 

Par exemple, l’Église ne peut pas approuver l'utilisation du lait ou du vin comme la matière pour le baptême. Elle ne peut pas approuver l'utilisation des cendres comme la matière pour la confirmation. Pourquoi ? Parce que ces éléments ne signifieraient pas ce que le Christ a déterminé comme substance de ces sacrements.

 

De même, l’Église ne peut pas modifier les paroles du sacrement d'une manière telle qu'ils ne transmettraient plus le sens voulu par le Christ. Le pape Léon XIII a raisonné ainsi quand il a déclaré que la forme anglicane de l'Ordre était défectueuse et invalide, car insuffisamment spécifique. En d'autres termes, elle n'exprimait pas la substance du sacrement3.

 

Supposons un instant, pour les besoins du raisonnement, que Jean-Paul II soit un vrai pape. Étant donné qu'il a abandonné les paroles de la consécration, la forme du sacrement de l'Eucharistie, il nous faudrait conclure une de ces deux choses :

  • Les paroles du Christ à la dernière Cène n'appartiennent pas à la substance de la Sainte Eucharistie, ou

  • Les paroles du Christ à la dernière Cène appartiennent à la substance de la Sainte Eucharistie, mais l’Église a le droit de modifier la substance des sacrements.

Il n'y a pas de troisième possibilité. Or chacune de ces deux conclusions est contraire à l'enseignement et à la pratique immémoriale de l’Église catholique, et contre le consentement unanime des Docteurs et des théologiens de l’Église, ainsi que contre toute la tradition liturgique de l'Église catholique.

 

La première conclusion, que les paroles du Christ n'appartiennent pas à la substance du sacrement, est contraire au Concile de Florence, qui a déclaré :

Les paroles du Sauveur, par lesquelles il a institué ce sacrement, sont la forme de ce sacrement ; car le prêtre parlant en la personne du Christ effectue ce sacrement. Car, par la puissance des mots mêmes la substance du pain est changée en corps du Christ, et la substance du vin en sang ; cependant d'une manière telle que le Christ est contenu entier sous l'espèce du pain, et entier sous l'espèce du vin4.

 

Elle est en outre contraire à l'enseignement du Pape Pie XII dans Mediator Dei :

L'immolation non sanglante aux paroles de la consécration, quand le Christ est rendu présent sur l'autel dans l'état d'une victime, est effectuée par le prêtre et par lui seul, en tant que représentant du Christ et non en tant que représentant des fidèles.

 

La deuxième conclusion, que l'Église puisse changer la substance d'un sacrement, est contraire au concile de Trente :

Il [le Concile] déclare en outre que cette puissance a toujours été dans l'Église, que, dans l'administration des sacrements, à l'exception de leur substance, elle peut déterminer ou modifier tout ce qu'elle peut juger être plus opportun pour le bénéfice de ceux qui les reçoivent ou pour la vénération des sacrements, selon la diversité des circonstances, des temps et des lieux5. [italiques ajoutés]

 

Elle est également contraire à l'enseignement du pape Pie XII contenue dans Sacramentum Ordinis :

Et à la place de ces sacrements institués par le Christ Seigneur l’Église au cours des siècles n'a pas, et ne pourrait pas substituer d'autres sacrements, puisque, comme le Concile de Trente l'enseigne, les sept sacrements de la nouvelle loi ont été tous institués par Jésus-Christ, notre Seigneur, et l'Église n'a aucun pouvoir sur la « substance des sacrements, » c'est-à-dire sur ces choses que, selon le témoignage des sources de la révélation divine, le Christ Seigneur a lui-même décrétées comme devant être conservées dans un signe sacramentel…

 

En ce qui concerne la forme de la Sainte Eucharistie, le Catéchisme du Concile de Trente, promulgué par saint Pie V, déclare :

Nous sommes alors enseignés par les saints Évangélistes, Matthieu et Luc, et aussi par l'Apôtre, que la forme consiste en ces mots : Ceci est mon corps ; car il est écrit : Alors qu'ils étaient à souper, Jésus prit du pain, le bénit, et le rompit, et le donna à ses disciples, et dit : Prenez et mangez, Ceci est mon corps.

Cette forme de consécration ayant été observée par le Christ Seigneur a toujours été utilisée par l’Église catholique. Les témoignages des Pères, dont l'énumération serait sans fin, ainsi que le décret du Concile de Florence, qui est bien connu comme accessible à tous, doivent être ici omis, d'autant plus que la connaissance qu'ils véhiculent peut être obtenue à partir de ces paroles du Sauveur : Faites ceci en mémoire de moi. [Italiques dans l' original].

 

Maintenant, je le demande, comment peut-on dire que les paroles du Christ n'appartiennent pas à la substance de la forme de la Sainte Eucharistie ?

 

Concernant la forme sacramentelle, le pape Léon XIII a déclaré dans Apostolicae Curae, au sujet de l'invalidité des ordres anglicans :

En outre, il est bien connu que les sacrements de la Loi Nouvelle, étant des signes sensibles qui causent une grâce invisible, doivent à la fois signifier la grâce qu'ils causent et causer la grâce qu'ils signifient. Mais, cette signification, si elle doit se trouver dans le rite essentiel dans son ensemble, c'est-à-dire, dans la matière et la forme ensemble, appartient principalement à la forme ; car cette matière est par elle-même la partie indéterminée, qui devient déterminée par la forme.

 

Où, dans la « forme » utilisée par l'Anaphore d'Addai et Mari, le Corps et le Sang du Christ sont-ils signifiés ? Elle ne mentionne même pas le Corps et le Sang du Christ !

