MHTS Newsletter - Août 2022
Dans sa lettre aux amis et bienfaiteurs Monseigneur Sanborn explique le choix de la consécration d'un nouvel évêque. Il donne ensuite quelques nouvelles de l'installation du séminaire en Pennsylvanie, puis, comme à son habitude, il détaille quelques points d'application de la vie chrétienne dans le monde moderne.
Bulletin du Séminaire de la Très Sainte Trinité
- Août 2022 –
Par Mgr Donald J. Sanborn
Most Holy Trinity Seminary Newsletter, Août 2022.
EtudesAntimodernistes.fr, Septembre 2022.
Annonce d’une consécration épiscopale.
Bien chers fidèles,
Nous avons cette fois le plaisir de vous annoncer la prochaine consécration épiscopale de l’abbé Germán Fliess, prévue pour le 30 novembre de cette année à Brooksville en Floride. Nous avons décidé de procéder à cette consécration pour être certains que l’Institut Catholique Romain, ses séminaristes et ses fidèles ne soient jamais privés des services d’un évêque, particulièrement en ce qui concerne la continuation d’un sacerdoce et d’un épiscopat valide.
Cependant, ce n’est pas seulement la validité des ordres qui est concernée. Nous désirons aussi ordonner et consacrer un clergé qui soit bien formé, à la fois spirituellement et académiquement et qui jouit d’une bonne réputation. Le sacerdoce et l’épiscopat catholique peuvent être comparé à de l’or vingt-quatre carats en ce qu’ils sont des cadeaux qui nous viennent directement du Saint-Esprit. Que ce soient de grands saints ou les pêcheurs les dépravés qui en soient revêtus, cela ne change rien à leur dignité spirituelle suprême. Tout comme l’or, le sacerdoce et l'épiscopat ne change pas, ne se ternissent pas, ne rouillent pas ou ne perdent pas leur excellence intrinsèque, quoi qu'il en soit de celui qui les possède. Puisque ces dons sont si grands par leur nature, explique le Droit Canon, il convient que celui qui les possède soit de mœurs irréprochables et de la plus grande piété, et suffisamment instruit en philosophie et en théologie. C’est pour cette raison que notre séminaire fonctionne selon des normes élevées, au mieux que nous pouvons, nous améliorant toujours dès que nous le pouvons.
Un bon prêtre bien instruit peut attirer les non-catholiques et les modernistes à la foi catholique seulement par sa piété, sa dignité, sa connaissance, ses bonnes mœurs et sa recherche de la perfection. À l’opposé, bien qu’un catholique convaincu puisse fermer les yeux sur les fautes, même sérieuses, d’un prêtre, ne voyant en lui que le sacerdoce, les plus faibles peuvent facilement être déroutés par de tels abus. C’est pour cela que nous nous efforçons de faire sortir de notre séminaire des prêtres et des évêques ayant toutes les qualités que j’ai mentionnées.
L’abbé Fliess est un tel prêtre. Tous ceux qui le connaissent peuvent en témoigner. C’est un prêtre zélé dans le ministère, humble, obéissant, discret, très intelligent, absolument ferme et abhorrant le modernisme sans compromission. Il est profondément instruit en théologie et enseigne l’Écriture Sainte, le Latin, le Grec et l’Hébreu au séminaire. En fait, il est si humble que lorsque nous lui avons demandé d’être consacré évêque, sa première réaction fut de dire qu’il ne pouvait accepter aucune position d’autorité ou de gestion. Nous l’avons assuré que nous le préserverions de ces positons et qu’il ne ferait que donner les sacrements.
S’il-vous-plaît, gardez l’abbé Fliess dans vos prières, car l’épiscopat est un lourd fardeau. La vie même de l’Église - la prêtrise, la messe, la Sainte Eucharistie et l’épiscopat lui-même - est entre les mains d’un évêque consacré et les comptes qu’il devra rendre à Dieu sont mille fois plus grand. L’Église s’élève ou s’abaisse en fonction de comment ses prêtres s’élèvent ou s’abaissent, et ce sont les évêques qui choisissent et ordonnent les prêtres.
Avancée de la restauration du nouveau séminaire à Reading (Pensylvanie). La rénovation a continué avec rapidité pour faire en sorte que notre rentrée des classes le 15 septembre dans ces locaux devienne réalité. Nous avons fait transporter à Reading toute notre bibliothèque d’environ quinze mille livres. Nous attendons l’arrivée des étagères qui sont en train d’être construite par Mike Gough, un paroissien du Michigan. Pour s’adapter à un plafond bas, il va aussi raccourcir les étagères de huit pieds de haut que nous avions en Floride et que lui-même avait fabriquées. Nous devrons répartir les livres dans tout le bâtiment, car il n’y a pas de pièce suffisamment grande pour tous les contenir. Mais cela n’est pas un problème.
