MHTS Newsletter - Décembre 2021

Publié le par Études Antimodernistes

Bulletin du Séminaire de la Très Sainte Trinité

— Décembre 2021 —

 

 

Par Mgr Donald J. Sanborn.

 

Most Holy Trinity Seminary Newsletter, Décembre 2021.

EtudesAntimodernistes.fr, Février 2022

 

Alors qu’il y a quelques mois débutait une controverse entre Mgr. Dolan et Mgr. Sanborn au sujet de la thèse de Cassiciacum, le directeur du séminaire de la Très Sainte Trinité aborde ici le sujet des controverses doctrinales en général dans le mouvement traditionaliste. Il montre l’attitude qui doit être adoptée par les laïcs devant ces débats et rappelle le rôle du pape comme arbitre de toute controverse religieuse. L’absence d’un Pontife Romain, en possession de l’autorité du Christ, fait cruellement défaut pour trancher les questions disputées. Elle nous fait penser à la barque de saint Pierre secouée dans la tempête : et Jésus dormait!

 

 

[L’unité de la foi dans la réaction à Vatican II]

 

 

Mes chers fidèles,

 

Recevez une nouvelle fois s’il vous plait nos remerciements pour vos nombreux sacrifices pour le séminaire. Le séminaire est la plus importante de toutes les activités apostoliques des prêtres traditionalistes, tout comme le coeur est l’organe le plus important du corps. Car c’est du coeur que dépend le bon fonctionnement des autres organes. Si le cerveau reste plus de trois minutes sans oxygène il commence à se détériorer. L’oxygène qui alimente le cerveau vient du sang qui est pompé par le coeur.

Semblablement, le séminaire envoie du sang frais dans l’apostolat des différents prêtres répartis dans le monde. Alors que l’âge prélève sa taxe sur le clergé, les jeunes doivent être présents pour prendre la barre en main.

J’ai dit de nombreuses fois que les séminaristes doivent être bien mieux formés aujourd’hui qu’en temps normal. En un certain sens, ils doivent tout savoir car il n’y pas d’expert ou de chancellerie pouvant être consulté comme dans le passé. Certes, les jeunes prêtres consultent les plus âgés, mais il n’y a pas de substitut à l’organisation pré-Vatican II où il y avait dans chaque diocèse des prêtres experts, chacun en son domaine propre, que ce soit le droit canon, la sainte liturgie, la théologie dogmatique ou la théologie morale.

Les jeunes prêtres doivent aussi continuer le combat contre le modernisme, et contre les erreurs qui se trouvent même dans le camp traditionaliste. Être prêtre aujourd’hui n’est pas une tâche aisée. C’est pour cette raison que nous prenons leur formation très au sérieux.

 

Disputes d’évêques. Certains d’entre-vous on pu suivre le bras-de-fer que j’ai avec Monseigneur Dolan. Cela est très regrettable ; j’espère et je prie que nous puissions revenir à la  même entente que nous avions dans le passé.

Le principal point de contention est la thèse de Mgr. Guérard des Lauriers. Comme je l’ai dit dans une vidéo, le problème théologique criant auquel font face les sédévacantistes est de pouvoir expliquer l’apostolicité de l’Église - qui est un dogme - tout en affirmant que Bergoglio et ses évêques n’ont pas la juridiction pour enseigner, gouverner et sanctifier l’Église et sont donc un faux pape et de faux évêques.

Tandis que la vacance du siège de Rome ou d’un siège de diocèse ne porte pas atteinte à l’apostolicité, puisque ces vacances ont lieu de tout temps, il est cependant nécessaire à l’apostolicité de l’Église qu’il y ait un moyen légal pour élire un pape et nommer des évêques. En d’autres termes, il doit y avoir des personnes qui ont un droit légitime de voter et de nommer. Si cela disparaît, l’Église catholique disparaît. On serait alors obligé de nier l’indéfectibilité de l’Église, ce qui est hérétique.

Bien évidemment, la réponse à cette question est de suprême importance. C’est pour cette raison que chacun se campe fortement sur ses positions.