 

 

Conséquences Désastreuses

 

Du point de vue théologique, déclarer que ce rite nestorien est valide aura des conséquences désastreuses de longue portée. Dans l'ordre pratique, cela ruine l'enseignement de l’Église sur la nécessité de la matière et de la forme pour les sacrements. Cela attribue en outre à « l’Église », aux yeux de millions de personnes qui considèrent Jean Paul II comme pape, le pouvoir de modifier la substance des sacrements.

 

Cette catastrophe est confirmée par la prétendue justification qu'ils présentent pour la déclarer valide. Ils donnent trois arguments. Je cite leur texte et commente.

 

Premier argument : « En premier lieu, l'anaphore d'Addai et Mari est l'une des anaphores les plus anciennes, remontant à l'époque de l'Église primitive même ; elle fut composée et utilisée avec l'intention claire de célébrer l'Eucharistie en pleine continuité avec la Dernière Cène et selon l'intention de l’Église ; sa validité n'a jamais été officiellement contestée, ni dans l'Orient chrétien, ni dans l'Occident chrétien. »

 

Commentaire : Il est faux de dire que cette anaphore date de l'Église primitive. Le Dictionnaire d'Archéologie Chrétienne et de Liturgie dit que la tradition nestorienne attribue au patriarche Jesuyab III, autour du début du septième siècle, la détermination finale de la liturgie que nous connaissons comme l'anaphore d'Addai et Mari6. Il est vrai de dire que le christianisme (le catholicisme) fut implanté en Mésopotamie (Irak actuel) très tôt. Si cette anaphore, cependant, date du septième siècle, elle date d'environ deux cents ans après la chute de cette région dans l'hérésie nestorienne. En outre, il est tout simplement faux de dire que la validité n'a pas été officiellement contestée. Lorsque certains Nestoriens voulurent retourner à Rome, on leur permit de conserver cette anaphore, mais on leur demanda d'y insérer les paroles de la consécration. La même chose fut faite dans le cas de ceux qui revinrent de la secte Syro-Malabare en Inde, qui avait été évangélisée par l’Église Nestorienne, et qui utilisait cette « Messe » sans consécration.

 

Deuxième argument : « En second lieu, l’Église Catholique reconnaît l’Église Assyrienne d'Orient comme une véritable Église particulière, construite sur la foi orthodoxe et la succession apostolique. L’Église Assyrienne de l'Est a également préservé la foi eucharistique complète en la présence de Notre Seigneur sous les espèces du pain et du vin et dans le caractère sacrificiel de l'Eucharistie. »

 

Commentaire : Cette affirmation est presque entièrement fausse. La reconnaissance d'une secte hérétique et schismatique comme une Église particulière est une application de l'hérésie de Vatican II concernant l'Église, au sujet de laquelle j'ai déjà parlé en beaucoup d'autres endroits. La vérité est que l’Église catholique, contrairement aux occupants modernistes du Vatican, considère l’Église Nestorienne comme une secte hérétique et schismatique. Les nestoriens n'ont pas la foi orthodoxe. Nous avons déjà signalé qu'ils adhèrent à une hérésie blasphématoire condamnée en 431. Ils n'abandonnèrent ni ne répudièrent pas cette hérésie dans leur soi-disant Déclaration Christologique Commune. Ce document consiste simplement en une série de déclarations ambiguës qui forment un long charabia théologique. En outre, ils disent qu'il n'y a que cinq sacrements, l'extrême-onction et le mariage ne figurant pas sur leur liste. Ils rejettent l'autorité du Pontife Romain et croient au divorce et remariage. De plus, ils n'ont pas conservé la foi catholique en la Sainte Eucharistie, puisqu'ils croient, comme les luthériens, que la Sainte Eucharistie est à la fois du pain et le Corps du Christ. En d'autres termes, ils ne croient pas à la Transsubstantiation. Ils croient, cependant, en la nature sacrificielle de l'Eucharistie. Ils n'ont pas non plus de succession apostolique, puisqu'ils sont séparés de Rome. Ils n'ont même pas ce qui est connu comme la succession apostolique matérielle, puisque cela ne s'applique qu'aux schismatiques orientaux qui ont conservé une ligne de successeurs sur des sièges fondés par les apôtres, comme Antioche et Alexandrie.

 

Troisième Argument : « Enfin, les paroles de l'Institution Eucharistique sont bien présentes dans l'anaphore d'Addai et Mari, non d'une manière narrative cohérente et ad litteram, mais plutôt d'une manière euchologique dispersée, c'est-à-dire qui est intégrée dans les prières successives d'actions de grâces, de louange et d'intercession. »

 

Commentaire : N'importe quoi. Il est vrai que l'anaphore fait référence au Corps et au Sang du Christ, et même dit que nous offrons à Dieu le Corps et le Sang du Christ, mais on ne trouve nulle part rien qui ne fasse qu'approcher de ce que les modernistes appellent le « Récit de l'Institution » et de ce que les catholiques appellent les paroles de la consécration. En fait, l'épiclèse de l'anaphore, l'invocation du Saint-Esprit, demande simplement la bénédiction et la sanctification de l'offrande, et non la transformation de l'offrande en Corps et Sang du Christ. Toutes les autres épiclèses dans les rites de l'Est, même parmi les schismatiques, demandent la transformation. Cet appel à la transformation est certainement insuffisant pour la validité, mais il est à noter que cette Anaphore d'Addai et Mari, que les modernistes ont déclarée valide, se distingue par le fait qu'elle ne mentionne même pas la transformation des éléments. La Dernière Cène n'est même pas évoquée dans cette anaphore, sauf peut-être par quelque référence obscure à une oblation offerte par les apôtres au Cénacle, juste après l'évocation de la veuve offrant son obole dans le Temple (Luc XXI: 3).