Comme dans tout projet immobilier, notre remodelage des bâtiments a subi des retards, mais rien d’insurmontable. Occasionnellement, il y avait des manques de stock de matériels. Par exemple, nous avons été en manque de panneaux électriques, parce que quand il y a des rumeurs de pénuries, les gros entrepreneurs du bâtiment achètent toutes les réserves pour ne pas être en manque dans leurs énormes projets.
Pourquoi, y a-t-il des pénuries dans notre pays ? Je pensais que ce n’était que l’Union Soviétique qui en subissait. Pendant mes soixante-douze ans de vie aux États-Unis, je ne pensais jamais que je verrais le jour où nous manquerions de quelque chose.
Encore le printemps de l’Église. Je suis sarcastique en disant cela, bien sûr. Dans une étude récente, il a été déterminé que l’âge moyen des sœurs modernistes est de quatre-vingt ans. Comme plusieurs ont moins de quatre-vingt ans, il nous faut conclure que beaucoup sont plus âgés. On peut en conclure que les congrégations féminines modernistes disparaîtrons d'ici une dizaine d’années ou guère plus, au moins aux États-Unis.
C’est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne nouvelle est qu’elles ne pourront plus corrompre l’âme des plus jeunes par leur modernisme. La mauvaise nouvelle est que cela représente la mort de la vie religieuse. La vie religieuse féminine est morte il y a longtemps, quand Vatican II en a retiré toute la foi catholique. Car pendant ces soixante ans depuis Vatican II, la vie religieuse des sœurs n’est plus qu’une institution mourante dans laquelle on fait mémoire du passé. Idem pour les congrégations masculines. Il y a quelques vocations à la « prêtrise » chez les modernistes mais en forte diminution. Cette année, trente-huit diocèses de ce pays [sur 195] n’ont pas ordonné de prêtres.
Il ne reste plus de vie dans les institutions Novus Ordo. Le Novus Ordo est comme un cadavre dans un cercueil. Ce qu’il en reste date du temps où il avait la vie, mais même sa vigueur institutionnelle va progressivement s’estomper, tout comme un cadavre se décompose dans la tombe. Le Novus Ordo a essayé de placer l’âme du modernisme dans le corps de l’Église Catholique. Ce sont deux choses qui sont radicalement opposées et qui ne formeront jamais un corps vivant, une entité morale. C’est comme placer l’âme d’un gorille dans le corps d’un homme. L’Église catholique, comme institution, n’a été faite que pour une chose : la foi catholique. Alors seulement, elle pourrait fonctionner correctement et alors seulement, elle pourrait produire la richesse des vocations et de la vie religieuse.
Peut-on se sauver seulement en étant pieux ? Tout le monde a entendu l’enseignement hérétique de Luther résumé ainsi : le salut par la foi seule. Cela revient à dire que le seul acte nécessaire pour accomplir son salut est un acte de foi, ce qui pour Luther et les protestants en général est à prendre dans le sens de confiance en Dieu. Pour les catholiques, la foi est l’assentiment de l’intellect, au moyen d’une vertu surnaturelle infuse par Dieu, à des vérités révélées par Dieu et proposées comme telles par l’autorité enseignante de l’Église catholique romaine. Pour Luther donc et pour ceux qui le suivent, les péchés ne sont pas un obstacle salut. Il n’y a pas besoin de se mortifier. Pas besoin de faire pénitence. Luther a dit : « Soit pécheur et pèche audacieusement, mais croit et réjouis-toi dans le Christ plus audacieusement encore… Aucun péché ne nous séparera de l’agneau, quand bien même nous commettrions fornication et meurtre un millier de fois par jour. »
Aucun Catholique n’accepterait jamais à cela. Tout Catholique sait qu’il sera jugé sur ses actions quand il mourra, et pas seulement sur sa confiance en Dieu. Néanmoins, il y a différentes sortes de catholiques, et je veux parler de ceux qui ont rejeté Vatican II et adhérent à la Foi Traditionnelle, qui tiennent pour vrai un adage similaire: le salut par la piété seule. Cet adage caractérise une manière très courante de pratiquer le catholicisme. Un catholique de cet acabit croit tout ce qu’enseigne l’Église, récite dévotement son Rosaire fréquemment, chaque jour même, assiste à la Messe chaque dimanche, assiste peut-être aux pratiques de dévotions durant la semaine, va se confesser souvent, et a plein d’images de Notre Seigneur, de Notre Dame, et des saints dans sa maison. Peut-être même qu'il préside le chapelet familial chaque soir à la maison.