 

Les fidèles doivent comprendre qu’il y a unité de foi parmi les traditionalistes. Ce qui qui nous place tous dans le camp anti-Vatican II est l’adhésion à la foi catholique à laquelle Vatican II et ses réformes s’opposent. Donc tous les opposants à Vatican II ont en commun la profession de la foi catholique. Cela n’est pas vrai chez les modernistes. La seule unité à laquelle le Novus Ordo puisse prétendre est une unité d’organisation à laquelle peuvent prétendre n’importe quelle firme ou même les plus petites sociétés. L’unité de foi n’existe pas chez eux. Non seulement le dogme est libre pour tous dans la religion de Vatican II mais, pis encore, ils ont brisé le lien d’unité avec la foi du passé, se rendant incapables d’être réellement les papes ou les évêques de l’Eglise catholique. Malheureusement, ils prétendent toujours être catholiques et pis encore, ils n’ont jamais été retranchés de l’Église catholique par une excommunication. Et cela est précisément le problème, car s’ils avaient formé leur propre église comme les Luthériens, ils ne pourraient pas tromper ainsi les catholiques sur leur véritable identité.

Mais l’unité de la foi catholique continue chez les catholiques opposés à Vatican II de toute tendances et groupes pourvu qu’ils rejettent les erreurs de Vatican II et ses réformes.

 

Les fidèles ne doivent pas s’attendre à voir la même unité parmi les catholiques qu'avant le Concile. Bien que tous les catholiques anti-Vatican II aient la même foi, ils diffèrent cependant sur de nombreux points qui ne constituent pas la foi mais qui restent très importants dans le combat contre le modernisme. L’un de ces points de dissensions est l’explication de l’apostolicité comme je l’ai mentionné, mais il y en a d’autres.

Le problème est qu’il n’y a pas d’autorité pour régler ces disputes, ce qui nous amène à la réflexion suivante.

 

Il n’y a pas de substitut pour le Pontife Romain. « Frappe le pasteur, et que le troupeau soit dispersé » (Zacharie XII, 7). L’Église catholique fonctionne avec une autorité qui est l’autorité du Christ dont le Pape est revêtu. Tous les catholiques, précisément parce qu’ils sont catholiques, écoutent le Pape. Un de ses devoirs est justement de régler les disputes théologiques. Depuis plusieurs décennies nous n’avons pas entendu la voix du pasteur, et par conséquent les catholiques ont beaucoup de sujets sur lesquels ils ne sont pas d’accord. Monseigneur Kelly faisait justement  remarquer que les désaccords entre catholiques traditionalistes sont en fait un signe de leur catholicisme en ce que les catholiques n’écoutent que le Pape et personne d’autre. En l’absence de pape, ils commencent à se quereller.

 

Ces disputes n’interrompent pas la vie catholique au quotidien. Bien que les laïcs en particulier souhaitent voir tout le clergé d’accord, ils doivent admettre cependant que malgré ces disputes la vie continue. La messe continue, l'administration des sacrements continue, les prédications continuent, les écoles continuent et d’autres aspects de l’apostolat continuent également. Les laïcs doivent donc accepter ces disputes sans s’offusquer et ne pas se décourager. Parfois le temps soigne ces dissensions. Les laïcs doivent cependant s’efforcer de savoir qui a raison dans la discussion, mais il est souvent impossible pour eux de le discerner.

MHTS Newsletter - Décembre 2021

Par ailleurs, les laïcs ne doivent pas mettre de côté ces disputes théologiques comme de simples chicanes, ou comme autant de conflits personnels parmi le clergé, ou comme des disputes de politiciens. Ces disputes concernent des sujets importants. Beaucoup de vérités sont découvertes par des débats ouverts.

 

Quel est le but du mouvement traditionnel? Quand je lis les différents sites ou blogues de nombreux commentateurs traditionalistes de tout bord, je suis troublé par le fait que la majorité de ceux qui ont réagi aux changements de Vatican II désirent en fait coexister avec les modernistes. Nous devons mettre de ce nombre en premier lieu la Fraternité Saint Pierre et autres groupes semblables qui fonctionnent sous « l’autorité » de la hiérarchie Novus Ordo. Vient ensuite la Fraternité Saint Pie X avec la Résistance qui aspire à être un jour incorporée au Novus Ordo pourvu que les conditions soient satisfaisantes. Il y a aussi les nombreux prêtres qui jusqu’à récemment ont célébré la messe traditionnelle avec la permission que leur donnait le document Summorum Pontificum maintenant aboli.