 

 

Rire Assuré

 

La cerise sur le gâteau pour cet horrible document est un commentaire final qui me fit éclater de rire quand je l'ai lu :

Lorsque des fidèles chaldéens participent à une célébration assyrienne de la Sainte Eucharistie, le ministre assyrien est chaleureusement invité à insérer les mots de l'Institution dans l'anaphore d'Addai et Mari, comme autorisé par le Saint-Synode de l'Église Assyrienne d'Orient.

 

Chaleureusement invité ! Cela revient à dire à quelqu'un : « Vous êtes cordialement invité à utiliser les paroles que le Christ a commandé dans l'administration du baptême. » Pensent-ils vraiment que quelqu'un prendra une telle déclaration au sérieux ? C'est un signe que les modernistes savent que ce qu'ils ont dit dans le document est un non-sens absolu, et qu'ils espèrent que les Nestoriens diront malgré tout une Messe valide.

 

 

Lourdes Conséquences Théologiques

 

Ce document ouvre la porte à toutes sortes de possibilités pour les modernistes. Il détruit, comme nous l'avons vu, toute la théologie catholique concernant les sacrements en général et la Sainte Eucharistie en particulier.

 

Si nous appliquons leurs critères concernant la validité des sacrements, au lieu des critères de l’Église catholique, la porte s'ouvre à la validité des ordres anglicans, des ordres luthériens, et même des femmes prêtres. Tout ce dont vous avez besoin est d'avoir utilisé le rite pendant une longue période, et d'avoir ce que les modernistes appellent une « foi orthodoxe. » Afin de parvenir à la « foi orthodoxe, » vous n'avez pas besoin d'abandonner votre hérésie, mais il suffit simplement de signer quelque document insignifiant et vague qui sert d'instrument d'approbation de votre hérésie comme orthodoxe. Ensuite, vous devenez une « Église particulière, » c'est-à-dire, une partie de l’Église du Christ, la Super-Église œcuménique. Votre Eucharistie est déclarée valide, et comme le dit Ratzinger, « l’Église une, sainte, catholique et apostolique est vraiment présente dans toute célébration valide de l'Eucharistie7. » Que pourriez-vous demander de plus ? C'est avoir le beurre et l'argent du beurre.

 

Les modernistes n'ont pas manqué de voir l'importance de cet acte par ailleurs guère remarqué des hérétiques prétendant être pape et cardinaux dans les bâtiments du Vatican. Un article paru dans le National Catholic Reporter (16 Novembre 2001) cite un jésuite, le Père Robert Taft, un expert du christianisme oriental, qui dit que la sentence est « peut-être la décision la plus importante venue du Saint-Siège depuis un demi-siècle. » Il ajoute : « Cela nous emmène au-delà d'une théologie médiévale de mots magiques. »

 

L'article cite aussi un bénédictin, le Père Ephrem Carr, de l'Institut pontifical pour la liturgie : « Cela s'éloigne certainement de la théologie scolastique classique de la Prière Eucharistique, l'insistance que les mots exacts de la consécration doivent être présents. » Il ajoute que la décision fut particulièrement frappante puisqu'en de précédentes occasions, lorsque des catholiques Chaldéens et Syro-Malabares (qui utilisent également cette anaphore) voulurent se réconcilier avec Rome, ils furent obligés par Rome d'ajouter les paroles de la consécration.

 

 

La Défection, un Signe de Fausse Religion

 

L’Église catholique est indéfectible. Cela signifie que par la protection spéciale de son Chef Invisible, Notre Seigneur Jésus-Christ, elle ne peut jamais renoncer à son véritable but et objectif, ne peut jamais enseigner une fausse doctrine, ni donner à ses enfants de mauvaises disciplines ou des sacrements invalides. C'est cette aide du Christ qui donne à l’Église son autorité même.

 

En dépit de défaillances humaines regrettables de la part de ses prélats dans le passé, l’Église catholique n'a jamais fait défection. Elle n'a jamais enseigné l'erreur. Elle n'a jamais approuvé une mauvaise discipline ou un sacrement invalide. Jamais.

 

En effet on peut se demander si la chute de quelques-uns de ses prélats n'a pas été autorisée par Dieu afin de prouver qu'elle n'est pas soumise aux vicissitudes et fautes humaines, mais est guidée par l'assistance de Son Divin Fondateur, qui est avec elle tous les jours jusqu'à la fin du monde.

 

Depuis Vatican II, cependant, nous avons vu défection après défection. En seulement trente-cinq ans, nous voyons les signes évidents d'une fausse religion : l'enseignement d'une fausse doctrine, la promulgation de mauvaises disciplines, la légalisation universelle et l'usage de faux rites, et maintenant l'approbation d'un sacrement incontestablement invalide, et la destruction de l'enseignement sacramentel de l'Église.

 

Cette triste réalité devrait nous apprendre deux choses :

(1) estimer le témoignage de deux mille ans de vérité indéfectible et de droiture dans la discipline comme un signe de l'assistance du Christ à Son Église ;

(2) reconnaître immédiatement que la défection qui a caractérisé ainsi la religion de Vatican II est un signe infaillible de sa fausseté et de sa misère, et que malgré toutes les apparences qu'ils peuvent avoir, les auteurs de cette défection, Wojtyla et ses sbires, sont de faux pasteurs.

 

 

Que peut-il faire de plus ?

 

Maintenant que Wojtyla a abandonné l'enseignement immémorial de l’Église concernant les sacrements, tel qu'il est présenté par les Pères de l’Église ; par le consentement unanime des Docteurs de l’Église et de tous les théologiens ; par l'enseignement du Concile de Florence et du Concile de Trente, du Catéchisme du Concile de Trente ; par l'enseignement du Pape Pie XII, et de toute la tradition liturgique et la discipline des sacrements ; je le demande, que doit-il faire d'autre pour que les traditionalistes reconnaissent que cet homme n'est pas Catholique ?