D’autre part, ce même catholique mènera une vie tout à fait mondaine en plein accord avec la culture moderne. Il regardera des films impurs à la télévision, au cinéma ou sur internet. Il écoute du Rock. Il élève ses enfants en accord avec toutes les idées modernes, c'est-à-dire, leur permettant de suivre leur instinct sans discipline, ou par une discipline inefficace. Si c’est un homme, il ne se donne pas la peine d’imposer son autorité de chef de famille. Si c’est une femme, elle est lourdement influencée par le féminisme, et ne comprend son rôle dans la maison. De tels catholiques s’habillent au gré des modes modernes, sans tenir compte de leur immodestie. Ils vont sur les plages très fréquentée où les gens sont habillés de façon immodeste. Ils visitent des endroits comme Disneyland, ce qui se passe de commentaire. Ils acceptent de recevoir les membres de leurs familles divorcés ou remariés, ou vivant en concubinage. Ils envoient leurs enfants dans des lycées et universités conçues pour détruire la Foi Catholique et sa morale chez les écoliers. Ils applaudissent leur succès quand ceux-ci obtiennent des diplômes, sans se soucier de la destruction spirituelle de leurs enfants. Ils consentent à leur mariages avec des hérétiques, des sans-dieux et/ou des gens sans morale.
Et en fin de compte, lorsque leurs enfants ont grandi et sont devenus athées et gauchistes, ces mêmes Catholiques viendront voir le prêtre et lui demander : « Qu’est-ce que j’ai fait de mal pour que mon enfant tourne ainsi? ». Ils se sont trompés de la même manière que Luther s’est trompé. Ils ont pensé que la piété seulement feraient de leurs enfants des catholiques, et les protégeraient des mauvaises influences du monde moderne. Pour Luther, c’était la foi seule ; pour ces Catholiques, c’est la piété seule.
Contempler la Sainte Croix. Il y a deux grandes leçons dans la Croix du Christ : (1) L’amour de Jésus pour Son Père ; (2) la mort du vieil homme pécheur. Notre Seigneur a obtenu notre rédemption en donnant à son Père au nom de l’humanité, dont il s’était lui-même revêtu, l’obéissance à sa volonté, jusqu’à mourir sur la Croix. L’obéissance du Christ était le remède à la désobéissance d’Adam, et par la même, de chaque être humain commettant le péché. Le doux parfum de l’obéissance de son fils pesa bien plus dans la balance que la puanteur du péché des hommes. C’est un aspect de la Rédemption du genre humain.
L’autre aspect est la mortification de l’homme pécheur. Il y avait une peine de mort à payer pour les péchés des hommes, et Notre Seigneur l’a payé.
La vie spirituelle Catholique est basée sur ces deux aspects de la Croix. D’un côté, il y a l’amour de Dieu, qui inclut l’obéissance aux commandements de Dieu et la piété qui englobe tous les actes d’adoration et de prière que nous offrons à Dieu. De l’autre côté, il y a la mortification, c'est-à-dire la destruction, dans nos âmes, des effets du péché, le péché originel et le péché actuel. Une partie de cette mortification consiste en la suppression des occasions de péché. La culture du monde moderne est un produit du démon, et constitue en elle-même une énorme occasion de péché. La piété ne plaira pas à Dieu et ne produira pas de bons fruits si les Catholiques sont imbibés chaque jour de cette coupe empoisonnée qu’est la culture moderne. Si les parents Catholiques veulent élever des enfants catholiques et non des enfants païens, et s'ils veulent des petits enfants catholiques, il est nécessaire qu’ils se coupent du monde moderne. Cela requiert un grand sacrifice. Ils ne peuvent ni fréquenter ni jouïr d’un tas de choses que les autres fréquentent et dont ils jouïssent. Les enfants doivent comprendre la nécessité de cette mortification et de ce sacrifice.
Je suis sûr que les Catholiques qui vivaient dans l’Empire Romain aux premiers temps de l’Église faisaient face aux mêmes problèmes. Rome était un lieu de débauche sans fin, de jeux cruels, d’immodestie répugnante et de superstition. L’Église s’épanouit, toutefois, en ces premiers âges, et ce fut parce que les Catholiques se gardaient de cette culture païenne de leur temps.
Sincèrement vôtre dans le Christ,
Mgr. Donald Sanborn
Recteur