J’ai lu récemment sur Rorate Caeli, un blogue moderniste conservateur, le texte d’un prêtre en Allemagne qui remerciait le « Saint-Père » de sa « clémence » à ne pas supprimer absolument tous les rites traditionalistes.

Ce que j’ai ainsi décrit constitue peut-être 90% du mouvement traditionaliste. Les sédévacantistes sont une petite minorité en comparaison. Seuls eux ne souhaitent pas de place dans le panthéon du Novus Ordo. Seuls eux insistent pour dire que Vatican II doit être anéanti et la fausse hiérarchie démasquée.

La plupart des tenants de blogues sur internet, particulièrement les modernistes conservateurs, ne font rien d’autre que de se plaindre. Ils sont enthousiastes à montrer les horreurs du Novus Ordo. Ils me rappellent les magazines « sensationnels » à la sortie des supermarchés. Un de ces sites s’occupe principalement de ressortir au grand jour les histoires de moeurs des modernistes et des traditionalistes.

Je trouve tout cela déprimant. C’est déprimant parce que ces gens qui ont eu la grâce et le bon sens de réagir à Vatican II regardent toujours ces prélats et ce clergé comme représentant d’une façon ou d’une autre l’Église catholique. Ils les considèrent comme ayant le pouvoir d’enseigner, de gouverner et de sanctifier l’Église en tant que représentant le Christ sur terre. Ils aspirent à leur être assujettis et à être reconnus par eux s’ils ne le sont déjà.

Ces gens voient comme la solution à nos problèmes le fait de confier la protection et la préservation de la foi catholique à ces hérétiques modernistes.

Même l’Archevêque Novus Ordo, Monseigneur Viganò, qui a des analyses très claires quant aux problèmes de Vatican II, n’offre pas de solution si ce n’est de « reconnaître et de résister ». Cependant, tout autant que vous voulez résister, le fait de résister implique que vous voyiez la  religion Novus Ordo comme un catholicisme alternatif, peut-être un catholicisme imparfait mais pas quelque chose qui soit un changement substantiel avec le passé. Autrement, si on reconnaît qu’il y a rupture avec le passé, il est impossible de reconnaitre la hiérarchie Novus Ordo comme ayant l’autorité.

L’autorité par sa nature propre demande l’obéissance. C’est le corrélatif de l’autorité, tout comme une vis est le corrélatif d’un tournevis. Le Pape est la plus haute et l’ultime autorité sur terre. Il est impossible de tenir cet homme pour le Pape et en même temps de ne pas être poussé à lui obéir.

Un satellite peut tourner autour de la terre et rester dans l’espace pendant longtemps, mais il subit l’attraction constante de la terre et il finira par ralentir et retournera fatalement vers la terre. La même chose est vraie de ceux qui reconnaissent la hiérarchie Novus Ordo comme ayant autorité. Ils ne peuvent pas regarder comme illégitimes les réformes de Vatican II et en même temps accepter ces hommes comme ayant le pouvoir du Christ pour gouverner l’Église. Le centre de gravité du « pape » les fera revenir vers le panthéon du Novus Ordo.

De plus, est-ce que ces traditionalistes qui reconnaissent Bergoglio réalisent ce qu’ils font ? En aspirant à faire partie du panthéon Novus Ordo, ils sont prêts à confier à ces monstres modernistes la préservation de la foi catholique, ainsi que ses disciplines et sa liturgie. Je comparerai cette attitude à confier la garde de votre enfant à un pervers connu comme tel.

N’est-il pas temps pour tous les traditionalistes de regarder en face la réalité des soixante ans de Vatican II? Le récent Traditionis Custodes (haha!) n’a-t-il pas montré combien les modernistes haïssent la foi catholique et ses traditions ? Allons-nous confier cette foi sacrée qui fut attestée et préservée par le sang d’innombrables martyrs aux mains de ces hérétiques prisonniers du Vatican?  Allons-nous laisser la préservation de la foi et de la liturgie être sujette aux caprices changeants de tel ou tel « pape » Novus Ordo ?

Le faire serait un crime. Ce serait confier l’Enfant Jésus au roi Hérode.

 

Sincèrement vôtre dans le Christ,

 

Monseigneur Donald J. Sanborn

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