 

Imaginez-vous : il a approuvé comme valide une Messe qui ne contient même pas les paroles de la consécration !

 

Ceci est en fait plus radical que l'approbation de femmes prêtres. C'est la même chose que d'approuver comme valide un Baptême sans les mots du Baptême ou d'approuver comme valide l'utilisation d'une pizza et d'un Soda pour l'Eucharistie. C'est, en bref, modifier les sacrements d'une manière substantielle.

 

Alors que doit-il faire d'autre ?

 

 

1Elle tire son nom de deux saints de l’Église primitive qui évangélisèrent la Perse. Quoiqu'elle porte leurs noms, elle ne fut pas écrite par eux, mais est plus tardive.

2Concile de Trente, Sess. XXI, chapitre 2. Denz. 931.

3Apostolicae Curae. q.v.

4Concile de Florence, Décret pour les Arméniens. Denz. 698.

5Denz. 931

6Volume 1, col. 520.

7Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Lettre aux Evêques de l’Église Catholique sur Certains Aspects de l’Église Comprise comme Communion. (1992)

Publié dans Articles

Partager cet article

Le Reniement de Saint Pierre

Publié le par Études Antimodernistes

Par le R. P. Dom Prosper Guéranger, Abbé de Solesmes


 

Extrait de De la Monarchie Pontificale, 2è édition, 1870, pp. 113-114

EtudesAntimodernistes.fr, Avril 2016.


 

Mgr de Sura ne se borne pas à prétendre vainement que la souveraineté de Pierre a été étendue à ses frères ; il poursuit ce Prince des apôtres, en cherchant à montrer que la prière du Sauveur n'a pas été efficace pour lui. Elle devait le protéger dans sa foi, et nonobstant cette prière divine, Pierre n'en a pas moins fait une chute profonde en reniant son Maître. Mgr de Sura part de là pour infirmer le droit que Pierre a reçu de confirmer ses frères1. La réponse n'est pas difficile à donner. L'office de Pierre ne devait commencer qu'après le départ du Sauveur. Le Vicaire n'est pas nécessaire, lorsque celui qu'il doit représenter est présent encore. Ainsi Notre-Seigneur parle d'abord au futur, comme il a fait pour l'Eucharistie : « Le pain que je donnerai, est ma chair pour la vie du monde ; » puis à la dernière Cène : « Prenez et mangez : ceci est mon corps. » Il dit donc à Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; » elle n'était donc pas bâtie encore. « Je te donnerai les clefs du royaume des cieux ; » il ne les lui donne donc pas encore. « Lorsque tu seras converti, confirme tes frères ; » ce privilège ne devait donc s'exercer qu'à une époque postérieure à la chute et à la conversion de Pierre. Le don merveilleux de cette foi qui ne doit jamais manquer, était donc réservé pour le temps où la parole du Verbe incarné cesserait de se faire entendre d'une manière sensible. Aussi est-ce seulement après sa .résurrection, que le Sauveur, ayant par une triple interrogation constaté devant les apôtres la conversion de Pierre, le met enfin en possession du pouvoir promis, en lui disant, non point au futur mais au présent : « Pais mes agneaux, pais mes brebis. » Le Pontificat suprême va commencer ; jusque-là il n'a encore existé qu'en promesse. Mgr de Sura n'a donc pas raison de voir la chute du Pontife dans la chute de Pierre avant la passion de son Maître.

1Tome II, page 92.

Publié dans Articles

Partager cet article

L'infaillibilité personnelle du Pontife romain a-t-elle son fondement dans l’Écriture ?

Publié le par Études Antimodernistes

Par le R. P. Dom Prosper Guéranger, Abbé de Solesmes


 

Extrait de De la Monarchie Pontificale, 2è édition, 1870, pp. 140 et ss.

EtudesAntimodernistes.fr, Avril 2016.


 

Le saint Évangile, en saint Matthieu, chapitre XVI, nous apprend que le Sauveur voulant récompenser Simon, son disciple, du témoignage qu'il venait de rendre à sa divinité, lui dit : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. »

Évidemment le Seigneur voulait, en retour, accorder à cet apôtre une prérogative qu'il ne conférait pas aux autres, puisqu'il ne parlait qu'à lui seul, puisque lui seul avait répondu à la question que Jésus venait de faire à tous.

Dans cette circonstance, Jésus parle de son Église pour la première fois. Il annonce l'intention de la bâtir lui-même ; mais il pose déjà le fondement sur lequel il l'établira.

Un fondement posé par Dieu lui-même ne saurait manquer. Si l'édifice qu'il porte doit durer, c'est au fondement inébranlable qu'il le devra. Jésus donne donc à Simon une qualité qu'il n'avait pas auparavant. Jusque-là il était simple apôtre comme les autres ; désormais il est mis à part. Son nom est changé ; il s'appellera la Pierre. Or, la Pierre est un des noms prophétiques du Christ lui-même. Le Messie est annoncé comme devant être la Pierre choisie, angulaire, fondamentale1. C'est donc son propre nom que Jésus donne à Simon, comme s'il lui disait : « Je suis la Pierre inviolable, la Pierre angulaire, qui réunis en un deux choses ; je suis le fondement auquel nul n'en peut substituer un autre ; mais toi aussi, tu es Pierre ; car ma force devient le principe de ta solidité, en sorte que ce qui m'était propre et personnel à ma puissance, te devient commun avec moi par participation2. »

Pierre est donc, avec Jésus-Christ et en Jésus-Christ, le fondement de l'Église, et l'Église ne saurait exister en dehors de ce fondement inébranlable. Qui dit Pierre, dit toute la suite de ses successeurs, parce que Pierre ne peut mourir ; autrement, l'Église n'ayant plus de fondement ne subsisterait pas. Les prérogatives de Pierre sont personnelles en lui et en toute la succession des Pontifes romains, que la tradition tout entière a reconnu ne former avec lui qu'une seule personne, quant aux droits du Pontificat.

Le fondement est unique, super hanc Petram, parce qu'il n'y a qu'un seul Christ ; il est unique, parce qu'il n'y a qu'une seule Église. Tout doit reposer sur ce fondement, et les apôtres et les disciples ; et les évêques et les prêtres et le peuple fidèle, en un mot l'Église tout entière : super hanc Petram ædificabo Ecclesiam meam.

En posant ce fondement, Jésus-Christ devait le rendre inébranlable, le garantir de la chute ; autrement, le fondement entraînerait avec lui l'édifice, ou l'édifice devrait désormais reposer sur un autre fondement. Or, d'un côté, l'Église ne peut périr ; de l'autre, elle n'est l'Église que parce qu'elle est établie sur la Pierre. La Pierre donc ne peut faillir. Si le Pontife romain pouvait enseigner l'erreur, ou l'Église le suivrait, et elle cesserait d'être l'Église, s'étant séparée de la foi qui est son élément vital ; ou elle ne reposerait plus sur celui auquel Jésus-Christ l'a superposée, et elle perdrait le caractère de la vraie Église. L'un et l'autre étant contraires aux promesses de Jésus-Christ, il suit des paroles du Sauveur que le Pape enseignant l'Église, est personnellement infaillible.


 

En saint Luc, chapitre XXII, on lit ces paroles du Sauveur à saint Pierre : « Simon, Simon, Satan a demandé à vous passer tous au crible comme le froment ; mais moi, j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Et toi, quand tu seras converti, confirme tes frères. »

La tradition de l'Orient comme de l'Occident a vu dans ces paroles, non point un incident particulier de la vie de saint Pierre, mais une prérogative distincte accordée à cet apôtre comme chef de toute l'Église et continuée dans ses successeurs.

Les apôtres sont en péril de la part de Satan ; Jésus pourrait les secourir directement; il ne le fait pas. Leur foi court des risques ; ce sera Pierre qui les sauvera. II suffit pour cela que sa foi ne défaille pas ; car bâtis sur Pierre, ils doivent croire comme lui. Le Sauveur intervient dans cette œuvre merveilleuse, en obtenant par sa prière divine que la foi de Pierre soit toujours ferme et stable. Fort de cet appui qui ne peut manquer, Pierre sera la force de ses frères. Confirmés par lui, ils résisteront aux pièges et aux violences de Satan ; et cet heureux résultat dans lequel Pierre n'est que l'instrument sera dû à l'efficacité de la prière du Fils de Dieu. « Ainsi donc, dit saint Léon, c'est dans Pierre que la force de tous les autres est garantie, et le secours de la grâce divine est ordonné de cette manière, que la solidité accordée à Pierre par le Christ est conférée par Pierre aux apôtres3. » Pierre qui ne peut mourir, puisque l'Église vit par lui, sera le docteur universel dans toute la suite de ses successeurs ; l'Église devra à Pierre l'immutabilité dans la foi qui pour elle est la vie, et tout l'honneur en revient à la miséricordieuse bonté du Sauveur qui a opéré cette merveille par sa prière.

Lors donc que Jésus-Christ déclare que la foi de Pierre ne manquera jamais, ne dit-il pas par là même que Pierre sera infaillible dans son enseignement ? Lorsqu'il lui donne la charge de confirmer dans la foi ses frères, ne nous apprend-il pas par là même que la permanence de Pierre dans la foi ne lui vient pas de ses frères, mais que celle dont ils jouissent eux-mêmes leur vient de la confirmation, de l'affermissement que Pierre leur confère. Or, c'est dans l'ordre de la foi que cette prérogative est donnée distinctement à Pierre, et en lui au Pontife romain ; la conclusion ne saurait donc être autre que celle-ci : Le Pontife romain est personnellement infaillible dans l'enseignement de la foi.


 

En saint Jean, chapitre XXI, Jésus-Christ, en présence de ses apôtres, demande à saint Pierre l'assurance de son amour. Par deux fois il lui dit : « Pais mes agneaux, » et une dernière fois : « Pais mes brebis. » La conversion de Pierre avait eu lieu, le Sauveur sous peu de jours allait quitter la terre, le moment était venu d'établir dans ses fonctions celui que Jésus avait annoncé, lorsque parlant de son Église, il avait dit : « Il n'y aura qu'une seule bergerie et un seul Pasteur4. » De même qu'il avait admis Simon fils de Jean en participation de sa qualité divine de Pierre, ainsi, après s'être lui-même représenté sous le nom et les traits d'un Pasteur5, il lui conférait ce même titre sur le troupeau tout entier, sur les agneaux et sur les brebis. Il est d'autres Pasteurs qui paissent le troupeau, mais Pierre est le Pasteur des Pasteurs, et par là, l'unité est dans la bergerie. C'est ce qu'exprime avec tant de vérité cet ancien évêque des Gaules, dont les Sermons nous ont été conservés sous le nom d'Eusèbe Émissène : « Le Christ, dit-il, confie d'abord à Pierre les agneaux, puis les brebis, parce qu'il ne le fait pas seulement Pasteur, mais Pasteur des Pasteurs. Pierre paît donc les agneaux et il paît aussi les brebis ; il paît les petits et il paît les mères ; il gouverne les sujets et ceux qui leur commandent. Il est donc le Pasteur de tous ; car après les agneaux et les brebis, il n'y a plus rien dans l'Église6. »

La première charge du Pasteur est d'enseigner le troupeau ; car le troupeau ne peut vivre que de la vérité. Si le Pasteur qui paît les agneaux et les brebis au nom du Maître, enseignait l'erreur, ou il pervertirait les agneaux et les brebis qui sont sous sa garde, et le troupeau périrait ; ou les brebis repousseraient le Pasteur, et l'unité ne serait plus dans la bergerie. Or, les promesses de Jésus-Christ nous assurent que ni l'un ni l'autre de ces malheurs n'est possible, puisqu'il s'ensuivrait le renversement de l'Église ; il faut donc conclure que le Pontife romain, par cela même qu'il est le Pasteur universel, jouit de l'infaillibilité personnelle dans la doctrine.

1Isa. XXVIII, 16.

2Et ego, inquit, dico tibi : boc est, sicut Pater meus tibi manifestavit divinitatem meam ita et ego tibi notam facio excellentiam tuam : Quia tu es Petrus : id est, cum ego sim inviolabilis Petra, ego Lapis angularis, qui facio utraque unum, ego fundamentum præter quod nemo potest aliud ponere ; tamen tu quoque Petra es, quia mea virtute solidaris, ut quæ mibi potestate sunt propria, sint tibi mecum participatione communia. S. LEO. In anniversario Assumptionis suae. Serm. IV.

3In Petro ergo omnium fortitudo munitur, et divinæ gratiæ ita ordinatur auxilium, ut firmitas, quæ per Christum Petro tribuitur, per Petrum apostolis conferatur. S. LEO, loc. cit.

4Joan. X, 16.

5Ibid., XI, 14.

6Prius agnos, deindeoves commisit ei, quia non solum Pastorem, sed Pastorem Pastorum eum constituit. Pascit igitur Petrus agnos, pascit filios, pascit et matres : regit et subditos, et prælatos. Omnium igitur Pastor est, quia præter agnos et oves, in Ecclesia nihil est. EUSEB. EMISS., Homil. in Vigilia SS. Apost.Bïblioth. PP. Lugd. Tom. VI, pag. 794.

Publié dans Articles

Partager cet article

Le Statut Juridique de la FSSPX et de ses Anciens Membres

Publié le par Études Antimodernistes

Par M. l'Abbé Anthony Cekada

 

traditionalmass.org, août 2006

EtudesAntimodernistes.fr, avril 2016

 

De quel type d'organisation relève la FSSPX ?

Est-ce que les prêtres qui en sortent deviennent

des pécheurs publics ?

 

 

Question

 

Quelqu'un a demandé récemment à l'abbé Peter Scott : « Que doit-on penser des prêtres qui ont quitté la Fraternité Saint-Pie X ? » M. l'abbé P. Scott a donné une série de raisons de condamner ces prêtres, parmi lesquelles :

(1) Les « engagements » que les prêtres font lors de leur entrée dans la fraternité ne sont « pas essentiellement différents » des vœux que l'on fait à l'entrée d'un un ordre religieux.

(2) Ces engagements obligent les membres de la FSSPX « sous peine de péché mortel, de la même façon qu'un religieux est lié par son vœu d'obéissance. »

(3) Les prêtres qui quittent la FSSPX après avoir fait un « engagement perpétuel » sont des « pécheurs publics » et doivent être assimilés à une « personne mariée qui a rompu ses vœux et est tombée dans l'adultère. » On ne peut pas recevoir les sacrements de ces prêtres « sauf en danger de mort. »

(4) Les prêtres qui ont fait un « engagement temporaire » dans la FSSPX sont moralement tenus de rejoindre un diocèse « ou une autre communauté religieuse. »

(5) Un prêtre qui quitte la FSSPX a aussi brisé le « vœu public d'obéissance » inclus dans la cérémonie d'ordination.

(6) Un tel prêtre viole également le Serment de Fidélité précédant l'ordination prescrite par le droit canon, et devient « un hypocrite et un pécheur public. »

(7) Un prêtre de la FSSPX fait une « déclaration de fidélité » à la « position de la Fraternité » (sur le pape, la nouvelle messe, le missel de Jean XXIII, etc.), déclarant son désir de « montrer l'obéissance qui me lie à mes supérieurs, ainsi que l'obéissance me liant au Pontife romain dans tous ses actes légitimes, » de sorte qu'aucun prêtre ne puisse quitter la FSSPX s'il devient sédévacantiste, etc.

(8) Et que, pour toutes les raisons qui précèdent, les prêtres qui ont quitté la FSSPX « sont à éviter à tout prix. »

Que pensez-vous du raisonnement de l'abbé Scott ?

 

 

Réponse

 

Le point de départ de toutes ces condamnations de l'abbé Scott est une hypothèse obscure : à savoir, que la Fraternité Saint-Pie X bénéficierait du statut canonique de « société de vie commune sans vœux », une entité en droit canonique semblable à un ordre religieux. (Comme les Pères Paulistes, et les Oratoriens.)

Entrer dans une telle société engendre des obligations canoniques (d'où l'argument de l'abbé Scott), et ainsi en abandonnant la FSSPX, un prêtre violerait ces obligations, deviendrait un pécheur public, etc., etc.

Bien. Au moins en ce qui concerne le droit canon, l'abbé Scott vit dans un monde fantastique.

 

 

I. Qu'est-ce que la FSSPX ?

 

Quel genre d'entité canonique est la FSSPX ? Est-ce en fait quelque chose comme les Picpuciens ou les Paulistes ? Nous n'avons qu'à considérer sa fondation.

Le 1er Novembre 1970, l'évêque de Fribourg, en Suisse publia un décret établissant la « Fraternité Sacerdotale Internationale Saint Pie X » comme une « union pieuse » (pia unio), dont le but déclaré était de former des prêtres et de les envoyer là où ils seraient nécessaires, en conformité avec le Décret de Vatican II sur la Formation Sacerdotale, Optatum Totius.

Dans le Code de droit canonique, une union pieuse est simplement une association approuvée de fidèles, laïcs ou clercs, engagés dans quelque travail pieux ou charitable (canon 707).

Exemples connus d'unions pieuses : La Confraternité de la Doctrine Chrétienne (qui enseigne le catéchisme), la Société de Saint-Vincent de Paul (travail charitable avec les pauvres), et la Société du Proche-Orient (soutient le clergé catholique pauvre au Proche-Orient). Les règles de ces organisations ont tendance à être très simples ; on peut facilement y entrer et facilement en sortir.

De toute évidence, les pieuses dames de la CCD qui enseignent le catéchisme aux enfants des écoles publiques et le papy âgé et affable de la Société St Vincent de Paul qui collecte des vêtements pour les pauvres ne font pas partie d'une organisation ecclésiastique de même rang canonique que les Picpuciens ou les Pères Paulistes.

Et cinq minutes de recherche suffisent pour confirmer cette impression avec d'autres éléments : Le Code de Droit Canon traite des sociétés de vie commune sans vœux dans sa section sur les ordres religieux (Livre II, Partie 2, cc. 673-81). Les unions pieuses, par contre, sont décrites par le Code dans la section sur les laïcs (Livre II, Partie 3, cc. 707-719).

Et ce n'est pas tout : une union pieuse, il se trouve, est la créature la plus infime dans la chaîne alimentaire ecclésiastique. Non seulement elle est classée dans la partie « Laïcs », mais elle est aussi placée par le canon 701 en absolument toute dernière dans l'ordre de préséance.

Ainsi, même les Congrégations de Tiers Ordre (laïcs Carmélites, Franciscains, etc.) et les Archiconfréries (du Rosaire, du Saint-Sacrement) sont supérieures à une union pieuse.

Quelle est la probabilité que le membre qui quitte une telle organisation soit confronté à toutes les conséquences canoniques et morales à glacer le sang que le Père Scott énumère ?

 

 

II. A quelles règles les membres sont-ils liés ?

 

Dans tout institut religieux reconnu par l’Église, que ce soit un ordre, une congrégation ou une société, les règles et constitutions énoncent les obligations qu'un membre contracte par ses vœux ou promesses. Ces lois n'obtiennent une force obligatoire qu'après avoir été officiellement approuvées par une autorité ecclésiastique possédant une juridiction ordinaire : l'évêque diocésain ou le pape, agissant par l' intermédiaire des Congrégations Romaines.

Quel ensemble de lois aurait créé les obligations des membres de la Fraternité Saint-Pie X, et comment ces lois auraient-elles obtenu leur force obligatoire ?

En 1970, la Société a présenté une ébauche de ses statuts à l'Évêque de Fribourg. Dans son Décret d’Érection, l'évêque approuve ces statuts pour une période expérimentale de six ans. Ils pourraient alors être renouvelés pour six ans supplémentaires. Après ce laps de temps, d'après le décret, la FSSPX pourrait devenir définitivement établie, soit dans son diocèse ou par la Congrégation compétente du Vatican.

Les Statuts de 1970 ne disent pas grand chose. Ils se composent d'à peu près deux douzaines de pages d'exhortations, dactylographiées et avec double interligne ; un peu de tout en passant par « Notre vraie télévision est le Tabernacle » jusqu'à des possibilités limitées de concélébrations de type Novus Ordo. Un tel document était entièrement consistent avec la nature de l'organisation que l'évêque de Fribourg établissait : pas une société semblable à celle des Picpuciens, mais une union pieuse.

En 1975, cependant, avant que la période expérimentale de six ans ne soit expirée, l'évêque de Fribourg retira son approbation de la FSSPX.

A l'époque il y avait beaucoup de débat sur la question de savoir si l'évêque de Fribourg avait suivi les procédures correctes. Mgr Lefebvre lança par le suite divers appels canoniques. Mais la Congrégation compétente du Vatican et Paul VI lui-même confirmèrent la suppression.

Si, comme la FSSPX, vous maintenez que Paul VI était en effet un véritable pape, il était alors la dernière cour d'appel et avait le droit et le pouvoir de déclarer la Fraternité supprimée.

Avec cela, les quelques obligations énoncées dans les Statuts de 1970 auraient perdu tout pouvoir d'obligation sur les membres de la Fraternité. Roma locuta est. Causa finita est.

Terminé. Game Over. Fin de l'histoire.

Malgré cela, en 1976 , le Chapitre Général de la FSSPX adopta un nouvel ensemble de statuts. Ils n'étaient pas beaucoup plus longs ou plus détaillés que la version de 1970. (La « télévision » est restée, la concélébration a été abandonnée.)

Les Statuts de 1976, inutile de le dire, n'ont reçu aucune approbation d'évêque diocésain requise par le droit canon pour les rendre valides et obligatoires pour les membres de l'organisation. Sans cette approbation, les Statuts de 1976 n'ont aucune valeur canonique.

Il est donc absurde que l'abbé Scott prétende que les prêtres qui quittent la FSSPX commettent un péché. L'organisation a été supprimée, les statuts adoptés par la suite sont invalides, et les supérieurs n'ont aucun pouvoir canonique ou moral d'obliger quoi que ce soit à quiconque.

 

 

III. « Engagement » égale « Vœu » ?

 

Il est également ridicule que l'abbé Scott assimile les « engagements » dans la FSSPX aux vœux publics émis par les membres d'un ordre religieux. Le Canon 1308 dit que seul un vœu « accepté au nom de l'Église par un supérieur ecclésiastique légitime » est un vœu public. Sans cela, un vœu est considéré comme privé, quelque soit le nombre de personnes présentes.

Aucun effort d'imagination ne pourrait permettre de montrer que les « engagements » des membres de la FSSPX sont reçus par un « supérieur ecclésiastique légitime. »

Et de toute façon, d'où vient cette idée de l'abbé Scott d'assimiler un « engagement » à un vœu public ? Dans le Dictionnaire de Droit Canonique en sept volumes du chanoine Naz , vous ne trouverez même pas d'entrée pour ce terme. Comment son non-respect pourrait-il rendre le désengagé équivalent aux adultères ?

Au milieu des années 1980, une cinquantaine de prêtres qui s'étaient d'abord engagés dans la FSSPX, en étaient ensuite sortis. Combien y en a-t-il maintenant ? 600 ? Tous des adultères spirituels ?

 

 

IV. Une Simple Inscription

 

La formule d'engagement en fait utilisée par la FSSPX à mon arrivée était « Je soussigné NN donne mon nom à la Fraternité Saint-Pie X. »

Ce langage est simplement une inscription, et était tout à fait conforme à la nature d'une union pieuse : « Je donne mon nom » ; i.e. appelez-moi pour participer à l'enseignement du catéchisme pour la première communion (CCD), mettez-moi sur votre liste pour la collecte de vêtements ou pour la soupe populaire (St Vincent de Paul).

Facile d'y entrer, facile d'en sortir, comme rejoindre la Ligue Automobile du Sacré-Cœur.

 

 

V. Règles, Droits, Devoirs

 

Un vrai vœu ou une vraie promesse dans un institut religieux approuvé canoniquement, cependant, mentionne la règle et les constitutions par lesquelles vous acceptez d'être lié, et celles-ci sont généralement longues de plusieurs centaines de pages. Toutes ces lois et règles écrites avec attention empêchent les instituts religieux de devenir des dictatures, parce qu'ils circonscrivent très soigneusement les pouvoirs des supérieurs, les limitent, et protègent les droits des sujets individuels.

Avant d'entrer dans la FSSPX, je faisais partie d'un vrai ordre religieux, celui des Cisterciens. Les obligations auxquelles je m'engageais par mes vœux étaient absolument claires : exposées en détail et longuement dans la Règle de saint Benoît, la Constitution générale de l'Ordre, les Constitutions de la Congrégation de Zirc, et d'autres statuts mineurs. Étaient aussi longuement exposés mes droits en tant que membre (jusqu'à la quantité quotidienne de tabac) et les obligations de mes supérieurs à respecter ces droits.

La FSSPX n'a rien de tel. Dans l'ordre pratique, tout pouvoir réside dans le Supérieur Général - comme une sorte de Idi Amin ecclésiastique, les crocodiles mangeurs d'hommes en moins.

Si vous êtes opposé aux pouvoirs en place dans la FSSPX (pour toute pensée indépendante, disons, ou pour adhérer à un principe théologique qui contredit le parti de la ligne du jour dans la Fraternité), on vous donnera à coup sûr des piqûres contre le paludisme, une soutane blanche, et un billet aller simple pour Mumbai. « Pour vous, Monsieur l'abbé. »

 

 

VI. Imposition de Serments et Déclarations

 

Enfin, une organisation sans existence canonique n'a aucun pouvoir d'imposer des obligations canoniques ou morales sur ses membres en se fondant sur le Serment canonique de Fidélité.

Et l'ordre religieux vieux de 850 ans dans lequel j'ai professé des vœux n'aurait même jamais présumé, comme la FSSPX, m'imposer une « déclaration de fidélité » à ses « positions » comme condition pour l'ordination. Les seules « positions » auxquelles les membres de l'Ordre étaient tenus d'adhérer étaient les enseignements de l'Église.

 

 

VII. Conclusion

 

Ainsi, du début à la fin, toutes les « obligations » proclamées par l'abbé Scott pour condamner les prêtres qui ont quitté la FSSPX sont une pure invention, un corollaire du mythe de la création de la FSSPX.

Les concepts que j'ai utilisés ci-dessus pour réfuter les revendications fantastiques de l'abbé Scott peuvent être vérifiés même dans les manuels vernaculaires de droit canon les plus élémentaires. Est-ce que personne dans la FSSPX ne fait de recherche ?

Et ceci souligne un problème plus large : les membres de la FSSPX comme l'abbé Scott continuent à répéter les mêmes vieilles histoires et arguments d'ignorants : au sujet de la fondation de la Fraternité, la promulgation « illégale » de la Nouvelle Messe, la Messe Tridentine « canonisée », le caractère « non obligatoire » de Vatican II, le pape « mauvais père », des citations sensées prouver que l'on peut résister à l'autorité de l’Église hors-contexte et détournées, « l'opération survie », les excommunications « illégales », etc. ; alors qu'il y a longtemps que ces mythes ont été réfutés à plusieurs reprises avec des citations de canonistes, de théologiens, d'historiens et de papes.

C'est peut-être pour cette raison qu'un Cardinal une fois a sarcastiquement méprisé la Fraternité Saint-Pie X comme un « Port-Royal sans intelligence », du jansénisme sans cervelle.

On pourrait penser qu'une organisation qui se dit dédiée à la préservation de la doctrine catholique ferait au moins de temps en temps des efforts pour ajuster des positions qui se sont révélées être inconciliables avec les principes de la théologie et du droit canon.

Mais non. En presque quarante ans d'existence de la Fraternité, malgré tous les prêtres qu'elle a ordonnés et toutes les ressources à sa disposition dans le monde entier, cela ne semble jamais être arrivé. Les « positions » de la Fraternité sont toujours les mêmes, tel un marécage théologique, une énorme zone humide protégée où aucun nouveau développement n'est jamais permis et où les même créatures hideuses errent toujours dans l'obscurité.

Mettez vos bottes avant d'entrer !

Publié dans Articles

Partager cet article

<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 > >>